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Auktionsarchiv: Los-Nr. 407

Augustin, saint (Aurelius Augustinus Hipponensis)

Schätzpreis
80.000 € - 120.000 €
ca. 87.694 $ - 131.541 $
Zuschlagspreis:
152.400 €
ca. 167.057 $
Auktionsarchiv: Los-Nr. 407

Augustin, saint (Aurelius Augustinus Hipponensis)

Schätzpreis
80.000 € - 120.000 €
ca. 87.694 $ - 131.541 $
Zuschlagspreis:
152.400 €
ca. 167.057 $
Beschreibung:

Augustin, saint (Aurelius Augustinus Hipponensis)De Trinitate (livres IV-XV, cum tabula) ; Confessiones (livres I-V).
Manuscrit enluminé sur parchemin.France du nord-est, Laon (?), vers 1125-1150.
Avec une grande initiale ornée (f. 59).
70 feuillets, en latin, texte lacunaire (partie I, manques au livre IV du De Trinitate : chapitres 1-15 et l’essentiel du chapitre 16 ; texte débute avec les dernières lignes du chapitre 16, chapitres 17 à 21 sont présents) ; partie II, Confessiones : lacunes dans les livres III, IV et V [voir section "Texte" infra]) [collation : i7 (de 8, manque i), ii-vii8, viii2, ix8, x4 (de 8, manque v-viii)], écriture romane tardive ou gothique primitive (littera proto-gothica), à l’encre brune, texte copié sur une seule colonne (justification : circa 310 x 190 mm), réglure à la mine de plomb et à la pointe sèche, manuscrit non rogné, avec piqûres de la réglure maintenues dans les marges extérieures, 43 à 53 lignes par feuillets, signatures anciennes de cahiers en chiffres romains (sig. iiii–sig. x ; puis sig "a"), capitales rehaussées de rouge sur certains feuillets, rubriques à l’encre rouge in-texte (parfois en capitales romaines) et parfois copiées dans les marges du manuscrit, certains textes faisant office de rubriques sont en lettres capitales et rayées d’un trait rouge, grandes initiales peintes en rouge introduisant les divisions textuelles (initiales monochromes rouges, certaines avec des décors ornementaux), grande initiale décorée (fol. 59), dessinée à l’encre brune avec motifs zoomorphes (sorte de monstres aux oreilles pointues, "goules" ou génies dévorants, avalant des poteaux bagués formant le tracé de la lettre) et rinceaux avec feuillages sur un fond coloré (vert, rouge pâle, bleu ou jaune).
Grand in-4 (370 x 280 mm). Vélin rigide, dos à 6 nerfs, titre inscrit à l’encre au dos : "Aurelius Augustinus MS", gardes renouvelées (Reliure XIXe ou fin XVIIIe siècle). Emboîtage moderne, titré : "St Augustine. Manuscript on vellum. XIII. Century". Manques signalés. Manuscrit généralement grand de marges avec piqûres non rognées (quelques feuillets avec marges extérieures découpées, e.g. ff. 36, 44, 46, 48, 55 ; f. 26, partie de parchemin découpée dans la marge inférieure). Quelques défauts au parchemin (ff. 45, 52) ou taches (f. 1, taches et traces de rouille ; f. 67, trois lignes salies au centre du feuillet) ; quelques traces de mouillures et petits trous de vers par endroit ; dernier feuillet (fol. 70v) frotté.
De format presque carré, ce manuscrit patristique contient deux textes importants de saint Augustin, à savoir son De la Trinité et ses célèbres Confessions. Beau témoin de la période baptisée "Renaissance du XIIe siècle", ce manuscrit nous paraît datable du XIIe siècle (2e quart ?) sur des critères paléographiques et ornementaux. Doté d’une provenance érudite (Pierre Pithou) et prestigieuse (Le Peletier de Rosambo, Duchesse de Berri, Barrois, Earl of Ashburnham), ce codex est peut-être à rapprocher des scriptoria laonnois liés à l’école cathédrale et aux abbayes voisines pendant cette période de production et d’enseignement que connut la ville de Laon, célèbre pour ses "écolâtres" (dont Anselme et Raoul de Laon mais aussi Abélard).
