Beschreibung:

VOLTAIRE, François-Marie Arouet, dit (1694-1778). Lettre autographe signée "V." à Marie de Vichy-Chamrond, marquise du Deffand. Ferney, le 26 mars 1774. 4 pp. de format in-8 (186 x 113 mm), sur un bifeuillet, à l'encre brune (quelques taches brunes). Longue et intéressante lettre de Voltaire, admiratif de la Russie et de ses hommes de lettres. Cette lettre répond à une missive de la marquise du Deffand, et débute en évoquant un de ses amis, le capitaine de dragons Jean-Baptiste-Nicolas de Lisle (1735-1783). Si Voltaire estime "n'avoir jamais vu d'homme plus nécessaire à la société que lui" et que "les dragons de [son] ancien temps n'avaient pas l'esprit de cette tournure là", il regrette qu'il partage l'avis d'un certain nombre de ses contemporains, convaincus que Voltaire est l'auteur d'une Épître à Ninon. Voltaire n'a eu de cesse, dans quantité de lettres, de réaffirmer que cette Épître était de la plume d'Andreï Petrovitch, comte Chouvalov (1743-1789), chambellan de l'impératrice Catherine II. Quelques jours auparavant, Voltaire écrivait d'ailleurs à de Lisle : "J'admire les gens qui m'attribuent cette Epitre : ils m'imputent de m'être donné des louanges qui sont pardonnables à l'amitié de M. Schovalo, mais qui seraient assurément très ridicules dans ma bouche. [Si l'on] prétend que je me suis caché sous le nom de M. de Schovalo, [on] pourrait dire aussi que je me cache tous les jours sous le nom du roi de Prusse qui fait des choses non moins étonnantes en notre langue, et sous celui de l'impératrice de Russie, qui écrit en prose comme son chambellan en vers" (Besterman, n° 13680). Se répandant en louanges sur les hommes et femmes de lettres russes, Voltaire confie ici son admiration pour "cet assemblage de toutes les grâces françaises dans le pays qui n'était que celui des ours il y a cinquante ans [...] Vous avez dû voir [...] que la patrie d'Attila n'était pas le pays des sots. On parle français à la cour de l'impératrice plus purement qu'à Versailles, parce que nos belles dames ne se piquent pas de savoir la grammaire". Il évoque enfin Catherine II, qui, certes, "ne fait point de vers, mais s'y connaît fort bien, et d'ailleurs elle fait de très bonnes plaisanteries sur ce cosaque qui s'est mis en tête de la détrôner". Le cosaque en question est Emilian Pougatchev (1742-1775), qui en 1773, a déclenché l'insurrection connue sous le nom de Guerre des paysans russes, en prétendant être Pierre III, le défunt époux de Catherine II, assassiné dans des circonstances troubles. L'insurrection s'achève avec la capture de Pougatchev et sa mise à mort, en janvier 1775. Voltaire, Correspondance, éd. Besterman, n° 13681.