Beschreibung:

AK-47, 2008 Acrylique sur toile Signée et datée au dos 178 x 150 cm (70 x 59 in.)(*)En rafale, l'art de Zhang Dali nous confronte à l'histoire contemporaine chinoise par son oeuvre frontale. Sans ambivalence, l'artiste provoque et interroge notre oeil par des décharges graphiques, qu'elles soient clandestines ou exposées. Le Zorro chinois, comme d'aucuns le surnomment, sillonne de sa monture symbolique les rues pékinoises. Sa bicyclette s'arrête devant certains murs de la ville promis à une démolition certaine, et l'artiste se met à tagger un profil, toujours le même...Visagetémoin anonyme et universel, il humanise ces pierres qui s'apprêtent à être brisées quelques jours plus tard, effaçant à jamais ce qu'elles ont entendu...Dernier opposant déclaré à l'éradication des vieux quartiers, Zhang Dali devant ces murs silencieux se signe: AK47. Héritier des dessins préhistoriques, puisque ce dessin et sa signature sont identitaires, ce visage inerte scande et dénie l'outrage politique qu'est celui de l'absence de visage au sein d'un pays dont le maître-mot est celui de la masse. L'artiste, par son portrait sans regard, introduit le dialogue permettant une proximité entre les spectateurs, ne serait-ce que l'échange d'une interrogation commune... Le choix du support mural qui a initié toute l'oeuvre de l'artiste évoque le dazibao qui était le support de la contestation démocratique, devenu aujourd'hui support de l'information, et le symbole sacré de la liberté d'expression. Si le pays fut gouverné par une mémoire sélective, l'artiste nous offre par des portraits monumentaux, une confrontation inégalée avec l'autre. Puisque celui-ci a aujourd'hui un visage. On réalise peu à peu le chemin qu'a empreint d'art de Zhang Dali qui, d'un visage-dénominateur inscrit avec la maladresse d'une main dérobée, impose aujourd'hui à nos yeux un visage chaque fois unique. Cinétique et frontale, l'oeuvre est captive du signe dont la fragmentation moléculaire se joue de la bidimensionnalité de la peinture traditionnelle, révélant un rapport de force entre le mot-forme et l'image du jeune homme: informe, muette et digne. Accordant aux contrastes une puissance esthétique, il appose à la solennité de la photographie personnelle un idiome universel qu'est celui de l'arme. Comme une transition brutale entre les murs de la ville et un homme identifié, véritable, il introduit lentement l'angoisse dans le coeur de son oeuvre, comme se lit la mort sur le visage de cet homme. Comme le bruit des balles qui résonnent, cette oeuvre silencieuse incarne avec une rare puissance d'évocation la force et l'amour de Zhang Dali pour son pays. Pour chaque pierre qui a fait naître dans sa ville une école ou une maison, il a voulu protéger un mur; parce qu'il sait combien notre environnement quotidien est ce qui construit un être. Et, pour porter à l'extrême cette vérité, il a inscrit le visage de chaque homme sur un tableau, aussi grand que peut l'être un mur afin de donner, enfin, un nom et un visage à celui qui, fébrilement dessiné, n'en avait pas...Zhang Dali dans cette oeuvre nous dépeint l'existence, en sursis. Par l'empreinte picturale qui s'infiltre sur le visage de cet homme, autant de numéros comme autant de kalachnikovs pointées sur lui, l'artiste dénonce la froideur et la rapidité d'exécution avec lesquelles ont été abattus ceux qui ont osé s'exprimer. D'un geste cinglant, de nombreuses vies furent arrachées comme les pages de tous ces livres qualifiés d'immoraux par le régime. L'oeuvre de Zhang Dali nous dresse le portrait frontal et grave du véritable visage de la Chine, sous le regard embué de cet homme. Celle que les autorités ont longtemps tenté de faire disparaître. Trop libre.