Beschreibung:

COMPOSITION ABSTRAITE, CIRCA 1966-1967 Huile sur toile Signée en bas à gauche 130 x 97 cm (51 x 38 in.) L'authenticité de cette oeuvre nous a été aimablement confirmée par Monsieur Alexis Poliakoff Cette oeuvre est répertoriée dans les archives Serge Poliakoff sous le numéro 967033 Provenance: - Collection Marcelle Poliakoff - Galerie Melki, Paris - Collection particulière La carrière de Serge Poliakoff est-elle déjà faite lorsqu'il peint cette Composition abstraite, vers 1966-67? Ses peintures figurent alors dans les collections du Musée national d'art moderne, de la Kunsthalle de Hambourg, du Metropolitan et du Museum of Modern Art de New York. Une salle leur était consacrée à la Biennale de Venise en 1962. L'obsession de l'abstraction a convaincu, découverte par le peintre en 1935 à Londres et travaillée jusqu'à l'extrême depuis - avec toujours ce même titre, Composition abstraite, telle une anaphore: ne jamais expliquer son tableau. Mais Poliakoff prône un geste toujours nouveau, et un oeil à chaque fois renouvelé: "Chaque jour, commencez votre travail comme si vous peigniez pour la première fois. Voyez Cézanne, il semble peindre toujours de la même façon, et toujours c'est nouveau. Comme je souhaiterais être ainsi1". Les toiles de Poliakoff se sont simplifiées dans leur structure autant qu'elles ont augmenté en puissance, au cours des ans. Les lignes ont disparu, les surfaces se sont étendues, les blocs de couleur ont gagné en intensité. La qualité vibratoire de la couleur est louée par Poliakoff plutôt que sa tonalité: la couleur s'impose en tant que matière autonome, car "chaque matière amène ses formes propres". Et les formes en effet s'imposent naturellement: la puissance visuelle n'a d'égale, dans cette huile sur toile de 1966-67, que l'évidence des formes. La matière et la couleur construisent à chaque fois un espace propre. L'ensemble de cette peinture frappe par sa planéité: à l'exception des gris bleutés, elle se donne sur un seul niveau et arrête le regard, plutôt que de l'inviter en profondeur. Le silence des noirs, des jaunes et des blancs est assourdissant. Car chez Poliakoff la couleur ne parle pas, elle ne signifie rien - surtout pas. Elle se doit d'être immédiate. Si elle signifiait, alors elle "s'appliquerait à une fin, elle s'aliénerait, elle ne serait plus la seule couleur. Or il ne doit, il ne peut y avoir dans les toiles de Poliakoff aucune référence à quoi que ce soit, aucune espèce d'illusion2", écrit Jean Cassou en 1963. L'abstraction est à son apogée, donc, chez ce jeune contemporain de Kandinsky que fut Poliakoff et qui reçut un choc lorsqu'il vit en 1952 à Paris le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch, prêté par le MoMa. "Il m'a démontré une fois de plus le rôle capital de la vibration de la matière". Or qu'est-ce qui se joue ici, sinon la couleur en tant que forme, et la matière triomphante? Comme chez Kandinsky, et avec une efficacité nourrie des 40 ans qui séparent leurs recherches, Poliakoff exploite un langage fait de couleur et de musique: la couleur et la musique, toutes deux à même "de constituer un univers. Et qui s'aviserait d'en parler, de l'expliquer ne le saurait faire en termes distincts, clairs et compréhensibles comme on le fait d'autres domaines plastiques (...). Les plaisirs qu'on y trouve sont ineffables; il y a là de la magie, et par conséquent du danger". (Jean Cassou, 1963). Judith Souriau 1 Citations de Serge Poliakoff issues des notes de ses Cahiers I et II, et reproduites dans le catalogue Serge Poliakoff Musée national d'art moderne, RMN, Paris, 1970, p.17 2 Jean Cassou, Serge Poliakoff Bodensee-Verlag, Amriswil (Suisse), 1963