Dans son château de Rosny, la duchesse de Berry réunit une des plus exceptionnelles bibliothèques de son temps, tant par la rareté des éditions et manuscrits que par la qualité des exemplaires. Cette extraordinaire collection qui comportait plus de 8000 volumes fut dispersée lors de plusieurs ventes et la vente de 1837 se tint sur plusieurs semaines. On notera que la duchesse de Berry avait compris l’importance des manuscrits dans une collection : dans la vente de 1837, on recense 78 manuscrits datables du VIe au XVIe siècles auxquels il faut rajouter sept "codices graeci", forts précieux. On remarque que plusieurs des manuscrits occidentaux de la duchesse de Berry sont de provenance "Pithou" (voir Provenance infra). La duchesse devait être séduite par une telle provenance, gage d’érudition. Dans le catalogue de la vente de 1864, son goût pour les manuscrits se confirme avec des manuscrits médiévaux, mais aussi des manuscrits calligraphiés des XVIIe et XVIIIe siècles. On rappellera que la duchesse affectionnait le style troubadour et la mode "médiévale" dans tous les domaines, mobilier et objets, jusqu’aux reliures des livres. En effet, elle fut une grande propagatrice du style de reliure baptisé "à la cathédrale". Une étude de la duchesse de Berry et son goût pour les manuscrits serait des plus souhaitables. Certains manuscrits ont rejoint les collections institutionnelles, d’autres, comme le présent manuscrit, sont encore en mains privées.
TexteFf. 1-57, Saint Augustin, De Trinitate, livre IV [chapitre 16 (en partie), suivis des chapitres 17-21 ; il manque au livre IV, chapitres 1-15 et une partie du chapitre 16] au livre XV [chapitres 1-28, complet], précédé de la mention à l’encre noire : "Beatus Augustinus de trinitate et eiusdem confessiones. Tractatus de trinitate incipit a fine liber quarti" ; incipit texte : "[…] aeternusque rationibus intellectu talia contemplati sunt…" (chapitre 16 lacunaire, manque le début : explicit, "[…] dixi in his libris de tuo agnoscant et tui si qua de meo et tu ignosce et tui. Amen " (édition Sancti Aurelii Augustini. De trinitate libri XV, éd. W.J. Mountain, Corpus Christianorum vol. L et L (A), Turnhout, 1968, pp. 188-535 : texte dans le présent manuscrit : De Trinitate, liber IV, XVI (21) (22-25) à liber XV, XXVIII 51 (50-52)).
Au feuillet 1, dans la marge supérieure, on lit : "Beatus Augustinus de trinitate & eiusdem confessiones" et "Tractatus de trinitate incipit a fine libri quarti" [Traité sur la Trinité qui commence à la fin du livre quatre]. Cette main nous semble datable du XVIIe siècle ce qui signifierait que ce manuscrit était déjà lacunaire à cette époque.
Ff. 57-58v, Table du De Trinitate : rubrique, Incipiunt capitula libri quarti ; la table couvre les livres IV à XIV ; la table du livre XV se trouve au fol. 45, dans le corps du texte avant le commencement du livre XV. Ce manuscrit devait donc commencer au livre IV du De Trinitate, avec les livres I-III certainement reliés à part dans un premier volume car on ne trouve pas de mention des livres I-III dans la table.
Ff. 59-70v, Saint Augustin, Confessiones, livre I (ff. 59-62v), livre II (ff. 62v-64v), et partie des livres III (ff. 64v-66v, manque la fin), IV (ff. 67-69v, manque le début) et V (ff. 69v-70v, manque la fin), rubrique, Aurelii Augustini incipit liber confessionum; incipit, "Magnus es domine et laudabilis valde magna virtus tua et sapientie tue…" ; explicit, "[…] quia delectabat eos loquens sensi autem aliud genus hominum etiam…" (le manuscrit s’arrête à Confessiones V, 6 (15-16) (édition : Sancti Augustini, Confessionum Libri XIII, éd. L. Verheijen, Corpus Christianorum vol. XXVII, Turnhout, 1981, pp. 1-62 ; et plus récemment, voir B. Alexanderson, Le texte des "Confessions" de saint Augustin : manuscrits et stemma, Göteborg, 2003.
