Beschreibung:

FLORENCE, A 5 ANS, 1975 De la série Splendeurs Huile sur toile Signée, titrée et datée novembre 1975 au dos 130 x 96,5 cm - 51.2 x 38 in. Exposition: - Gérard Fromanger Splendeurs, Galerie Fred Lanzenberg, Bruxelles, Exposition du 18 février au 25 mars 1976 Bibliographie: - Gérard Fromanger Splendeurs, Catalogue de l'exposition de la Galerie Fred Lanzenberg, Bruxelles, 1976. Oeuvre reproduite en page 12 de l'ouvrage Hans Ulrich Obrist: Le début des années 1960 est marqué par un certain nombre de ruptures artistiques. Quels ont été alors vos modèles, ou du moins vos points d'appui, vos références ? Gérard Fromanger Le climat du monde de l'art, pour les artistes de ma génération, n'avait évidemment rien à voir avec celui d'aujourd'hui. Nous étions peu informés. Aujourd'hui, les jeunes qui font une école d'art à Paris, Avignon ou Quimper, à Abidjan ou à Dakar, ont accès à une quantité extraordinaire d'informations. Ils connaissent les avant-gardes, l'histoire de l'art - au moins de l'art moderne -, les critiques, les musées, etc. Nous, nous ne savions rien. Nous étions autodidactes et nous nous cooptions par affinités électives. On se rencontrait dans les académies, les cafés, les boîtes de nuit. Après une année préparatoire à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, j'y suis entré et vite sorti. C'était une école obsolète, hors de son temps, très conservatrice. J'aurais aimé avoir l'enseignement d'aujourd'hui. L'amitié était mon école: celle de Jacques Prévert m'a appris à vivre, Alain Jouffroy m'a donné le goût de la pensée, l'amitié du sculpteur César m'a donné confiance et rendu possible la vie d'artiste. HUO: Ainsi, la seule solution était d'évoluer dans des circuits alternatifs, voire de les développer soi-même ? GF: Oui, en effet. Tout ce qui était institutionnel n'avait aucun intérêt - contrairement à aujourd'hui, on nous enseignait qu'un artiste était jeune à 60 ans. Un des rares artistes de ma génération à avoir eu la chance d'entrer jeune dans l'actualité, c'est Martial Raysse A 18 ans, il faisait partie des Nouveaux Réalistes dont il était de loin le plus jeune. On se donnait des maîtres. J'aimais beaucoup Picasso, Giacometti et Marcel Duchamp Ces trois artistes, pour des raisons totalement différentes, m'ont fortement marqué. HUO: Qu'est-ce qui a servi de déclencheur à votre intérêt pour le couple «art et politique» ? GF: J'vais «intégré» Guernica de Picasso. Je connaissais assez bien la peinture italienne, Giotto, l'école de Sienne, les frères Lorenzetti. Au XIVe siècle, ces peintres faisaient de l'art et de la politique tout à la fois. Ce sont eux qui m'ont fasciné, beaucoup plus que Géricault. Un exemple bien sûr était étant le surréalisme fou de Giotto dans ses fresques d'Assise. Et encore avant, il y eu les Etrusques. Pour moi, ils sont aussi vivants que vous, ce sont des amis avec qui je discute, avec qui je débats. Dans les années 1960, nous étions confrontés à l'omniprésence de l'école de Paris: Soulages, Hartung, Poliakoff - d'excellents artistes, mais pour nous c'était du formalisme pur. Très vite, le paramètre politique s'est imposé dans ma peinture, par antiformalisme. Pollock et Barnett Newman étaient politiquement engagés. Ça se voit dans leurs recherches, dans leurs provocations, leurs transgressions, absentes dans l'école de Paris, plus formelle, plus «artistique». Nous désirions établir un rapport entre l'art et la vie. La contradiction entre la vie et l'art était telle qu'il nous fallait combler ce fossé, jeter des passerelles. Aujourd'hui ça passe pour une vieille lune, mais, à cette époque, c'était tout à fait nouveau. Nous étions traités de rockeurs, de yéyés, de voyous... Hans Ulrich Obrist et Gérard Fromanger Conversations à l'infini (Gérard Fromanger Périodisation 1962-2012, Edition Textuel et Fonds Hélène & Edouard Leclercq pour la Culture, 2012)