Beschreibung:

Ramuz, Charles-Ferdinand HISTOIRE DU SOLDAT, LUE, JOUÉE ET DANSÉE. LAUSANNE, EDITIONS DES CAHIERS VAUDOIS, 1920. Exemplaire de tête du frère de l'auteur, avec envoi et dessins originaux. Dans une élégante reliure de Jean de Gonet. In-4 (254 x 195 mm). Plats rigides en médium avec dessin d’une reliure "demi à coins" reproduisant numériquement un papier marbré noir et beige rehaussé de traits bleutés, barrettes d’ébène aux angles, rivets d'ébène aux attaches, coutures sur deux lanières de veau noir gaufré, dos de veau noir vermiculé, doublure en daim rouge de Sienne, couverture, dos. Emboîtage doublé de daim bordeaux, dos en veau (Jean de Gonet, 2010). Edition originale. Un des rares exemplaires sur papier Fabriano. Selon la Bibliographie de l’œuvre de Ramuz de Bringolf (2e édition), il n’y a que "un ou deux" exemplaires sur papier Fabriano. Envoi autographe signé à son frère Oscar et sa belle-sœur : "à Oscar et à Marie, leur C. F. R., 17 juin 1920". Deux dessins originaux de Géa Augsbourg enrichissent cet exemplaire. Signés à la mine de plomb par l'artiste, ils représentent les protagonistes de la création de l’ouvrage. L'un, légendé "C.F. Ramuz - Auberjonois" (encre de chine, 200 x 153 mm, numéro d'atelier 1603 au verso), montre l'auteur et le décorateur de la pièce ; le second représente Ernest Ansermet dirigeant l’orchestre (mine de plomb, signé, 193 x 123 mm). Montés en fin de volume, ils sont à la dimension du livre. Le peintre Géa Augsbourg (1902-1974), qui fut actif en Suisse et à Paris où il fréquenta Cocteau et Max Jacob eut une grande influence sur l'illustration en Suisse romande. Sur une musique d’Igor Stravinsky pour sept instrumentistes et dans des décors d'Auberjonis, ce "mimodrame" (musique de scène en forme de mélodrame) fut créé le 28 septembre 1918 au Théâtre Municipal de Lausanne avec Georges Pitoëff. L’orchestre était alors dirigé par Ernst Ansermet, qui, en 1915, présenta Stravinsky, réfugié en Suisse suite à la révolution russe, à Ramuz. Le faible effectif de sept musiciens devait permettre l’interprétation de la partition au cours d’une tournée dans différents villages helvétiques. La propagation de la grippe espagnole empêcha cette tournée, et la représentation suivante ne put avoir lieu qu'en 1923 à Paris. Ainsi que le souligna Cingria, cette Histoire du soldat, devint un "événement européen" : "de cela, nous pouvons nous enorgueillir, nous autres Romands. [...] Je ne veux pas dire que de chez nous il n'est jamais rien sorti. [...] ce que j'entends préciser, c'est le peu de divulgation de ce qui est suisse et et surtout de ce qui est romand -- vaudois -- dans sa qualité véritable, susceptible d'être universalisé". Sur l'une des formes les plus classiques de la reliure courante, qui consiste à ne recouvrir de peau que les parties les plus fragiles de la reliure, c'est-à-dire le dos, la partie latérale des plats le long du dos et les angles extérieurs, ces "demi à coins" de Jean de Gonet sont un habile jeu de prestidigitateur : non seulement la surface entière du plat est couverte de médium, et non pas seulement ces parties délicates, mais encore le motif très classique – ici un papier marbré -- est imprimé numériquement sur ce matériau moderne, tout comme les filets bleutés censés séparer les coins. En ébène, les barrettes aux angles et les rivets aux attaches sont les seuls éléments ayant un véritable relief. C’est donc avec "humour et dérision" (Jean de Gonet relieur, p. 32) que ces reliures se jouent des formes et des matériaux classiques. Références : Jean de Gonet relieur, B.n.F., 2013, cf. n° 116-118 pour les "demi-coins". -- Ch.-A. Cingria, "Devant le rideau", in Guilde du Livre, bulletin mensuel, n° 4, avril 1945, p. 55-57. Provenance : Julien Bogousslavsky (ex-libris gravé).