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Auktionsarchiv: Los-Nr. 48AR

RAOUL DUFY(1877-1953)La baie de Sainte-Adresse

Schätzpreis
600.000 € - 800.000 €
ca. 659.919 $ - 879.892 $
Zuschlagspreis:
1.016.400 €
ca. 1.117.903 $
Auktionsarchiv: Los-Nr. 48AR

RAOUL DUFY(1877-1953)La baie de Sainte-Adresse

Schätzpreis
600.000 € - 800.000 €
ca. 659.919 $ - 879.892 $
Zuschlagspreis:
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ca. 1.117.903 $
Beschreibung:

RAOUL DUFY (1877-1953)La baie de Sainte-Adresse
signé et daté « Raoul Dufy 1906 » (en bas à droite)
huile sur toile
peint en 1906
signed and dated 'Raoul Dufy 1906' (lower right)
oil on canvas
painted in 1906
65 x 81.3 cm (25 9/16 x 32 in)Footnotes拉乌尔·杜菲(1877-1953)
圣阿德雷斯海岸
油画,画于1906年
Provenance
Collection Maurice Denis
Acquis auprès de l'artiste au Salon des Indépendants de 1906.
Collection particulière, France.
Vente, Paris, Poulain Le Fur.
Expositions
Paris, Grand Palais, Salon d'Automne, Société des Artistes Indépendants, 22° exposition, octobre - novembre 1906, n° 1574.
Paris, Didier Imbert Fine Arts, Paris Capitale des Arts, 28 avril - 14 juillet 1989, lot 4, ill.
Paris, Didier Imbert Fine Art, 20 ans de Passion Alain Delon, Peintures, 1990, no 26, ill.
Los Angeles, Metropolitan, Royal Academy, The Fauve Landscape, 4 octobre - 30 décembre 1991, lot 5, ill.
Paris, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Passions privées, 18 décembre 1995 - 24 mars 1996.
Lyon, Musée des Beaux arts - Musée de l'imprimerie, Raoul Dufy , 28 janvier - 18 avril 1999, n° 20, ill.
Barcelone, Museu Picasso - Museu Tèxtil i d'Indumentària, Raoul Dufy , 29 avril - 11 juillet 1999, n° 20, ill.
Paris, Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, Raoul Dufy Le Plaisir, 2008 - 2009, n° 9, ill.
Avant de découvrir le chef-d'œuvre de Matisse Luxe, calme et volupté lors du Salon des Indépendants de 1905, Dufy avait travaillé dans un style impressionniste, connaissant déjà la technique divisionniste utilisée, après avoir vu la grande exposition de Signac à la Galerie Druet en décembre 1904. Rendue par une mosaïque de pigments purs et libérée de toute représentation descriptive, c'est l'étonnante utilisation de la couleur par Matisse, plutôt que la technique néo-impressionniste, qui frappe Dufy le plus profondément et qui révolutionna son style par la suite. Vingt ans plus tard, Dufy reconnaît cette dette envers Matisse et l'effet catalyseur sur sa peinture : « toutes les nouvelles raisons de peindre, et le réalisme impressionniste ont perdu tout leur charme pour moi, lorsque j'ai contemplé le miracle de l'imagination qui avait pénétré à la fois la ligne et la couleur. Je compris immédiatement le mécanisme de la nouvelle peinture » (D. Perez-Tibi, ibid, p. 19).
