Beschreibung:

FRAGMENT DE RELIQUAIRE en argent repoussé et doré. Ne sont conservés de ce petit coffret que le dos avec la présence de charnières à la partie supérieure, la moitié de la face droite et celle du fond avec un pied retourné vers l'intérieur. Le dos présente dans un cercle bordé de grenetis une scène de bénédiction; au centre, un personnage à la tête nimbée croise les bras et impose chacune de ses mains sur la tête de deux autres personnages qui se courbent devant lui, les mains jointes; chaque personnage est identifié par des inscriptions: au centre, + IOSE, à gauche,. ESAV. à droite. IACOB.; sur le fragment du côté droit, toujours dans un cercle, la plus grande partie d'un personnage vêtu d'une tunique ceinturée portant un poids sur son épaule, un autre personnage, coupé à mi-corps, sur la gauche; trois dernières lettres d'une inscription LEF.; bords supérieur et inférieur soulignés de granulations. Mosan, vers 1160/1180 Hauteur: 3,9 cm - Largeur: 4 cm - Profondeur: 4,3 cm (fragment, écrasements) Ce petit fragment, très intéressant sur le plan iconographique, soulève des questions quant à ses inscriptions. La scène de bénédiction, hautement symbolique, a connu une grande popularité dans la religion chrétienne: elle illustre Jacob bénissant ses deux petits-fils « in modum crucis », en croisant les bras (Genèse, 28-14). Il pose ainsi sa main droite sur la tête du cadet Ephraïm, donnant ainsi sa préférence aux Gentils, par rapport à Manassé, l'aîné, représentant les Juifs, à l'encontre de la volonté de leur père Joseph. Il s'agit d'une préfiguration du Christ qui substitua, à un peuple entêté dans l'erreur, le nouveau peuple de Dieu. Cependant les inscriptions identifiant les personnages sont ici erronées, l'orfèvre ayant indiqué Joseph (IOSE) à la place de Jacob, Esaü à la place de Manassé et Jacob à la place d'Ephraïm. Sur l'autre face dont il ne subsiste qu'une partie, on reconnaît malgré tout une autre scène de l'Ancien Testament: la Grappe de raisins de Canaan portée par deux des chefs des Douze tribus d'Israël (Nombres, 13-23); les trois dernières lettres LEF sont celles du mot KLEF que l'on lit sur la même scène figurant sur le fût du Pied de croix de saint Bertin conservé au musée de Saint-Omer (fig.a). Ce petit morceau d'orfèvrerie appartient sans conteste à l'art mosan. Outre le recours aux granulations pour les bords de la boîte et les cercles entourant les scènes, celui des inscriptions des noms des personnages, qui sont autant de traits communs dans les pièces mosanes du XIIe siècle, on retrouve cette même figuration de la Bénédiction de Jacob sur au moins quatre plaques en émail champlevé mosanes, deux encore en place, sur le Pied de croix cité plus haut (fig.b) et sur la face de la Croix reliquaire du British Museum (inv. PE 1856, 0718.1, fig. c), deux isolées, une conservée à la Walters Art Gallery de Baltimore (inv. 44.97, fig.d) et une autre, qui a perdu ses émaux, appartenant au Trésor de la Cathédrale de Trèves (fig.e). Cette scène de la Bénédiction fait partie d'un cycle vétérotestamentaire qui comprend la Grappe de raisins de la Terre promise comme on peut le voir sur les objets montrant le cycle complet que cela soit le Pied de croix ou la Croix reliquaire de Berlin (fig.f). Les deux scènes du fragment de reliquaire sont donc en pleine cohérence avec ce programme iconographique. A noter encore, la présence des Raisins de la Terre promise sur une des dix-neuf plaques semicirculaires en émail champlevé conservée dans le Trésor de la cathédrale de Troyes; cet ensemble est donné comme avoir été réalisé en Champagne mais sous influence mosane (fig. g). Même lacunaire et écrasé, cet élément de reliquaire constitue un précieux témoignage de l'art des orfèvres mosans du XIIe siècle; en argent doré, il est d'autant plus rare que cet art est surtout connu pour sa production d'émail champlevé. On ne saura sans doute jamais si son mauvais état de conservation serait dû à sa qualité de rebut compte-tenu des erreurs des n