Les Confessions comptent en tout treize livres et donc ce manuscrit offre le début de ce texte capital au sein de l’œuvre de saint Augustin. Une première liste dite "liste Wilmart", augmentée des travaux de Skutella (édition Teubner, 1934), recense 258 manuscrits contenant le texte (ou une partie du texte) des Confessions (voir Verheijen, 1981, p. LIX). Verheijen retient le manuscrit dit "S" comme base pour son édition (Rome, BNC, Sessorianus s. Crucis 55 : manuscrit du VIe siècle).
DécorationF. 59. Grande initiale M décorée, introduisant les Confessions.De plus amples recherches sont nécessaires, mais il est intéressant de citer un manuscrit de provenance laonnoise qui présente des points communs avec ce manuscrit. Il s’agit du MS 78 de la Bibliothèque municipale de Laon, Évangile de saint Jean glosé, provenant de Saint-Vincent de Laon (Scriptorium de Laon), datable de la fin du XIe et début XIIe siècle. Ce manuscrit est précieux car il contient des gloses de la main d’Anselme de Laon (mort en 1117). Il s’ouvre par une initiale "I" ornée décrite ainsi : "Lettre ornée faite de quatre grandes goules aux pattes griffues aux gueules armées de dents et moustaches agressives et démesurément distendues par le poteau qu’elles ont avalé. Les couleurs sont vives : rouge, vert, bleu et jaune, dans le style laonnois de ce tout début XIIe siècle" (S. Martinet, Quelques belles pièces de la Bibliothèque municipale de Laon. Catalogue de l’inauguration du 16 juin 1980 de la nouvelle bibliothèque à l’abbaye Saint-Martin (1980), n° 17, p. 14 et reproduction du feuillet avec l’initiale ornée).
D’autres manuscrits contenant aussi des textes de saint Augustin et provenant du nord ou de l’est de la France sont à rapprocher du présent manuscrit. Nous pensons à Troyes, Médiathèque Jacques-Chirac, MS 473 (Confessions, daté au catalogue du XIe-XIIe siècle, ayant appartenu par la suite à Clairvaux) ou encore Yale University Library, Marston MS 157 (Confessions, datables du second quart du XIIe siècle). Ce dernier manuscrit présente des similitudes de décor et une meilleure étude des manuscrits produits dans ces régions allant du Laonnois aux confins de la Champagne permettra certainement de rattacher le manuscrit Pithou-Le Peltier de Rosambo-duchesse de Berry à d’autres manuscrits, et peut-être de retrouver la partie complémentaire. 
Provenance1. Manuscrit copié et enluminé en France, d’après des éléments paléographiques et ornementaux. Des comparaisons avec des manuscrits d’origine laonnoise offrent des pistes de recherche et d’identification intéressantes. L’École de Laon, célèbre au XIIe siècle, une des plus anciennes et illustres, s’appuyait sur des scriptoria dans les abbayes avoisinantes (bénédictins, cisterciens, prémontrés) mais aussi au sein de l’école cathédrale de Laon.
2. Pierre Pithou (1539-1596), important humaniste et philologue, membre de la "République des lettres". Originaire de Troyes, Pierre Pithou était membre d’une fratrie de notables troyens (magistrats et intellectuels bibliophiles), engagés politiquement et impliqués dans les bouleversements religieux que connaît l’Europe au XVIe siècle. Pithou fut secrétaire d’Henri IV : notons que pendant la prise de Laon en 1594, dernière ville "ligueuse", Pierre Pithou fit main basse sur certains manuscrits provenant des abbayes laonnoises. Les bibliophiles membres de la Républiques des lettres aux XVIe et XVIIe siècle (à l’instar des De Thou, Nicolas Lefèvre et d’autres) se servaient dans les abbayes pour accéder aux manuscrits qui seront étudiés par ces érudits pour leur intérêt philologique et historique.