En 1905, Dufy était revenu dans sa ville natale pour une courte période après plusieurs années passées à Paris. Doué d'un talent prodigieux dès son plus jeune âge, il s'inscrit à quinze ans dans une école d'art locale, mais obtient rapidement une bourse municipale pour étudier à l'École des Beaux-Arts de Paris. Dufy se montre cependant réfractaire à la formation académique qu'il y reçoit et, en 1903, décide d'exposer pour la première fois au Salon des Indépendants, un salon d'avant-garde, travaillant principalement dans un style dérivé des impressionnistes jusqu'en 1904. Appartenant à la génération qui suit Eugène Boudin et Claude Monet Raoul Dufy fait partie d'un groupe d'artistes havrais qui émerge à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, parmi lesquels on trouve Othon Friesz et Georges Braque
L'année 1905, et plus particulièrement l'expérience transformatrice du paysage arcadien de Matisse, provoque un changement décisif dans la peinture de Dufy. Tout en revenant à des motifs familiers tels que les ports et les régions côtières de son enfance, Dufy a également rendu ses sujets préférés avec une palette revigorée et un traitement nouvellement moderniste de la forme : « Vers 1905-1906, je peignais sur la plage de Sainte-Adresse, j'avais déjà peint des plages à la manière des impressionnistes, j'étais arrivé à saturation et je me rendais compte que cette méthode de copie de la nature m'entraînait vers l'infini, avec ses tours et ses détours, ses détails les plus subtils et les plus fugitifs. Je me trouvais moi-même à l'extérieur du tableau. Arrivé à un sujet de plage ou à un autre, je m'asseyais et commençais à regarder mes tubes de peinture et mes pinceaux. Comment, avec ces choses, pourrais-je réussir à transmettre non pas ce que je vois, mais ce qui est, ce qui existe pour moi, ma réalité ? C'est là tout le problème [...] J'ai alors commencé à dessiner, en choisissant la nature qui me convenait [...] À partir de ce jour, je n'ai plus pu revenir à mes luttes stériles avec les éléments visibles à mon regard. Il n'était plus possible de les montrer sous leur forme extérieure » (D. Perez-Tibi, ibid, pp. 22-23).
S'adressant plus tard à l'historien et critique d'art Pierre Courthion, Dufy a rappelé la source des principaux leitmotivs qui apparaissent dans l'ensemble de son œuvre : « Ma jeunesse a été bercée par la musique et la mer » (D. Perez-Tibi, ibid, p. 12). Dufy, empreint à nouveau de ce souvenir, dépeint la digue Nord avec une vitalité intense et cette scène joyeuse et animée a Sainte Adresse. Il ne cherche pas à imiter cette vision et surtout cette lumière qu'il peine à reproduire. A cette époque, il adopte et expérimente pleinement les préceptes du fauvisme. Tout en couleurs et en luminosité, Dufy ponctue les tons pastel de l'impressionnisme par des taches vives de pigments purs : jaune, noir, rouge et bleu - des couleurs qui galvanisent la surface de la toile, insufflent du dynamisme au tableau et font écho au mouvement implicite des danseurs et des joueurs. Conformément à la technique fauve, Dufy réduit également les formes à l'essentiel, distillant les personnages et leur environnement en blocs presque géométriques de couleurs juxtaposées, un effet qui est encore accentué par le point de vue surélevé et la perspective délibérément annulée qui servent à aplatir l'espace pictural.
« Quand je parle de couleur », expliquera plus tard l'artiste, « on comprendra que je ne parle pas des couleurs de la nature, mais des couleurs des palettes, des mots à partir desquels nous formons notre langage pictural [...] Je considère la couleur elle-même comme un moyen de communication. Je considère que la couleur elle-même n'est rien d'autre qu'un générateur de lumière » (D. Perez-Tibi, ibid, p. 24).
La naissance du fauvisme scandalise le public français et l'establishment, remettant en question les fondements mêmes de l'expression visuelle, et la critique n'épargnera pas Dufy. Réagissant au tumulte de l'exposition, au cours de laquelle le terme « Fauve » ou « Wild Beast » a été inventé, le critique contemporain Camille Mauclair a décrié : « Un pot de peinture a été jeté à la face du public ». L'écrivaine et collectionneuse d'art Gertrude Stein a rapporté que des visiteurs consternés ont griffé les toiles des tableaux en signe de mépris. En 1905, le fauvisme a lancé le mouvement le plus expérimental et le plus audacieux que le monde de l'art n'ait jamais connu. Exécuté en 1906, La baie de Sainte Adresse illustre ce moment révolutionnaire de l'art moderne et de la carrière de l'artiste.
