Beschreibung:

CABINET DE MUSIQUE Bois de noyer, marbre noir veiné de blanc H: 217 cm - L: 105 cm - P: 45 cm Ile de France - Ecole de Fontainebleau XVIème siècle Etat exceptionnel La musique profane fait partie d'un art de vivre aristocratique dans la société cultivée de la Renaissance. Ella exalte les sentiments, la beauté et la nature, invente la mélodie accompagnée, donne une place de choix à l'instrument. La Cour des Valois se nourrit de poésie et de musique, de ballets et de divertissements. C'est la musique qui inspire le décor de cette armoire d'exception, de petite dimension, chef d'oeuvre de rigueur et de préciosité. Au centre des quatre vantaux, un cartouche isole une figure féminine jouant d'un instrument. Allusion aux allégories, nymphes ou déesses qui peuplent le plus souvent ces meubles raffinés. Allusion aussi à l'évolution des moeurs aristocratiques: les femmes, jusqu'alors tenues à l'écart, se livrent désormais au chant et aux divertissements musicaux. En partie supérieure, percussions et cordes: le triangle employé dans la musique de danse accompagne la mélodie de la joueuse de luth, instrument à cordes pincées très prisé au seizième siècle. L'étage inférieur est celui des instruments à vent: cornet à bouquin, instrument roi de la Renaissance lié aux musiques d'apparat, et chalumeau qui donnera naissance au hautbois. La musique se joue en plein air dans un paysage champêtre, à l'orée des villes et des châteaux. Les corps s'étirent selon le canon maniériste, les longues robes aux plis fluides mettent en valeur les silhouettes dansantes. Hymne à la musique, l'armoire convoque, dans les cartouches dont elles épousent la forme, les plus belles figures du répertoire de Fontainebleau: sphinges d'un incomparable élégance, cygnes au col très long, aigles aux ailes déployées chargées de guirlandes de fruits, étoffes nouées et visages d'angelots dont les boucles de cheveux se mêlent aux plumes légères des ailes, consoles feuillagées à tête d'oiseau. Les cartouches de marbre noir veiné de blanc ponctuent l'organisation rigoureuse du décor selon les codes de l'Ecole de Fontainebleau. Ils contiennent un élément très original, un miroir ovale de marbre qui lie le corps du meuble au fronton, tel un joyau serti d'un anneau de bois clair, motif rarissime d'un extrême raffinement. A rapprocher du modèle exceptionnel du château de Chenonceaux, où un très grand rectangle de marbre joue le même rôle (reproduit par G. Jeanneau, "Historique du meuble", 1948, pl.59). Sommet de l'art français, cette armoire présente une architecture toute d'équilibre et de rigueur. Elle reproduit une façade d'édifice en réduction, superposant soubassement, éléments porteurs et entablement, ouverts à l'ornement. Les modillons se couvrent d'écailles, la base des colonnes d'enroulements de tiges de lierre, les architraves de figures allongées, le fronton échancré de volutes et de consoles. La touche finale de préciosité vient de la discrétion avec laquelle charnières et entrées de serrure, qui ont conservé leur dorure d'origine, s'intègrent au décor. Meuble unique par son thème, sa qualité de sculpture et son fronton au tondo de marbre, il dit l'extraordinaire vitalité des ateliers qui travaillent pour les plus grands châteaux de la Renaissance. Référence: Modèle du château de Chenonceaux, in "Historique du meuble", Guillaume Jeanneau, 1948, pl.59