Sur les Pithou bibliophiles, Scaliger disait : "Les Pithoux sentoient les bons livres d’aussi loin que les chiens sentent un os, ou le chat une souris…" (Scaligeriana, Paris, BnF, MS fr. 2388, p. 310). Un certain nombre de manuscrits restèrent au sein de la famille Pithou après la mort de Pierre et François Pithou (à noter que François Pithou avait tout de même légué beaucoup de manuscrits au Collège de Troyes en 1617). Voir F. Bibolet, "Les Pithou et l’amour des livres", in Les Pithou : les lettres et la paix du royaume. Actes du colloque de Troyes 13-15 avril 1998, 2003, p. 295-303.
3. Le Peletier, famille d’avocats originaire du Mans. Un fils nommé Louis Ier Le Peletier épousa en 1626 Marie Lechassier, petite-fille de l’humaniste Pierre Pithou. Il est probable que c’est ainsi que le manuscrit passa de la famille Pithou à la famille Le Peletier.
4. Louis-Michel Le Peletier de Rosambo (1760-1793), président de l’Assemblée constituante. Vignette ex-libris armoriée contrecollée sur la contre-garde supérieure. Les manuscrits Le Peletier de Rosambo furent confisqués à la Révolution, sauf ceux cédés à la duchesse de Berry. Beaucoup des manuscrits de la famille Le Peletier de Rosambo provenaient de la collection Pithou.
5. Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de Berry (ex-libris bibliothèque de Rosny ; catalogue 1837, n° 2360). Sur l’intérêt que présentaient les manuscrits Pithou-Le Peletier de Rosambo-Duchesse de Berry pour la Bibliothèque nationale, citons L. Delisle : "Vente des livres de la duchesse de Berry, conservés dans la bibliothèque du château de Rosny. – On porta sur le catalogue rédigé pour la vente quatre-vingt six manuscrits, tirés des restes de la bibliothèque des Pithou, qui appartenaient à M. Le Peletier de Rosambo, et qui, confisqués au commencement de la Révolution, étaient restés pendant plusieurs années dans un des dépôts littéraires de Paris. La bibliothèque royale put acquérir une quinzaine de ces manuscrits (cat. vente 1837 : 2358 / 2371 / 2375 / 2383 / 2392 / 2397 / 2400 / 2402bis / 2404 / 2410 / 2412 / 2417 / 2418 (aujourd’hui BnF, MS. latin 1133) / 2428 / 2434). Plusieurs manuscrits de M. Le Peletier de Rosambo sont passés à l’étranger. Les manuscrits qui appartenaient à la duchesse de Berri ne furent point compris dans la vente de 1837 ; c’étaient pour la plupart des livres d’heures, qui furent vendus en 1864 et dont les plus précieux sont entrés au musée du Louvre" (Cabinet des manuscrits…, 1874, II, p. 294).
6. Jacques-Joseph Techener (1802-1873), bibliophile, marchand-libraire et éditeur, établi à Paris en 1827 ; fondateur avec Charles Nodier du Bulletin du bibliophile en 1834. Il se porta acquéreur du présent manuscrit en 1837 pour la somme de 80 £.
7. Joseph Barrois (1784-1855), de Lille, bibliophile et malheureux associé de Guglielmo Libri, mathématicien, bibliophile et célèbre voleur de livres. La collection Barrois fut en grande partie vendue en bloc à Bertram, Earl of Ashburnham. La Bibliothèque royale et la British Museum purent racheter certains manuscrits Barrois directement auprès du fils de Bertram, Earl of Ashburnham.
8. Bertram, Fourth Earl of Ashburnham (1797-1878), "one of the greateast collectors of the nineteenth century" (De Ricci, English Collectors, p. 131). Voir aussi Delisle, Catalogue du Fonds Libri et Barrois (1888).
9. Londres, Sotheby’s, 10 juin 1901, n° 30 : Catalogue of a Portion of the Famous Collection of Manuscripts, the Property of the Right Honorable (5th) Earl of Ashburnham known as the Barrois Collection. On notera la notice de catalogue de libraire ou de vente, en anglais, contrecollée sur le contreplat supérieur.
Nous remercions Ariane Adeline pour la description de ce lot.