Bien que l'étape fauve de Dufy ait été brève, elle lui a inculqué un goût pour la simplification, la couleur et le pigment pur qu'il n'a jamais perdu. Des trois fauves normands : Raoul Dufy Georges Braque et Othon Friesz Dufy en fut le plus ardent défenseur, et c'est dans l'œuvre de ces trois artistes que l'on peut déceler l'évolution du fauvisme à travers le style impressionniste : « Être fauve dans l'esprit, ce n'est pas seulement peindre avec des couleurs vives . Le Fauve Havrais a rappelé aux critiques et aux autres artistes que la palette intense du Fauve ne s'est développée qu'au fur et à mesure que chaque Fauve progressait laborieusement à partir d'un pseudo-impressionnisme ». (A. Martin & J. Freeman, The Distant Cousins in Normandy : Braque, Dufy et Friesz dans J. Freeman, The Fauve Landscape, Los Angeles, 1900, p. 236).
À la mort de Dufy en 1953, Henri Matisse le père fondateur du groupe fauve, a proclamé que « l'œuvre de Dufy vivra ». Cette prédiction s'est avérée, et c'est certainement son talent de coloriste, révolutionné par ses découvertes fauves, qui a fait de Dufy l'un des artistes les plus importants et les plus appréciés du XXe siècle.
Before setting eyes upon Matisse's masterpiece Luxe, calme et volupté at the 1905 Salon des Indépendants, Dufy had worked in an Impressionist style. He was already familiar with the divisionist technique used by Signac seen at his great exhibition at the Galerie Druet in December 1904. Rendered in a mosaic of pure pigments, free of any descriptive representation, it was Matisse's astonishing use of color, rather than his neo-Impressionist technique, that profoundly impacted Dufy and would revolutionize his style thereafter. Twenty years later, Dufy acknowledged his debt to Matisse and the catalytic effect upon his painting: "The new reasons for painting, and Impressionist realism had lost all charm for me when I contemplated the miracle of imagination that had penetrated both line and color. I immediately understood the mechanism of this new approach to painting." (D. Perez-Tibi, ibid, p. 19).
In 1905, after several years in Paris, Dufy returned to his hometown for a short time. Gifted with prodigious talent from an early age, he enrolled at a local art school at the age of fifteen, but soon obtained a municipal scholarship to study at the École des Beaux-Arts in Paris. Dufy, however, found it impossible to comply with the academic training he received there and, in 1903, decided to exhibit for the first time at the Salon des Indépendants, an avant-garde salon, and worked mainly in a style derived from the Impressionists until 1904. Of the same generation that followed Eugène Boudin and Claude Monet Raoul Dufy was part of a group of artists from Le Havre that emerged in the late 19th and early 20th century, such as Othon Friesz and Georges Braque
The year 1905, and especially his transformative experience with Matisse's Arcadian landscape, provoked a decisive change in Dufy's painting. Although he had returned to familiar motifs such as the harbors and coastal regions of his childhood, Dufy rendered his favorite subjects with an invigorated palette and a modernist treatment of form: "Around 1905-1906, I was painting on the beach at Sainte-Adresse, I had already painted beaches in the manner of the Impressionists, I had reached saturation, and realized that this method of copying nature was an interminable path, with its twists and turns, its most subtle and elusive details. I found myself outside the painting. When I arrived at a beach subject or another, I would sit down and start looking at my tubes of paint and my brushes. How, with these things, could I manage to convey not what I saw, but what was, what existed for me, my reality? That was the problem [...] I then began to draw, choosing the nature that suited me [...]. From that day on, I could no longer return to my sterile struggles with the elements my eyes saw. It was no longer possible to represent them in their external form," (D. Perez-Tibi, ibid, pp. 22-23).
Speaking later with the art historian and critic Pierre Courthion, Dufy recalled the source of the main leitmotivs found in his body of work: "music and sea set the tempo for my youth" (D. Perez-Tibi, ibid, p. 12). Dufy, once again imbued with this memory, depicted with intense vitality the northern dike at Sainte Adresse, with a joyful and animated scene. He did not try to imitate the scene, especially the light he struggled to reproduce. At that time, he adopted and fully experimented with the precepts of Fauvism. With an abundance of colors and luminosity, Dufy interspersed the pastel tones of Impressionism with vivid patches of pure pigment: yellow, black, red and blue - colors that galvanized the surface of the canvas, infused the painting with dynamism and echoed the implied movement of the dancers and players. In keeping with the Fauvist technique, Dufy also reduced forms to the bare minimum, condensing the figures and their surroundings into almost geometric blocks of juxtaposed colors, an effect that is further accentuated by the elevated viewpoint and his deliberate lack of perspective to flatten the pictorial space.
