Beschreibung:

2 lettres autographes signées à Stéphane MALLARMÉ. 1896-1897. UN COUP DE DÉS ET HÉRODIADE, DERNIERS PROJETS DE MALLARMÉ ET PREMIERS DE VOLLARD. Un coup de dés jamais n'abolira le hasard parut d'abord en mai 1897 dans la revue Cosmopolis, présenté en note par la rédaction comme une « oeuvre d'un caractère entièrement nouveau ». Cependant mallarmé considérait cette publication imparfaite dans sa forme comme une « demi-mesure » insatisfaisante et s'occupa aussitôt de réaliser avec Ambroise Vollard ce qui devait être l'édition définitive de son « grand oeuvre », illustrée de lithographies d'Odilon Redon. Malgré les nombreuses épreuves de l'imprimerie Didot, elle ne parut jamais, pour d'obscures raisons. Mallarmé mourut le 9 septembre 1898 et ce n'est qu'en 1914 que le Coup de dés fut publié sous sa forme définitive, sans illustrations. Quant à Hérodiade, le poète n'eut pas le temps d'achever son texte avant de mourir, rendant l'édition illustrée par Vuillard impossible. - Paris, 14 décembre 1896. « J'AVAIS TÉMOIGNÉ À Mr REDON LE TRÈS GRAND DÉSIR QUE J'AI D'ÉDITER QUELQUE CHOSE DE VOUS AVEC DES ILLUSTRATIONS DE LUI. Mr REDON M'A REMPLI DE JOIE EN ME DISANT QUE VOUS N'Y ÉTIEZ PAS OPPOSÉ. Je serai donc très aise si je pouvais vous voir à ce sujet, soit que vous vouliez bien me donner un rendez-vous, - le seul moment où je serais libre dans ce cas serait le soir après dîner - soit que vous me fassiez l'honneur de visiter mon exposition de Van Gogh. Je suis forcé tous ces jours-ci jusqu'à samedi prochain de m'absenter toutes les après-midi. Je tiens cependant à vous dire dès maintenant que JE SERAIS DISPOSÉ À FAIRE POUR CE LIVRE TOUS LES FRAIS NÉCESSAIRES POUR AVOIR LA PLUS BELLE ÉDITION DU MONDE, la question à traiter serait celle de vos honoraires - excusez ce terme de marchand - et puis ceci que JE TIENDRAIS ESSENTIELLEMENT À CE QUE MON NOM FIGURE SEUL COMME ÉDITEUR, ce qui vous obligerait à réserver vis-à-vis de votre éditeur le droit d'édition illustrée... P.S. : il s'agirait pour l'édition que je voudrais faire d'un TIRAGE À DEUX CENTS EXEMPLAIRES » (4 pp. in-12, enveloppe). - Paris, 14 septembre 1897. « J'ai reçu il y a quelque temps la visite de Mr le Dr Mardrus [l'orientaliste Joseph-Charles Mardrus, 1868-1949]... il m'a dit qu'il venait de votre part, et qu'il se faisait inscrire chez moi pour un exemplaire d'Hérodiade. J'en ai conclu que ce chef-d'oeuvre devait être sinon terminé, du moins bien près de l'être ; vous m'avez d'ailleurs laissé espérer que vous le termineriez très rapidement. COMME MONSIEUR REDON A ILLUSTRÉ « UN COUP DE DÉS » IL SERAIT PEUT-ÊTRE BON AU POINT DE VUE DES AMATEURS QUI COMME VOUS LE SAVEZ AIMENT LA VARIÉTÉ, QU'HÉRODIADE SOIT ILLUSTRÉ PAR UN AUTRE ARTISTE. J'AVAIS PENSÉ À VUILLARD MAIS N'AI VOULU LUI FAIRE À CE SUJET AUCUNE ESPÈCE D'OUVERTURE, AVANT D'AVOIR LÀ-DESSUS VOTRE SENTIMENT. De plus, si, ce que j'ignore, vous n'avez pas les même raisons que pour le "Coup de dés", ne pensez-vous pas qu'il serait meilleur au point de vue de la rareté de l'oeuvre, qu'Hérodiade ne paraisse nulle part, du moins avant cette édition de grand luxe ?... » (4 pp. in-12). L'UN DES PROTAGONISTES ÉMINENTS DANS LA NAISSANCE DE L'ART MODERNE : AMBROISE VOLLARD (1868-1939). Grand marchand de tableaux, il organisa les premières expositions de Manet, Cézanne, Rodin ou Van Gogh (dont il est question ici dans la première lettre à Mallarmé) avant d'exposer Matisse ou Picasso. Sa galerie de la rue Laffitte devint le plus célèbre lieu de rencontre des artistes du début du XXe siècle. Il se révéla également un grand éditeur d'art, de 1900 où il publia Parallèlement de Verlaine illustré par Bonnard, jusqu'à sa mort. Ces deux précieuses lettres ont été publiées dans les French Studies, n°1, janvier 1996. Certains extraits de la première lettre sont cités dans la biographie de Jean-Luc Steinmetz (Mallarmé, 1998, p.438) ; la seconde est évoquée par Mallarmé dans sa correspondance.