Auktionsarchiv: Los-Nr. 407
Auktion:
Datum:
15.12.2023
Auktionshaus:
Sotheby's
34-35 New Bond St.
London, W1A 2AA
Großbritannien und Nordirland
+44 (0)20 7293 5000
+44 (0)20 7293 5989
Beschreibung:

Augustin, saint (Aurelius Augustinus Hipponensis)De Trinitate (livres IV-XV, cum tabula) ; Confessiones (livres I-V).
Manuscrit enluminé sur parchemin.France du nord-est, Laon (?), vers 1125-1150.
Avec une grande initiale ornée (f. 59).
70 feuillets, en latin, texte lacunaire (partie I, manques au livre IV du De Trinitate : chapitres 1-15 et l’essentiel du chapitre 16 ; texte débute avec les dernières lignes du chapitre 16, chapitres 17 à 21 sont présents) ; partie II, Confessiones : lacunes dans les livres III, IV et V [voir section "Texte" infra]) [collation : i7 (de 8, manque i), ii-vii8, viii2, ix8, x4 (de 8, manque v-viii)], écriture romane tardive ou gothique primitive (littera proto-gothica), à l’encre brune, texte copié sur une seule colonne (justification : circa 310 x 190 mm), réglure à la mine de plomb et à la pointe sèche, manuscrit non rogné, avec piqûres de la réglure maintenues dans les marges extérieures, 43 à 53 lignes par feuillets, signatures anciennes de cahiers en chiffres romains (sig. iiii–sig. x ; puis sig "a"), capitales rehaussées de rouge sur certains feuillets, rubriques à l’encre rouge in-texte (parfois en capitales romaines) et parfois copiées dans les marges du manuscrit, certains textes faisant office de rubriques sont en lettres capitales et rayées d’un trait rouge, grandes initiales peintes en rouge introduisant les divisions textuelles (initiales monochromes rouges, certaines avec des décors ornementaux), grande initiale décorée (fol. 59), dessinée à l’encre brune avec motifs zoomorphes (sorte de monstres aux oreilles pointues, "goules" ou génies dévorants, avalant des poteaux bagués formant le tracé de la lettre) et rinceaux avec feuillages sur un fond coloré (vert, rouge pâle, bleu ou jaune).
Grand in-4 (370 x 280 mm). Vélin rigide, dos à 6 nerfs, titre inscrit à l’encre au dos : "Aurelius Augustinus MS", gardes renouvelées (Reliure XIXe ou fin XVIIIe siècle). Emboîtage moderne, titré : "St Augustine. Manuscript on vellum. XIII. Century". Manques signalés. Manuscrit généralement grand de marges avec piqûres non rognées (quelques feuillets avec marges extérieures découpées, e.g. ff. 36, 44, 46, 48, 55 ; f. 26, partie de parchemin découpée dans la marge inférieure). Quelques défauts au parchemin (ff. 45, 52) ou taches (f. 1, taches et traces de rouille ; f. 67, trois lignes salies au centre du feuillet) ; quelques traces de mouillures et petits trous de vers par endroit ; dernier feuillet (fol. 70v) frotté.
De format presque carré, ce manuscrit patristique contient deux textes importants de saint Augustin, à savoir son De la Trinité et ses célèbres Confessions. Beau témoin de la période baptisée "Renaissance du XIIe siècle", ce manuscrit nous paraît datable du XIIe siècle (2e quart ?) sur des critères paléographiques et ornementaux. Doté d’une provenance érudite (Pierre Pithou) et prestigieuse (Le Peletier de Rosambo, Duchesse de Berri, Barrois, Earl of Ashburnham), ce codex est peut-être à rapprocher des scriptoria laonnois liés à l’école cathédrale et aux abbayes voisines pendant cette période de production et d’enseignement que connut la ville de Laon, célèbre pour ses "écolâtres" (dont Anselme et Raoul de Laon mais aussi Abélard).