"When I speak of color," the artist would later explain, "it is clear that I am not speaking of the colors of nature, but of the colors of palettes: the words with which we form our pictorial language [...] I consider color as a means of communication. I consider that color is simply a generator of light." (D. Perez-Tibi, ibid, p. 24).
The birth of Fauvism scandalized the French public and establishment, it challenged the very foundations of visual expression, and Dufy was not spared by critics. Reacting to the uproar consequent to the exhibition— during which the term "Fauve" (Wild Beasts) was coined— contemporary critic Camille Mauclair decried, "A jar of paint has been thrown in the face of the public." Writer and art collector Gertrude Stein reported that dismayed visitors scratched the canvases of the paintings in contempt. In 1905, Fauvism launched the most experimental and daring movement the art world had ever seen. Executed in that pivotal year, La plage à Sainte Adresse, illustrates this revolutionary moment in modern art and in the artist's career.
Although Dufy's Fauve period was brief, it instilled in him a taste for simplification, color and pure pigment that he never abandoned. Of the three Norman Fauves—Dufy, Georges Braque and Othon Friesz— Dufy was the movement's most ardent defender. It is through the work of these three artists that we can follow how the evolution to Fauvism from an Impressionist style came about: "To be Fauvist in spirit is not only to paint with bright colors. Le Havre Fauvists reminded critics and other artists that the vibrant Fauve palette was simply a result of each Fauve laboriously working to separate from pseudo-impressionism. (A. Martin & J. Freeman, "The Distant Cousins in Normandy: Braque, Dufy and Friesz" in J. Freeman, The Fauve Landscape, Los Angeles, 1900, p. 236).
Upon Dufy's death in 1953, Henri Matisse the founding father of the Fauvist group, proclaimed: "Dufy's work will live on." This prediction proved to be true, and it was certainly his talent as a colorist, revolutionized by his Fauvist discoveries, that made Dufy one of the most important and beloved artists of the 20th century.
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Auktionsarchiv: Los-Nr. 48AR
Auktion:
Datum:
22.06.2023
Auktionshaus:
Bonhams London
101 New Bond Street
London, W1S 1SR
Großbritannien und Nordirland
info@bonhams.com
+44 (0)20 74477447
+44 (0)20 74477401
Beschreibung:

RAOUL DUFY (1877-1953)La baie de Sainte-Adresse
signé et daté « Raoul Dufy 1906 » (en bas à droite)
huile sur toile
peint en 1906
signed and dated 'Raoul Dufy 1906' (lower right)
oil on canvas
painted in 1906
65 x 81.3 cm (25 9/16 x 32 in)Footnotes拉乌尔·杜菲(1877-1953)
圣阿德雷斯海岸
油画,画于1906年
Provenance
Collection Maurice Denis
Acquis auprès de l'artiste au Salon des Indépendants de 1906.
Collection particulière, France.
Vente, Paris, Poulain Le Fur.
Expositions
Paris, Grand Palais, Salon d'Automne, Société des Artistes Indépendants, 22° exposition, octobre - novembre 1906, n° 1574.
Paris, Didier Imbert Fine Arts, Paris Capitale des Arts, 28 avril - 14 juillet 1989, lot 4, ill.
Paris, Didier Imbert Fine Art, 20 ans de Passion Alain Delon, Peintures, 1990, no 26, ill.
Los Angeles, Metropolitan, Royal Academy, The Fauve Landscape, 4 octobre - 30 décembre 1991, lot 5, ill.
Paris, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Passions privées, 18 décembre 1995 - 24 mars 1996.
Lyon, Musée des Beaux arts - Musée de l'imprimerie, Raoul Dufy , 28 janvier - 18 avril 1999, n° 20, ill.
Barcelone, Museu Picasso - Museu Tèxtil i d'Indumentària, Raoul Dufy , 29 avril - 11 juillet 1999, n° 20, ill.
