Beschreibung:

LOUŸS, Pierre (1870-1925). Lettre autographe signée « Pierre » à son demi-frère Georges Louis. Mercredi 19 février [1902]. 12 pages in-8 (177 x 136 mm) sur 3 feuillets rempliés, enveloppe avec suscription. Encre violette sur papier. Longue et intéressante lettre à son demi-frère, dans laquelle il aborde à bâtons rompus divers sujets. Il commence par des considérations sur la médecine et les médecins – on vient de diagnostiquer la jaunisse chez sa femme Louise – en affirmant préférer la médecine ancienne : « Elle est beaucoup plus amusante, et elle a des façons de déguiser l’éternelle ignorance, qui ont un caractère franchement comique. – D’ailleurs, tout s’y trouve. L’autre jour, chez Claudin, j’ai découvert une plaquette d’environ 1710, « théorie d’un médecin anglais » d’après laquelle toutes les maladies seraient causées par des infiniment petits visibles seulement au microscope. Et ce qu’il y a de plus curieux, c’est que c’est un charlatan ! Il donne cent figures de ces microbes, qu’il dessine comme des insectes, avec six pattes, des antennes, des élytres, etc. Ainsi de sa part, c’est une pure intuition, une divination de la vérité sans expérience, comme la théorie de Pythagore sur le feu central du système appelé depuis solaire. Ordre des choses que la genèse des découvertes… » Louÿs évoque ensuite des peintures rupestres (« Il me semble que cela enfonce Cnossos, Nagada et la Chaldée aussi bien comme antiquité que comme importance. Autant qu’on peut en juger d’après les croquis de Capitan, c’est un art déjà presque parfait, et à peine inférieur aux meilleures animaleries de l’Egypte, quoique loin de Ninive encore, mais Ninive dans le chapitre Animaux c’est le chef-d’œuvre »), puis promet à son frère de lire Gobineau : « Son Inégalité des Races, c’est un des livres dont on vous dit six fois par an : Comment, comment ? Vous n’avez pas lu cela ? Je vais m’y mettre, puisque c’est toi qui m’en parles. » Il repousse son voyage en Egypte, où son frère est diplomate, car les démarches administratives sont trop longues, et cherche à louer un appartement à Paris « assez vaste pour tenir mes bouquins ailleurs que dans mes caves », et en a repéré deux qu’il décrit longuement en détaillant leurs avantages respectifs : « Alors, j’hésite comme Pausole lui-même, et je crois que je serai bien embêté si l’on me chipe l’un de ces domiciles pendant mon hésitation ». Enfin, il met en garde Georges contre une certaine « dame d’O… », ancienne maîtresse de Maximilan von Schwarzkoppen (l’un des protagonistes de l’affaire Dreyfus), en ce moment au Caire et « qui est arrivée avec une lettre de recommandation pour Cogordan, une autre pour Moncharville, etc. données par des naïfs… » Long and interesting letter to his stepbrother. Please note this lot is the property of a private individual.