L.A.S., 31 janvier 1830, à Abel-François Villemain; 2 pages in-4, adresse. Très belle lettre, à la fois bilan et interrogation sur son existence.{CR}«Cette lettre est pour vous, pour vous seul [...] Jai vingt-cinq ans; je sens que les années se passent sans rien apporter de meilleur à ma destinée et surtout sans calmer mon ame. Jai un grand désir daller, de voir, de changer, de savoir ce que cest que le monde, & la vie; jen ai besoin pour le peu que je puis faire; je veux essayer si ce ne sera pas un moyen de mappaiser. Dun autre côté, je suis ici tenu à la glèbe, il me faut vivre, gagner de largent par des articles de quinzaine en quinzaine, et au bout de lannée si jai quelques cent francs déconomie, cela me mène à faire une échappée de six semaines doù je ne rapporte que des regrets et des sensations étouffées. Par la disposition des choses et le concours des circonstances, je suis à la veille de minstaller plus que jamais dans cette vie insuffisante; il ne tient quà moi de donner tout mon tems aux journaux et dy créer à ce quon appelle mon talent une certaine position. Mais, vous lavouerai-je, cela me répugne horriblement; cela me semble un gaspillage des dons de Dieu. Après une vie pleine doeuvres, on peut finir par là, se reposer dans cette variété amusante et sy laisser aller sans trop de remords. Mais quai-je fait, pour croire que je nai plus quà promener mes yeux sur les choses & dire à tort et à travers mon avis sur ce qui vaut mieux que moi. Cette vie là mennuie, me pèse, me flétrit mon peu de poésie; au moment de my enfoncer, je recule et je voudrois my soustraire»... Il voudrait quitter Paris, partir à létranger et y devenir précepteur ou professeur, et demande à Villemain de ly aider, en gardant là-dessus le secret: «je ne veux fuir que moi, mes ennuis, ma paresse, ma plaine de Montrouge et mon horizon de lan passé»...{CR}Correspondance générale (éd. J. Bonnerot), t. I, n° 104, p. 173
L.A.S., 31 janvier 1830, à Abel-François Villemain; 2 pages in-4, adresse. Très belle lettre, à la fois bilan et interrogation sur son existence.{CR}«Cette lettre est pour vous, pour vous seul [...] Jai vingt-cinq ans; je sens que les années se passent sans rien apporter de meilleur à ma destinée et surtout sans calmer mon ame. Jai un grand désir daller, de voir, de changer, de savoir ce que cest que le monde, & la vie; jen ai besoin pour le peu que je puis faire; je veux essayer si ce ne sera pas un moyen de mappaiser. Dun autre côté, je suis ici tenu à la glèbe, il me faut vivre, gagner de largent par des articles de quinzaine en quinzaine, et au bout de lannée si jai quelques cent francs déconomie, cela me mène à faire une échappée de six semaines doù je ne rapporte que des regrets et des sensations étouffées. Par la disposition des choses et le concours des circonstances, je suis à la veille de minstaller plus que jamais dans cette vie insuffisante; il ne tient quà moi de donner tout mon tems aux journaux et dy créer à ce quon appelle mon talent une certaine position. Mais, vous lavouerai-je, cela me répugne horriblement; cela me semble un gaspillage des dons de Dieu. Après une vie pleine doeuvres, on peut finir par là, se reposer dans cette variété amusante et sy laisser aller sans trop de remords. Mais quai-je fait, pour croire que je nai plus quà promener mes yeux sur les choses & dire à tort et à travers mon avis sur ce qui vaut mieux que moi. Cette vie là mennuie, me pèse, me flétrit mon peu de poésie; au moment de my enfoncer, je recule et je voudrois my soustraire»... Il voudrait quitter Paris, partir à létranger et y devenir précepteur ou professeur, et demande à Villemain de ly aider, en gardant là-dessus le secret: «je ne veux fuir que moi, mes ennuis, ma paresse, ma plaine de Montrouge et mon horizon de lan passé»...{CR}Correspondance générale (éd. J. Bonnerot), t. I, n° 104, p. 173
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