Paris, Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, Raoul Dufy Le Plaisir, 2008 - 2009, n° 9, ill.
Avant de découvrir le chef-d'œuvre de Matisse Luxe, calme et volupté lors du Salon des Indépendants de 1905, Dufy avait travaillé dans un style impressionniste, connaissant déjà la technique divisionniste utilisée, après avoir vu la grande exposition de Signac à la Galerie Druet en décembre 1904. Rendue par une mosaïque de pigments purs et libérée de toute représentation descriptive, c'est l'étonnante utilisation de la couleur par Matisse, plutôt que la technique néo-impressionniste, qui frappe Dufy le plus profondément et qui révolutionna son style par la suite. Vingt ans plus tard, Dufy reconnaît cette dette envers Matisse et l'effet catalyseur sur sa peinture : « toutes les nouvelles raisons de peindre, et le réalisme impressionniste ont perdu tout leur charme pour moi, lorsque j'ai contemplé le miracle de l'imagination qui avait pénétré à la fois la ligne et la couleur. Je compris immédiatement le mécanisme de la nouvelle peinture » (D. Perez-Tibi, ibid, p. 19).
En 1905, Dufy était revenu dans sa ville natale pour une courte période après plusieurs années passées à Paris. Doué d'un talent prodigieux dès son plus jeune âge, il s'inscrit à quinze ans dans une école d'art locale, mais obtient rapidement une bourse municipale pour étudier à l'École des Beaux-Arts de Paris. Dufy se montre cependant réfractaire à la formation académique qu'il y reçoit et, en 1903, décide d'exposer pour la première fois au Salon des Indépendants, un salon d'avant-garde, travaillant principalement dans un style dérivé des impressionnistes jusqu'en 1904. Appartenant à la génération qui suit Eugène Boudin et Claude Monet Raoul Dufy fait partie d'un groupe d'artistes havrais qui émerge à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, parmi lesquels on trouve Othon Friesz et Georges Braque
L'année 1905, et plus particulièrement l'expérience transformatrice du paysage arcadien de Matisse, provoque un changement décisif dans la peinture de Dufy. Tout en revenant à des motifs familiers tels que les ports et les régions côtières de son enfance, Dufy a également rendu ses sujets préférés avec une palette revigorée et un traitement nouvellement moderniste de la forme : « Vers 1905-1906, je peignais sur la plage de Sainte-Adresse, j'avais déjà peint des plages à la manière des impressionnistes, j'étais arrivé à saturation et je me rendais compte que cette méthode de copie de la nature m'entraînait vers l'infini, avec ses tours et ses détours, ses détails les plus subtils et les plus fugitifs. Je me trouvais moi-même à l'extérieur du tableau. Arrivé à un sujet de plage ou à un autre, je m'asseyais et commençais à regarder mes tubes de peinture et mes pinceaux. Comment, avec ces choses, pourrais-je réussir à transmettre non pas ce que je vois, mais ce qui est, ce qui existe pour moi, ma réalité ? C'est là tout le problème [...] J'ai alors commencé à dessiner, en choisissant la nature qui me convenait [...] À partir de ce jour, je n'ai plus pu revenir à mes luttes stériles avec les éléments visibles à mon regard. Il n'était plus possible de les montrer sous leur forme extérieure » (D. Perez-Tibi, ibid, pp. 22-23).
S'adressant plus tard à l'historien et critique d'art Pierre Courthion, Dufy a rappelé la source des principaux leitmotivs qui apparaissent dans l'ensemble de son œuvre : « Ma jeunesse a été bercée par la musique et la mer » (D. Perez-Tibi, ibid, p. 12). Dufy, empreint à nouveau de ce souvenir, dépeint la digue Nord avec une vitalité intense et cette scène joyeuse et animée a Sainte Adresse. Il ne cherche pas à imiter cette vision et surtout cette lumière qu'il peine à reproduire. A cette époque, il adopte et expérimente pleinement les préceptes du fauvisme. Tout en couleurs et en luminosité, Dufy ponctue les tons pastel de l'impressionnisme par des taches vives de pigments purs : jaune, noir, rouge et bleu - des couleurs qui galvanisent la surface de la toile, insufflent du dynamisme au tableau et font écho au mouvement implicite des danseurs et des joueurs. Conformément à la technique fauve, Dufy réduit également les formes à l'essentiel, distillant les personnages et leur environnement en blocs presque géométriques de couleurs juxtaposées, un effet qui est encore accentué par le point de vue surélevé et la perspective délibérément annulée qui servent à aplatir l'espace pictural.