Dans son château de Rosny, la duchesse de Berry réunit une des plus exceptionnelles bibliothèques de son temps, tant par la rareté des éditions et manuscrits que par la qualité des exemplaires. Cette extraordinaire collection qui comportait plus de 8000 volumes fut dispersée lors de plusieurs ventes et la vente de 1837 se tint sur plusieurs semaines. On notera que la duchesse de Berry avait compris l’importance des manuscrits dans une collection : dans la vente de 1837, on recense 78 manuscrits datables du VIe au XVIe siècles auxquels il faut rajouter sept "codices graeci", forts précieux. On remarque que plusieurs des manuscrits occidentaux de la duchesse de Berry sont de provenance "Pithou" (voir Provenance infra). La duchesse devait être séduite par une telle provenance, gage d’érudition. Dans le catalogue de la vente de 1864, son goût pour les manuscrits se confirme avec des manuscrits médiévaux, mais aussi des manuscrits calligraphiés des XVIIe et XVIIIe siècles. On rappellera que la duchesse affectionnait le style troubadour et la mode "médiévale" dans tous les domaines, mobilier et objets, jusqu’aux reliures des livres. En effet, elle fut une grande propagatrice du style de reliure baptisé "à la cathédrale". Une étude de la duchesse de Berry et son goût pour les manuscrits serait des plus souhaitables. Certains manuscrits ont rejoint les collections institutionnelles, d’autres, comme le présent manuscrit, sont encore en mains privées.
TexteFf. 1-57, Saint Augustin, De Trinitate, livre IV [chapitre 16 (en partie), suivis des chapitres 17-21 ; il manque au livre IV, chapitres 1-15 et une partie du chapitre 16] au livre XV [chapitres 1-28, complet], précédé de la mention à l’encre noire : "Beatus Augustinus de trinitate et eiusdem confessiones. Tractatus de trinitate incipit a fine liber quarti" ; incipit texte : "[…] aeternusque rationibus intellectu talia contemplati sunt…" (chapitre 16 lacunaire, manque le début : explicit, "[…] dixi in his libris de tuo agnoscant et tui si qua de meo et tu ignosce et tui. Amen " (édition Sancti Aurelii Augustini. De trinitate libri XV, éd. W.J. Mountain, Corpus Christianorum vol. L et L (A), Turnhout, 1968, pp. 188-535 : texte dans le présent manuscrit : De Trinitate, liber IV, XVI (21) (22-25) à liber XV, XXVIII 51 (50-52)).
Au feuillet 1, dans la marge supérieure, on lit : "Beatus Augustinus de trinitate & eiusdem confessiones" et "Tractatus de trinitate incipit a fine libri quarti" [Traité sur la Trinité qui commence à la fin du livre quatre]. Cette main nous semble datable du XVIIe siècle ce qui signifierait que ce manuscrit était déjà lacunaire à cette époque.
Ff. 57-58v, Table du De Trinitate : rubrique, Incipiunt capitula libri quarti ; la table couvre les livres IV à XIV ; la table du livre XV se trouve au fol. 45, dans le corps du texte avant le commencement du livre XV. Ce manuscrit devait donc commencer au livre IV du De Trinitate, avec les livres I-III certainement reliés à part dans un premier volume car on ne trouve pas de mention des livres I-III dans la table.
Ff. 59-70v, Saint Augustin, Confessiones, livre I (ff. 59-62v), livre II (ff. 62v-64v), et partie des livres III (ff. 64v-66v, manque la fin), IV (ff. 67-69v, manque le début) et V (ff. 69v-70v, manque la fin), rubrique, Aurelii Augustini incipit liber confessionum; incipit, "Magnus es domine et laudabilis valde magna virtus tua et sapientie tue…" ; explicit, "[…] quia delectabat eos loquens sensi autem aliud genus hominum etiam…" (le manuscrit s’arrête à Confessiones V, 6 (15-16) (édition : Sancti Augustini, Confessionum Libri XIII, éd. L. Verheijen, Corpus Christianorum vol. XXVII, Turnhout, 1981, pp. 1-62 ; et plus récemment, voir B. Alexanderson, Le texte des "Confessions" de saint Augustin : manuscrits et stemma, Göteborg, 2003.
