Beschreibung:

Rare niche fermée en marqueterie dite « Boulle » de laiton et étain sur fond d'écaille brune ; elle est finement gravée au burin. De forme rectangulaire à chapiteau plaqué de palissandre agrémenté de filets d'étain, elle ouvre à droite par une porte dont le revers est foncé de son miroir (au mercure). La porte à riche décor de rinceaux et crosses feuillagées enserrant une fleur de lys et surmontant un lion et un dauphin ; les côtés, également fleurdelisés, présentent un brûle-parfum duquel s'échappe des volutes. L'arrière et le dessous également plaqués de palissandre. Attribuée à André-Charles Boulle. Époque Louis XIV (restaurations d'usage). H. 43 cm - L. 29,5 cm - P. 25 cm Provenance : Collection particulière de l'Ouest parisien. Objet insolite et inédit, cette niche renferme le mystère de sa provenance et de son utilité. Son décor marqueté, d'une qualité exceptionnelle, nous permettant de l'attribuer au maître de cette technique éponyme et composé notamment de fleurs de lys et d'un groupe allégorique au lion et au dauphin, suggère une provenance royale restée à ce jour une simple hypothèse, hypothèse la plus vraisemblable, mais que nous n'avons pas pu démontrer. Il semblerait logique de penser au Grand Dauphin, fils de Louis XIV, toutefois, l'inventaire de ses collections dressé en 1689, conservé en mains privées et dont une copie appartient aux collections de l'Institut national d'Histoire de l'Art à Paris, ne mentionne pas d'objets de ce type parmi les meubles Boulle. Il est également possible que cette niche ait pu appartenir à un membre du cercle familial du Roi, peut-être l'un des princes de la Maison de France. Parallèlement à cette provenance, à cette recherche du commanditaire, l'utilité de cet objet est également mystérieuse. De toute évidence, elle était facilement transportable, la trace d'une ancienne poignée, en est la preuve ; elle pouvait donc suivre son propriétaire au fil de ses séjours de châteaux en châteaux. Le miroir au revers de la porte pourrait apporter un début d'explication ; elle renfermait quelque chose de précieux qui nécessitait de se regarder pour l'appliquer sur son visage ou son cou, de toute évidence une substance liée à la toilette, peut-être un flacon à fard ou à parfum. André-Charles Boulle (1642-1732) est le plus important ébéniste-sculpteur parisien du règne de Louis XIV. Fils d'un artisan en meuble, il atteint une grande renommée vers trente ans lorsque Colbert le recommande à Louis XIV. Il devient alors fournisseur officiel de meubles pour la Cour et Garde-Meuble de la Couronne et dessine lui-même ses modèles de meubles en les exécutant dans son atelier des « Galeries du Louvre ». Il avait étudié chez le peintre Le brun et avait réalisé lui-même ses « Nouveaux desseins de meubles et ouvrages de bronze et de marqueterie, inventés et gravés » publié par Mariette quelques décennies plus tard. Tout au long de sa carrière, cet artisan au talent inégalé fit preuve d'une exceptionnelle inventivité qui lui permit de travailler pour les plus importants collectionneurs de l'époque surtout d'oeuvrer pour Louis XIV, pour lequel il livre quelques-uns des plus grands chefs-d'oeuvre de l'ébénisterie française. Ébéniste, mais également dessinateur et sculpteur, Boulle réalisait lui-même ses modèles de bronze avec lesquels il ornait ses créations. Il était également un collectionneur passionné, malheureusement sa collection a disparu dans l'incendie de son atelier en 1720. De nos jours, ses oeuvres sont conservées dans les plus importantes collections privées et publiques internationales, notamment au Musée du Louvre, au Musée national du Château de Versailles, au Victoria and Albert Museum à Londres, au Cleveland Museum of Art, au Metropolitan Museum of Art de New York et au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.