Beschreibung:

SCULPTURE ANTHROPOMORPHE FÉMININE-MOAI PAPA ILE DE PÂQUES MILIEU DU XIXE SIÈCLE Bois (sophora toromiro), obsidienne et os de poisson (petit manque à l'oeil gauche) Socle Inagaki H. 60 cm Affichant un sexe féminin, mais aussi une tête chauve, les moai papa sont reconnaissables à leur profil mince et à leur gestuelle (une main sous la poitrine, l'autre posée au dessus du pubis). Comme les moai kavakava, les moai papa possèdent des oreilles au lobe étiré, de fortes arcades sourcilières, une colonne vertébrale qui renvoie aux ancêtres... sur les reins, parfois, la représentation de l'anneau signalant peut-être un personnage d'importance. Le nôtre possède cet anneau. Ces statuettes sont généralement plus grandes que les moai kavakava et les moai tangata. Pourquoi ? on l'ignore, tout comme leur rôle. Il n'y a de dispositif de suspension. Très peu de moai papa anciens ont survécu. De hautes statuettes, qui en sont inspirées, présentent une raideur et simplification propres aux ?curios' de la fin du XIXe siècle. Quant aux moai vie, ils affichent la même gestuelle que les moai papa. Mais leurs corps, par leur épaisseur accrue est plus réaliste. Le mot rapanui ?toromiro' est doublement descriptif : il signifie ?bois de sang' (le bois, d'abord jaunâtre ou cannelle, devient rouge sang en vieillissant) ou ?bois tordu' ou ?épais' (le tronc est tortueux). Offrant un bois imputrescible et d'un grain très fin, le toromiro est un petit arbre dont la hauteur ne dépasse pas cinq mètres. Endémique (spécifique) à Rapa Nui, il a frôlé l'extinction lors de la mission de recherche franco-belge de 1934-1935. Alfred Métraux photographia le dernier toromiro de l'île, sur la pente du Rano Kau. Heureusement, des pousses rapportées en 1956 par le norvégien Thor Heyerdahl ont préservé l'espèce, maintenant bichonnée dans plusieurs jardins botaniques du monde, et qu'on tente de réintroduire sur l'île. -?Ile de Pâques', Pointe à Callière, Montréal, Eté, 2010- ?Voici quelques réflexions concernant Inagaki dont la mémoire devrait définitivement s'inscrire dans l'histoire des ?arts primitifs'. Si mes souvenirs sont exacts, il arriva en France juste après la première guerre mondiale. Venant du Japon il amena avec lui non seulement son charme et son goût raffiné, mais aussi un grand nombre d'outils faits de ses mains. La plupart de ces outils étaient de petites tailles mais tous étaient terriblement efficaces. Il s'installa dans un appartement en sous-sol rue du théâtre. Sa réputation fut établie très rapidemennt grâce aux soclages exceptionnels qu'il réalisait pour les grands collectionneurs d'art africain, d'art océanien et d'art asiatique. Pour faire ses socles il utilisait une qualité particulière de chêne dont lui seul en connaissait le secret. Il en possédait un stock abondant ; ses imitateurs n'ont jamais pu trouver cette qualité de bois. Inagaki était aussi un excellent restaurateur. Il n'avait pas d'égal pour faire pousser un doigt ou arranger la coiffure d'une statuette africaine. J'ai rencontré Inagaki pour la première fois chez Georges de Miré, un des grands collectionneurs de l'époque avec Albert Barnes et Franck Haviland. Son atelier est devenu avec le temps un lieu de rencontre entre ses clients et ses amis. Je me rendais chez lui régulièrement pour le voir travailler et j'emmenais parfois Joseph Muller en voiture avec sa dernière acquisition à faire socler. C'est là aussi que j'ai rencontré pour la première fois André Breton Il apportait une authentique figure de l'île de Pâques chinée aux Puces. Inagaki meurt après la deuxième guerre mondiale laissant un fils qui était officier de marine.' Charles Ratton.