« Quand je parle de couleur », expliquera plus tard l'artiste, « on comprendra que je ne parle pas des couleurs de la nature, mais des couleurs des palettes, des mots à partir desquels nous formons notre langage pictural [...] Je considère la couleur elle-même comme un moyen de communication. Je considère que la couleur elle-même n'est rien d'autre qu'un générateur de lumière » (D. Perez-Tibi, ibid, p. 24).
La naissance du fauvisme scandalise le public français et l'establishment, remettant en question les fondements mêmes de l'expression visuelle, et la critique n'épargnera pas Dufy. Réagissant au tumulte de l'exposition, au cours de laquelle le terme « Fauve » ou « Wild Beast » a été inventé, le critique contemporain Camille Mauclair a décrié : « Un pot de peinture a été jeté à la face du public ». L'écrivaine et collectionneuse d'art Gertrude Stein a rapporté que des visiteurs consternés ont griffé les toiles des tableaux en signe de mépris. En 1905, le fauvisme a lancé le mouvement le plus expérimental et le plus audacieux que le monde de l'art n'ait jamais connu. Exécuté en 1906, La baie de Sainte Adresse illustre ce moment révolutionnaire de l'art moderne et de la carrière de l'artiste.
Bien que l'étape fauve de Dufy ait été brève, elle lui a inculqué un goût pour la simplification, la couleur et le pigment pur qu'il n'a jamais perdu. Des trois fauves normands : Raoul Dufy Georges Braque et Othon Friesz Dufy en fut le plus ardent défenseur, et c'est dans l'œuvre de ces trois artistes que l'on peut déceler l'évolution du fauvisme à travers le style impressionniste : « Être fauve dans l'esprit, ce n'est pas seulement peindre avec des couleurs vives . Le Fauve Havrais a rappelé aux critiques et aux autres artistes que la palette intense du Fauve ne s'est développée qu'au fur et à mesure que chaque Fauve progressait laborieusement à partir d'un pseudo-impressionnisme ». (A. Martin & J. Freeman, The Distant Cousins in Normandy : Braque, Dufy et Friesz dans J. Freeman, The Fauve Landscape, Los Angeles, 1900, p. 236).
À la mort de Dufy en 1953, Henri Matisse le père fondateur du groupe fauve, a proclamé que « l'œuvre de Dufy vivra ». Cette prédiction s'est avérée, et c'est certainement son talent de coloriste, révolutionné par ses découvertes fauves, qui a fait de Dufy l'un des artistes les plus importants et les plus appréciés du XXe siècle.
Before setting eyes upon Matisse's masterpiece Luxe, calme et volupté at the 1905 Salon des Indépendants, Dufy had worked in an Impressionist style. He was already familiar with the divisionist technique used by Signac seen at his great exhibition at the Galerie Druet in December 1904. Rendered in a mosaic of pure pigments, free of any descriptive representation, it was Matisse's astonishing use of color, rather than his neo-Impressionist technique, that profoundly impacted Dufy and would revolutionize his style thereafter. Twenty years later, Dufy acknowledged his debt to Matisse and the catalytic effect upon his painting: "The new reasons for painting, and Impressionist realism had lost all charm for me when I contemplated the miracle of imagination that had penetrated both line and color. I immediately understood the mechanism of this new approach to painting." (D. Perez-Tibi, ibid, p. 19).
