Beschreibung:

Louis-Nicolas-de Lespinasse Pouilly-sur-Loire, 1734 - Paris, 1808 Vue de la rade de Toulon depuis le Mont Farron Aquarelle gouachée sur trait de plume et encre noire 'A VIEW OF THE HARBOR OF TOULON' , WATERCOLOUR GOUACHE ON PEN AND BLACK INK, BY L.-N.-DE LESPINASSE Hauteur : 42,50 Largeur : 65 cm Provenance : Galerie de Staël, Paris, en 1989 Commentaire : " Il paraît impossible dans ce genre d'aller au delà " Le baron Grimm, au sujet des vues du chevalier de Lespinasse, en 1787 Louis-Nicolas-de Lespinasse compte parmi les peintres de vues topographiques les plus remarquables du XVIIIe siècle et cette vue de la rade de Toulon est un parfait exemple de son talent. Avant d'être dessinateur, Lespinasse fut officier d'artillerie et possédait une grande science dans le levé des cartes. Il termina sa carrière en 1776 en tant que professeur de " tactique de la topographie militaire " à l'Ecole Militaire, à Paris, et chevalier de l'Ordre de Saint-Louis. Immédiatement après sa réforme, il mit ses aptitudes au service de l'art et de l'édition. Ses dessins furent mis en gravures pour enrichir des ouvrages tels que le Voyage Pittoresque de la France de Laborde (1781-1796), l'Histoire de la Russie Nouvelle de Nicolas-Gabriel Clerc (1783), le Tableau Général sur l'Empire Ottoman de Mouradian d'Ohsson (1787-1790). Il publia également trois traités sur l'art de dresser des cartes, des plans et des dessins de batailles. Sur recommandation de Pierre-Antoine Demachy, il fut présenté à l'Académie Royale qui l'agréa et le reçut en 1787. Son morceau de réception fut la célèbre Vue intérieure de Paris, prêtée au Musée Carnavalet par le Louvre (Inv. D.5367). Dès son admission, Lespinasse exposa au Salon : quinze œuvres furent présentées au public parisien en 1787, 1789, 1793, 1795, 1798 et 1800. Cette vue de la rade de Toulon est très probablement à inclure dans le cycle des dessins réalisés pour le Voyage Pittoresque de la France. Ce monument iconographique entrepris par Benjamin de Laborde (1734-1794) avait pour ambition de détailler toutes les beautés des régions de France, monuments comme paysages. Plus de trente dessinateurs furent sollicités dont Lallemand, Moreau le Jeune, Pillement. Douze tomes parurent en grand in-folio, contenant en tout 372 gravures. La Révolution -qui envoya Laborde à l'échafaud- interrompit la publication et certaines régions -dont la Provence- ne bénéficièrent pas d'un volume aussi complet que d'autres. Ce qui expliquerait que cette vue n'y soit pas inclue. Dans notre dessin, Lespinasse s'attache à rendre la situation géographique idéale qui fait de Toulon le premier port de guerre français de la Méditerranée ; niché dans une vaste baie facile à défendre et protégé des vents par les hauteurs naturelles alentours. Il se fait également le témoin des efforts de la Couronne pour prémunir cette ville stratégique du danger qui vient de terre : on découvre, de gauche à droite, le Fort de La Malgue (1764), sur la côte ; le fort d'Artigues (1707 - aujourd'hui détruit) en forme d'étoile ; la ceinture défensive de Vauban (1679) ; et le camp retranché de Sainte-Anne (1707), vers la droite. Une observation des bâtiments fidèlement reproduits par l'artiste permet d'avancer une fourchette de date pour cette vue : on remarque le clocher de l'Eglise Saint-Louis commencée en 1780, proche de la place d'Armes, au nord de l'Arsenal ; en revanche l'Hôtel du Gouverneur de la Marine, dont la première pierre fut posée sur cette même place en 1788 n'est pas encore visible.