Auktionsarchiv: Los-Nr. 122

MORAND (Paul). Manuscrit signé de ses initiales...

Schätzpreis
Zuschlagspreis:
Auktionsarchiv: Los-Nr. 122

MORAND (Paul). Manuscrit signé de ses initiales...

Schätzpreis
Zuschlagspreis:
Beschreibung:

MORAND (Paul). Manuscrit signé de ses initiales avec corrections et ajouts autographes, intitulé «L’Allure de Chanel». [Vers 1976]. 4pp. 1/2 in-folio. PRÉFACE DE SON LIVRE L’ALLURE DE CHANEL. Paul Morand qui connaissait Coco Chanel depuis le début des années 1920, s’était retrouvé avec elle à Saint-Moritz en 1946, et avait pris des notes à la suite des conversations qu’il avait alors eues avec elle. En 1976, il se laissa convaincre de les publier par le libraire Pierre Berès, directeur des Éditions Hermann. POUR LA PREMIÈRE FOIS, J’ENTRAIS RUE CAMBON. UN RÉVEILLON DE 1921, JE CROIS. VOUS ÊTES TOUS INVITÉS CHEZ COCO, NOUS AVAIT DIT MISIA, tous, c’est-à-dire les Six, notre bande du Boeuf, les jeunes du salon de madame Alphonse Daudet, les convives de l’atelier des Jean Hugo au Palais-Royal, ceux de nos dîners du samedi soir, chez Darius Milhaud. CHANEL N’AVAIT PAS ENCORE CONQUIS PARIS, le buff et était dressé dans les salons d’essayage, restés les mêmes qu’en 1914, pareils à une clinique, où les paravents de Coromandel de madame Langweil n’avaient pas encore déplié leurs feuilles brunes et dorées. Hors de ses clientes de Deauville, ou des joueurs de polo, amis de ce Capel qu’elle venait de perdre, Chanel était très seule, très timide, très surveillée, MISIA LUI AMENAIT CE SOIRLÀ SES FUTURS COMPAGNONS DE VIE, LES PHILIPPE BERTHELOT, SATIE, LIFAR, AURIC, SEGONZAC, LIPSCHITZ, BRAQUE, LUCALBERT MOREAU, RADIGUET, SERT, ÉLISE JOUHANDEAU, PICASSO, COCTEAU, CENDRARS, (pas encore Reverdy). Leur seule présence annonçait la cassure d’avec 1914, le passé révoqué, la voie ouverte au lendemain, un lendemain où les banquiers ne s’appelleront plus Salomon, mais Boy ou Lewis, où Satie n’écrira plus España mais Espagnana, où les parfums ne seront plus Trèfl e incarnat ou Rêve d’automne, mais porteront un numéro matricule, comme des forçats. VOUS N’AURIEZ PAS RECONNU LE GÉNIE DE NOTRE HÔTESSE, RIEN N’INDIQUAIT ENCORE SON AUTORITÉ, SA VIOLENCE, SA TYRANNIE AGRESSIVE, ne laissait apparaître un caractère promis à une grande illustration. Seule Misia, avec son fl air de revendeuse, avait senti venir Chanel, avait deviné son sérieux dans le frivole, le précis de son tour, d’esprit et de main, l’absolu d’un tempérament. Derrière un trouble avivé par tant de convives, charmante, dans sa réserve, d’une timidité qui émouvait sans qu’on sût pourquoi, peut-être était-ce son deuil récent? Elle apparaissait incertaine, et comme mettant sa propre vie en doute, ne croyant plus au bonheur: nous fûmes transportés. Qui pressentait que nous soupions, ce soir-là, chez l’ange exterminateur du style XIXèmesiècle?...»

Auktionsarchiv: Los-Nr. 122
Beschreibung:

MORAND (Paul). Manuscrit signé de ses initiales avec corrections et ajouts autographes, intitulé «L’Allure de Chanel». [Vers 1976]. 4pp. 1/2 in-folio. PRÉFACE DE SON LIVRE L’ALLURE DE CHANEL. Paul Morand qui connaissait Coco Chanel depuis le début des années 1920, s’était retrouvé avec elle à Saint-Moritz en 1946, et avait pris des notes à la suite des conversations qu’il avait alors eues avec elle. En 1976, il se laissa convaincre de les publier par le libraire Pierre Berès, directeur des Éditions Hermann. POUR LA PREMIÈRE FOIS, J’ENTRAIS RUE CAMBON. UN RÉVEILLON DE 1921, JE CROIS. VOUS ÊTES TOUS INVITÉS CHEZ COCO, NOUS AVAIT DIT MISIA, tous, c’est-à-dire les Six, notre bande du Boeuf, les jeunes du salon de madame Alphonse Daudet, les convives de l’atelier des Jean Hugo au Palais-Royal, ceux de nos dîners du samedi soir, chez Darius Milhaud. CHANEL N’AVAIT PAS ENCORE CONQUIS PARIS, le buff et était dressé dans les salons d’essayage, restés les mêmes qu’en 1914, pareils à une clinique, où les paravents de Coromandel de madame Langweil n’avaient pas encore déplié leurs feuilles brunes et dorées. Hors de ses clientes de Deauville, ou des joueurs de polo, amis de ce Capel qu’elle venait de perdre, Chanel était très seule, très timide, très surveillée, MISIA LUI AMENAIT CE SOIRLÀ SES FUTURS COMPAGNONS DE VIE, LES PHILIPPE BERTHELOT, SATIE, LIFAR, AURIC, SEGONZAC, LIPSCHITZ, BRAQUE, LUCALBERT MOREAU, RADIGUET, SERT, ÉLISE JOUHANDEAU, PICASSO, COCTEAU, CENDRARS, (pas encore Reverdy). Leur seule présence annonçait la cassure d’avec 1914, le passé révoqué, la voie ouverte au lendemain, un lendemain où les banquiers ne s’appelleront plus Salomon, mais Boy ou Lewis, où Satie n’écrira plus España mais Espagnana, où les parfums ne seront plus Trèfl e incarnat ou Rêve d’automne, mais porteront un numéro matricule, comme des forçats. VOUS N’AURIEZ PAS RECONNU LE GÉNIE DE NOTRE HÔTESSE, RIEN N’INDIQUAIT ENCORE SON AUTORITÉ, SA VIOLENCE, SA TYRANNIE AGRESSIVE, ne laissait apparaître un caractère promis à une grande illustration. Seule Misia, avec son fl air de revendeuse, avait senti venir Chanel, avait deviné son sérieux dans le frivole, le précis de son tour, d’esprit et de main, l’absolu d’un tempérament. Derrière un trouble avivé par tant de convives, charmante, dans sa réserve, d’une timidité qui émouvait sans qu’on sût pourquoi, peut-être était-ce son deuil récent? Elle apparaissait incertaine, et comme mettant sa propre vie en doute, ne croyant plus au bonheur: nous fûmes transportés. Qui pressentait que nous soupions, ce soir-là, chez l’ange exterminateur du style XIXèmesiècle?...»

Auktionsarchiv: Los-Nr. 122
LotSearch ausprobieren

Testen Sie LotSearch und seine Premium-Features 7 Tage - ohne Kosten!

  • Auktionssuche und Bieten
  • Preisdatenbank und Analysen
  • Individuelle automatische Suchaufträge
Jetzt einen Suchauftrag anlegen!

Lassen Sie sich automatisch über neue Objekte in kommenden Auktionen benachrichtigen.

Suchauftrag anlegen