In 1905, after several years in Paris, Dufy returned to his hometown for a short time. Gifted with prodigious talent from an early age, he enrolled at a local art school at the age of fifteen, but soon obtained a municipal scholarship to study at the École des Beaux-Arts in Paris. Dufy, however, found it impossible to comply with the academic training he received there and, in 1903, decided to exhibit for the first time at the Salon des Indépendants, an avant-garde salon, and worked mainly in a style derived from the Impressionists until 1904. Of the same generation that followed Eugène Boudin and Claude Monet Raoul Dufy was part of a group of artists from Le Havre that emerged in the late 19th and early 20th century, such as Othon Friesz and Georges Braque
The year 1905, and especially his transformative experience with Matisse's Arcadian landscape, provoked a decisive change in Dufy's painting. Although he had returned to familiar motifs such as the harbors and coastal regions of his childhood, Dufy rendered his favorite subjects with an invigorated palette and a modernist treatment of form: "Around 1905-1906, I was painting on the beach at Sainte-Adresse, I had already painted beaches in the manner of the Impressionists, I had reached saturation, and realized that this method of copying nature was an interminable path, with its twists and turns, its most subtle and elusive details. I found myself outside the painting. When I arrived at a beach subject or another, I would sit down and start looking at my tubes of paint and my brushes. How, with these things, could I manage to convey not what I saw, but what was, what existed for me, my reality? That was the problem [...] I then began to draw, choosing the nature that suited me [...]. From that day on, I could no longer return to my sterile struggles with the elements my eyes saw. It was no longer possible to represent them in their external form," (D. Perez-Tibi, ibid, pp. 22-23).
Speaking later with the art historian and critic Pierre Courthion, Dufy recalled the source of the main leitmotivs found in his body of work: "music and sea set the tempo for my youth" (D. Perez-Tibi, ibid, p. 12). Dufy, once again imbued with this memory, depicted with intense vitality the northern dike at Sainte Adresse, with a joyful and animated scene. He did not try to imitate the scene, especially the light he struggled to reproduce. At that time, he adopted and fully experimented with the precepts of Fauvism. With an abundance of colors and luminosity, Dufy interspersed the pastel tones of Impressionism with vivid patches of pure pigment: yellow, black, red and blue - colors that galvanized the surface of the canvas, infused the painting with dynamism and echoed the implied movement of the dancers and players. In keeping with the Fauvist technique, Dufy also reduced forms to the bare minimum, condensing the figures and their surroundings into almost geometric blocks of juxtaposed colors, an effect that is further accentuated by the elevated viewpoint and his deliberate lack of perspective to flatten the pictorial space.
"When I speak of color," the artist would later explain, "it is clear that I am not speaking of the colors of nature, but of the colors of palettes: the words with which we form our pictorial language [...] I consider color as a means of communication. I consider that color is simply a generator of light." (D. Perez-Tibi, ibid, p. 24).
The birth of Fauvism scandalized the French public and establishment, it challenged the very foundations of visual expression, and Dufy was not spared by critics. Reacting to the uproar consequent to the exhibition— during which the term "Fauve" (Wild Beasts) was coined— contemporary critic Camille Mauclair decried, "A jar of paint has been thrown in the face of the public." Writer and art collector Gertrude Stein reported that dismayed visitors scratched the canvases of the paintings in contempt. In 1905, Fauvism launched the most experimental and daring movement the art world had ever seen. Executed in that pivotal year, La plage à Sainte Adresse, illustrates this revolutionary moment in modern art and in the artist's career.
Although Dufy's Fauve period was brief, it instilled in him a taste for simplification, color and pure pigment that he never abandoned. Of the three Norman Fauves—Dufy, Georges Braque and Othon Friesz— Dufy was the movement's most ardent defender. It is through the work of these three artists that we can follow how the evolution to Fauvism from an Impressionist style came about: "To be Fauvist in spirit is not only to paint with bright colors. Le Havre Fauvists reminded critics and other artists that the vibrant Fauve palette was simply a result of each Fauve laboriously working to separate from pseudo-impressionism. (A. Martin & J. Freeman, "The Distant Cousins in Normandy: Braque, Dufy and Friesz" in J. Freeman, The Fauve Landscape, Los Angeles, 1900, p. 236).
Upon Dufy's death in 1953, Henri Matisse the founding father of the Fauvist group, proclaimed: "Dufy's work will live on." This prediction proved to be true, and it was certainly his talent as a colorist, revolutionized by his Fauvist discoveries, that made Dufy one of the most important and beloved artists of the 20th century.
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