Beschreibung:

RARE TABLE DITE «EN MARMOTTE» en placage de citronnier ou d'amarante, à décor sur le plateau inférieur, de quartefeuilles dans des encadrements à double filet. Le fût plaqué en torsade. Elle repose sur un piétement tripode en bois de rose massif, mouluré et sculpté de réserves. Le plateau supérieur, ovale, en pâte tendre de Sèvres, à décor polychrome, au centre d'une corbeille chargée de fleurs dans des encadrements à filet ou doré, à guirlandes de feuillages, sur des contre-fonds de bleu céleste. Riche ornementation de bronze ciselé et doré, à galerie ajourée, soulignée d'une frise à feuilles de laurier. Sur le piétement des agrafes à feuilles d'acanthe. Sabots à enroulement à feuillages. Estampille de M. CARLIN et poinçon de Jurande Epoque Louis XVI (restaurations d'usage, ainsi qu'à la plaque) H. 76 cm - L. 38,5 cm - P. 31,5 cm Excepté l'élégance de la composition générale de ce guéridon, son principal attrait réside dans la plaque de porcelaine de Sèvres qui orne son plateau supérieur. Les registres de la manufacture de Sèvres pour l'année 1775 mentionnent notamment sept plaques ovales vendues 60 à 80 livres pièce, les différences de prix s'expliquant par les motifs peints plus ou moins élaborés qui ornaient les plaques; l'une de ces plaques pourrait correspondre à celle qui orne le guéridon que nous présentons. Le commanditaire de ce type d'objets de luxe est facilement identifiable, puisque nous savons qu'à cette époque le marchand-mercier Simon-Philippe-Poirier (vers 1720-1785), associé depuis 1772 à Dominique Daguerre avait le quasi-monopole des achats de plaques de porcelaine auprès de la manufacture royale et doit être considéré comme le véritable créateur des meubles d'ébénisterie ornés de plaques de porcelaine. Sous sa direction, puis à partir de 1777 sous celle de Daguerre, son magasin du Faubourg Saint-Honoré à l'enseigne «A la couronne d'or» connaît un succès inégalé et participe à meubler luxueusement les plus grands collectionneurs du temps, particulièrement la comtesse du Barry, la duchesse de Mazarin, la reine Marie-Antoinette et bien d'autres amateurs désireux d'acquérir les très onéreuses nouveautés du magasin. Comme souvent au XVIIIe siècle, à meubles ou objets hors du commun correspondaient des artisans exceptionnels. C'est ainsi que les deux merciers ne pouvaient confier ces plaques de porcelaine qu'à des maîtres ébénistes suffisamment talentueux pour mettre en valeur par leurs créations ces précieux matériaux. Parmi les artisans en meubles que les deux merciers privilégièrent tout spécialement, il y eut pour Dominique Daguerre Adam Weisweiler et pour Poirier: Martin Carlin C'est à ce dernier que fut confié le soin d'associer cette plaque de porcelaine sur le guéridon à crémaillère que nous proposons; type de meubles que l'association Poirier-Carlin réalisa à un nombre restreint d'exemplaires et avec quelques variantes. Ainsi l'on connaît quelques rares guéridons de modèle similaire, mentionnons particulièrement un exemplaire quasi-identique vendu à Auverssur- Oise, Me Le Calvez, le 13 juin 2010, qui portait la lettre date 1775 et la signature du peintre Jean-Baptiste Tandart (1729-1816); ainsi que d'autres guéridons de Carlin, appelés tables en marmotte, qui présentent une légère différence par l'adaptation d'un bras mobile à deux lumières au centre de la plaque, de ce modèle sont connus notamment: un exemplaire qui a fait partie de la collection Roberto Polo (Vente à Paris, Hôtel George V, le 17 novembre 1991, lot 154); ainsi qu'un deuxième conservé à Waddesdon Manor (illustré dans G. de Bellaigue, The James A. de Rothschild Collection at Waddesdon Manor, Vol. I, Fribourg, 1974, p.378, n°77); deux autres sont conservés au Philadelphia Museum of Art; enfin, un dernier fit successivement partie des collections de Madame Deane Johnson et de Karl Lagerfeld (vente à Monaco, le 29 avril 2000, lot 319; vendu 7.737.500 francs). Martin Carlin (vers 1730-1785) est un célèbre ébéniste parisien originaire d'A