Beschreibung:

Lettre autographe signée «Jacques» au maréchal de TURENNE, en français. Château de Whitehall à Londres, «ce 10 de mars» [1662, d'après une mention manuscrite ancienne à l'encre, soit le 20 mars 1663, nouveau style]. 4 pp. 1/2 in-4, adresse au dos, vestiges de cachets de cire noire armoriés, petites déchirures restaurées dues à l'ouverture avec atteinte à un mot; les deux bi-feuillets de ce document sont réunis sur onglet. IMPORTANTE ET LONGUE LETTRE SUR LES RELATIONS DIPLOMATIQUES ENTRE LA FRANCE, L'ANGLETERRE ET LA HOLLANDE. PROTESTATION PAR AVANCE CONTRE LA RATIFICATION DU TRAITÉ DE PARIS: signé le 27 avril 1662, et ratifié par Louis XIV seulement le 20 mars 1663, ce traité établissait une alliance défensive avec la Hollande et réglait leurs relations en matière de commerce et de pêche. Il deviendrait caduc en 1670 par le traité de Douvres établissant une alliance contraire entre la France et l'Angleterre. «J'AY VEU AVANT-HIER ENTRE LES MAINS DE M. LE CHANCELIER [SON BEAU-PÈRE EDWARD HYDE, COMTE DE CLARENDON] L'EXTRAIT D'UNE LETRE QUE LE ROY DE FRANCE ESCRIVIT À SON AMBASSADEUR ICY, PAR LAQUELLE IL LUY MANDE QUE MESSIEURS LES HOLLANDOIS LE PRIÈRE FORT DE LEUR GARRENTIR LA PESCHE. Je me crois obligé, par l'amitié que j'ay pour la France, et la reconnoissance que j'ay des civilités que j'y ay receu, de vous escrire sur ce sujet, sçachant le crédit que vous avez auprez du roy votre maître, le zèle que vous avez pour le bien de ses affaire dupuis mon retour en ce païs, et qu'il n'y ay en rien qui m'a plus satisfait que de voir que le roy mon frère [Charles II] estoit si porté à establir un amitié estroit avec le roy de France. Et vous pouvez croire que de mon costé je n'ay rien négligé qui le peut avancer, comme estant l'intérest des deux Coronnes et pouv[a]nt par ce moyen-là ce rendre plus considérable qu'ils ne sont déjà... JE VOUS PRIE DE CONSIDÉRER QUEL EMPÊCHEMENT CE SEROIT À LA CONFIANCE ET AMITIÉ DES DEUX ROYS SI VOUS ENTREZ DANS CE GARRENTY DE LA PESCHE, ET VOUS FEREZ VOIR CLAIREMENT, SI VOUS LE FAITEZ, À TOUT LE MONDE, QUE LA FRANCE PRÉFÈRE L'AMITIÉ DE LA HOLLANDE À CELUY DE L'ANGLETERRE ou pour le moyns que vous estez également partagé entre les deux puisque la France n'a jamais encore entré en un tel guarrenty avec les Hollandois. Et outre cela la France ne peut tirer nul avantage par là qu'elle ne peut avoir ausi bien sans le faire, et le vray moyen de faire faire à ce messieurs les Hollandois ce que l'on veut et de s'en asseurer deux, est d'establir un amitié estroit entre les deux Coronnes. JE VOUS ESCRITS CECY COMME À UN À QUI JE PUIS PARLER LIBREMENT DE TOUT, et pour vous faire voir au mesme temps à quel point je m'intéresse en tout ce qui regard la bon inteligence qui est si nécessaire au deux roys, et peut tâcher d'oster tout sujet de meffience d'entre eux, que ne ce peut pas faire si vous entrés dans cette guarrenty. Et je ne voudrois pas que le roy mon frère se voit forcé de prester l'oreil à ceux qui sont assez obligés par la nécessity de leur affaire à luy faire des ouverteurs, et qui ne peuvent jamais souhaiter le bien de la France. Voilà tout ce que je vous diray à présent, vous pri[a]nt de croire que je n'oblieray jamais les civilités que j'ay receu de vous et que vous pouvez vous assurer de la continuation de mon amitié...» LE FUTUR JACQUES II AVAIT DES LIENS PARTICULIERS AVEC TURENNE QU'IL SERVIT QUATRE ANS COMME OFFICIER dans les armées françaises, durant les campagnes de 1652 à 1655 contre Condé, dans le cadre de la Fronde puis de la guerre contre l'Espagne. PROVENANCE: COLLECTION ALFRED MORRISON (Alphonse Wyatt Thibaudeau, Catalogue, t. II, 1885, p. 331-332, n° 2)