Beschreibung:

Minute autographe d'une lettre À NAPOLÉON Ier. S.l., [probablement fin 1812 ou début 1813]. SUPERBE LETTRE. PERCLUS DE DETTES ET ACCULÉ À LA VENTE DE SON DOMAINE, LE MARÉCHAL DEMANDE L'AIDE DE L'EMPEREUR, EN RAPPELANT SON HONNÊTETÉ. «Sire, je prie Votre Majeste de lire ma lettre et de me permettre de lui ecrire ce que je n'aurois scu lui dire verbalement. En pensant aux obligations que je vous ai, a mon caractere et au rang que vous m'avez donne dans l'Etat, Votre majeste se faira une juste idee de ce que j'ai du souffrir pour faire cette demarche, dans ces circonstances. SIRE, VOUS AVEZ FAIT MA FORTUNE MILITAIRE, ET VOUS M'AVEZ DONNE DES TITRES ET DES DOTATIONS. Mais tel est l'etat actuel de mes affaires que, sans avoir rien a me reprocher, sans avoir fait une depense condamnable, JE ME TROUVE DANS UNE SITUATION QUI NE ME PERMET PLUS D'AVOIR AUCUNE ESPECE DE MAISON; Mr Defermont [le conseiller d'État et ministre d'État Joseph-Jacques Defermon Des Chapelières, président de la section des finances et directeur du Domaine extraordinaire, butin de guerre de l'empereur] me reclame600,000 ff. que j'ai recu et que j'ai cru de bonne foy avoir recu dans le temps de Votre Majeste pour arranger mes affaires. Il me menace de les hypothequer sur Grignon [château du maréchal Bessières]... J'ai six cents mille francs de dettes exigibles, mes revenus sont diminues de30000 de Pologne, de40000 ff. de Hanovre, par l'abolition des droits feodaux. Mon traitement de colonel general est diminue de 18000 ff. toutes les fois que je suis absent a l'armee. Je n'ai rien recu de la Pologne depuis trois ans... La diminution d'un tiers de mes revenus, les interets que je suis oblige de payer, la perte de mes equipages, ce qu'il m'en coutera pour les retablir... TOUT CELA ME FAIT PERDRE L'ESPOIR DE ME LIBERER, ET D'AVOIR UN COIN DE TERRE A MOY OU JE PUISSE ME REPOSER DANS L'AGE OU MES FORCES NE ME PERMETTRONT PLUS DE SERVIR VOTRE MAJESTE. JE ME TROUVE, SIRE, EN PERDANT GRIGNON, AU POINT D'OU JE SUIS PARTI IL Y A 22 ANS, JE NE POSSEDERAI RIEN A MOY ET DONT JE PUISSE DISPOSER. Quelque dur que me soit ce sacrifice, je prefere le faire que de vivre plus longtemps dans la gene et l'anxiete, que de laisser ma famille dans des inquietudes continuelles, que d'avoir toujours a regarder derriere moi. Si j'avois de folles depenses a me reprocher, un luxe insolent, une toilette ridicule ches ma femme, mesme du superflus dans ma Maison, je serois inconsolable et j'en demanderois pardon a Votre Majeste, mais nous n'avons rien a nous reprocher... JE N'AI POINT D'HOTEL NI DE TERRES, JE NE POSSEDE POINT DE FORTUNE CACHEE, JE N'AI JAMAIS RIEN PRIS A PERSONNE NULLE PART... JE VOUS PRIE, SIRE, DE NE PAS M'ABANDONNER ET DE ME METTRE A MESME DE LIBERER MES AFFAIRES...