Les Confessions comptent en tout treize livres et donc ce manuscrit offre le début de ce texte capital au sein de l’œuvre de saint Augustin. Une première liste dite "liste Wilmart", augmentée des travaux de Skutella (édition Teubner, 1934), recense 258 manuscrits contenant le texte (ou une partie du texte) des Confessions (voir Verheijen, 1981, p. LIX). Verheijen retient le manuscrit dit "S" comme base pour son édition (Rome, BNC, Sessorianus s. Crucis 55 : manuscrit du VIe siècle).
DécorationF. 59. Grande initiale M décorée, introduisant les Confessions.De plus amples recherches sont nécessaires, mais il est intéressant de citer un manuscrit de provenance laonnoise qui présente des points communs avec ce manuscrit. Il s’agit du MS 78 de la Bibliothèque municipale de Laon, Évangile de saint Jean glosé, provenant de Saint-Vincent de Laon (Scriptorium de Laon), datable de la fin du XIe et début XIIe siècle. Ce manuscrit est précieux car il contient des gloses de la main d’Anselme de Laon (mort en 1117). Il s’ouvre par une initiale "I" ornée décrite ainsi : "Lettre ornée faite de quatre grandes goules aux pattes griffues aux gueules armées de dents et moustaches agressives et démesurément distendues par le poteau qu’elles ont avalé. Les couleurs sont vives : rouge, vert, bleu et jaune, dans le style laonnois de ce tout début XIIe siècle" (S. Martinet, Quelques belles pièces de la Bibliothèque municipale de Laon. Catalogue de l’inauguration du 16 juin 1980 de la nouvelle bibliothèque à l’abbaye Saint-Martin (1980), n° 17, p. 14 et reproduction du feuillet avec l’initiale ornée).
D’autres manuscrits contenant aussi des textes de saint Augustin et provenant du nord ou de l’est de la France sont à rapprocher du présent manuscrit. Nous pensons à Troyes, Médiathèque Jacques-Chirac, MS 473 (Confessions, daté au catalogue du XIe-XIIe siècle, ayant appartenu par la suite à Clairvaux) ou encore Yale University Library, Marston MS 157 (Confessions, datables du second quart du XIIe siècle). Ce dernier manuscrit présente des similitudes de décor et une meilleure étude des manuscrits produits dans ces régions allant du Laonnois aux confins de la Champagne permettra certainement de rattacher le manuscrit Pithou-Le Peltier de Rosambo-duchesse de Berry à d’autres manuscrits, et peut-être de retrouver la partie complémentaire. 
Provenance1. Manuscrit copié et enluminé en France, d’après des éléments paléographiques et ornementaux. Des comparaisons avec des manuscrits d’origine laonnoise offrent des pistes de recherche et d’identification intéressantes. L’École de Laon, célèbre au XIIe siècle, une des plus anciennes et illustres, s’appuyait sur des scriptoria dans les abbayes avoisinantes (bénédictins, cisterciens, prémontrés) mais aussi au sein de l’école cathédrale de Laon.
2. Pierre Pithou (1539-1596), important humaniste et philologue, membre de la "République des lettres". Originaire de Troyes, Pierre Pithou était membre d’une fratrie de notables troyens (magistrats et intellectuels bibliophiles), engagés politiquement et impliqués dans les bouleversements religieux que connaît l’Europe au XVIe siècle. Pithou fut secrétaire d’Henri IV : notons que pendant la prise de Laon en 1594, dernière ville "ligueuse", Pierre Pithou fit main basse sur certains manuscrits provenant des abbayes laonnoises. Les bibliophiles membres de la Républiques des lettres aux XVIe et XVIIe siècle (à l’instar des De Thou, Nicolas Lefèvre et d’autres) se servaient dans les abbayes pour accéder aux manuscrits qui seront étudiés par ces érudits pour leur intérêt philologique et historique.
Sur les Pithou bibliophiles, Scaliger disait : "Les Pithoux sentoient les bons livres d’aussi loin que les chiens sentent un os, ou le chat une souris…" (Scaligeriana, Paris, BnF, MS fr. 2388, p. 310). Un certain nombre de manuscrits restèrent au sein de la famille Pithou après la mort de Pierre et François Pithou (à noter que François Pithou avait tout de même légué beaucoup de manuscrits au Collège de Troyes en 1617). Voir F. Bibolet, "Les Pithou et l’amour des livres", in Les Pithou : les lettres et la paix du royaume. Actes du colloque de Troyes 13-15 avril 1998, 2003, p. 295-303.
3. Le Peletier, famille d’avocats originaire du Mans. Un fils nommé Louis Ier Le Peletier épousa en 1626 Marie Lechassier, petite-fille de l’humaniste Pierre Pithou. Il est probable que c’est ainsi que le manuscrit passa de la famille Pithou à la famille Le Peletier.
4. Louis-Michel Le Peletier de Rosambo (1760-1793), président de l’Assemblée constituante. Vignette ex-libris armoriée contrecollée sur la contre-garde supérieure. Les manuscrits Le Peletier de Rosambo furent confisqués à la Révolution, sauf ceux cédés à la duchesse de Berry. Beaucoup des manuscrits de la famille Le Peletier de Rosambo provenaient de la collection Pithou.
5. Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de Berry (ex-libris bibliothèque de Rosny ; catalogue 1837, n° 2360). Sur l’intérêt que présentaient les manuscrits Pithou-Le Peletier de Rosambo-Duchesse de Berry pour la Bibliothèque nationale, citons L. Delisle : "Vente des livres de la duchesse de Berry, conservés dans la bibliothèque du château de Rosny. – On porta sur le catalogue rédigé pour la vente quatre-vingt six manuscrits, tirés des restes de la bibliothèque des Pithou, qui appartenaient à M. Le Peletier de Rosambo, et qui, confisqués au commencement de la Révolution, étaient restés pendant plusieurs années dans un des dépôts littéraires de Paris. La bibliothèque royale put acquérir une quinzaine de ces manuscrits (cat. vente 1837 : 2358 / 2371 / 2375 / 2383 / 2392 / 2397 / 2400 / 2402bis / 2404 / 2410 / 2412 / 2417 / 2418 (aujourd’hui BnF, MS. latin 1133) / 2428 / 2434). Plusieurs manuscrits de M. Le Peletier de Rosambo sont passés à l’étranger. Les manuscrits qui appartenaient à la duchesse de Berri ne furent point compris dans la vente de 1837 ; c’étaient pour la plupart des livres d’heures, qui furent vendus en 1864 et dont les plus précieux sont entrés au musée du Louvre" (Cabinet des manuscrits…, 1874, II, p. 294).
6. Jacques-Joseph Techener (1802-1873), bibliophile, marchand-libraire et éditeur, établi à Paris en 1827 ; fondateur avec Charles Nodier du Bulletin du bibliophile en 1834. Il se porta acquéreur du présent manuscrit en 1837 pour la somme de 80 £.
7. Joseph Barrois (1784-1855), de Lille, bibliophile et malheureux associé de Guglielmo Libri, mathématicien, bibliophile et célèbre voleur de livres. La collection Barrois fut en grande partie vendue en bloc à Bertram, Earl of Ashburnham. La Bibliothèque royale et la British Museum purent racheter certains manuscrits Barrois directement auprès du fils de Bertram, Earl of Ashburnham.
8. Bertram, Fourth Earl of Ashburnham (1797-1878), "one of the greateast collectors of the nineteenth century" (De Ricci, English Collectors, p. 131). Voir aussi Delisle, Catalogue du Fonds Libri et Barrois (1888).
9. Londres, Sotheby’s, 10 juin 1901, n° 30 : Catalogue of a Portion of the Famous Collection of Manuscripts, the Property of the Right Honorable (5th) Earl of Ashburnham known as the Barrois Collection. On notera la notice de catalogue de libraire ou de vente, en anglais, contrecollée sur le contreplat supérieur.
Nous remercions Ariane Adeline pour la description de ce lot.

Auktionsarchiv: Los-Nr. 407
Auktion:
Datum:
15.12.2023
Auktionshaus:
Sotheby's
34-35 New Bond St.
London, W1A 2AA
Großbritannien und Nordirland
+44 (0)20 7293 5000
+44 (0)20 7293 5989
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