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Auktionsarchiv: Los-Nr. 53

Vian, BorisCorrespondance à Raymond

Schätzpreis
20.000 € - 30.000 €
ca. 21.808 $ - 32.712 $
Zuschlagspreis:
25.400 €
ca. 27.696 $
Auktionsarchiv: Los-Nr. 53

Vian, BorisCorrespondance à Raymond

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20.000 € - 30.000 €
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Beschreibung:

Vian, BorisCorrespondance à Raymond Queneau.[Paris ou Saint-Tropez, 1945-1959]. 37 lettres, cartes postales ou billets autographes signées. Ensemble 56 pages de formats divers, dont une enveloppe et un fragment de papier kraft ; toutes sauf une, montées sur onglets en un volume in-4 (345 x 255). Demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré, étui. Étourdissante correspondance à celui qui fut à la fois un père spirituel et un véritable complice de l’activité protéiforme de Boris Vian.  Boris Vian et Raymond Queneau, malgré une différence d’âge de dix-sept ans, avaient tout pour se lier étroitement, à commencer par une admiration mutuelle pour leurs œuvres respectives. Tous deux furent des membres éminents du Collège de Pataphysique (Queneau à partir de 1950 et Vian en 1952), tous deux des piliers du Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre, tous deux amateurs de mathématiques, par formation ou par goût, tous deux amateurs de science-fiction, de romans policiers, de fantaisies littéraires, tout deux sachant masquer un moral parfois en berne sous toutes sortes de facéties et de jeux de mots.
Queneau, qui travailla aux éditions Gallimard comme lecteur, traducteur de l'anglais, membre du comité de lecture, secrétaire général, puis directeur de l'Encyclopédie de la Pléiade, fut pour son cadet un soutien constant au sein de la maison Gallimard, non seulement pour la publication de ses œuvres, mais aussi en lui confiant différents travaux de traduction dont il est question dans ces lettres. Par exemple, lorsqu’en 1950, Vian renvoie son contrat de traduction signé pour L'Homme au bras d'or [de Nelson Agren] en remerciant Queneau : "t'es un grand homme, grâce à toi mes petits enfants auront du PaIN […] L’homme au bras d’or a cessé de me faire peur ; au fond, c’est pas si tellement dur que ça en a l’air ». Et à propos de cette même traduction : "J'ai pas encore reçu l'algren (l'al mauvaise gren pousse vite) mais ça va venir à cause de la vérité entre parenthèses". Il annonce avoir quasi fini de traduire James Cain [Le Bluffeur, Gallimard, 1951] : "C'était plein d'une incroyable quantité de termes de bèse-bol et de foute-bol, ce qu'il est sportif ce cain-là, c'est terrible. Merci de tout ce que tu me dis. Mon moral revient très fort, parce que je me fais bien chier et que ça me permet de me rendre compte de ce que c’est que de se faire vraiment chier ". La première lettre de cet ensemble, au ton encore presque cérémonieux, évoque une version "retapée" de Vercoquin et le plancton que Vian va déposer chez Gallimard, ainsi que deux romans policiers de Dennis Wheatley que Queneau lui a prêtés [le 18 juillet 1945, Boris Vian signait son premier contrat d'auteur avec Gallimard pour Vercoquin]. Suit une carte de visite par laquelle Boris et Michelle invitent M. et Mme Queneau à une "séance pseudo-zazoue"  [une de ces surprises-parties que Vian organisait rue du Faubourg-Poissonnière, dans l’appartement des parents de sa première épouse, Michelle Léglise].Du ”Cher Monsieur" utilisé dans la première lettre, on passe à "Mon cher Raymond, puis à "Mon ptit Raymond", avant d'en venir à "M’sieur Keno", "Vieux frère", "Mon grand Rémon", "Mon petit bonhomme", "gros bonome", "Frère", "Maître", "Cher Baron", "Signor Che-no"...De la même façon, les salutations finales vont de l’expression de sentiments respectueux à des formules beaucoup plus familières : "ton pote" ou "Je t'embise" ou encore "Je vous en serre cinq douzaines, au tarif syndical". Très rapidement, c’est une profonde connivence intellectuelle qui s’installe entre les deux hommes, ainsi qu’un lien véritablement fraternel si ce n’est filial, le plus jeune encourageant parfois son aîné.De Saint-Tropez, en décembre 1949, Vian propose à Queneau de lui fait part de ses "cogitations infernales, comme ça, nous serons deux à les supporter".  Et à plusieurs reprises, il l’enjoint et s’enjoint à travailler : "Tâche un peu moyen de faire avancer ton roman sinon tu vas avoir un peu des histoires compliquées quand je reviendra. Et constate que je suis sérieux : je t’écris court et pas en phonétique" (10.12.1950).Lorsque Queneau est élu à l'académie Goncourt, en mars 1951, Vian envoie une lettre de félicitations sarcastiques, signée Poincaré : "Auras-tu un beau posthume avec fouilles de chaîne ? T'assiéras-tu dans un auteuil à poussin doré ? Et devras-tu cadencer un machecourt de risection ? En massepains vernis, et sous le bras, un château-cloque à deux bornes ? Je t’embaume mes falsifications les plus plantureuses / ton vieil habit / Poincaré". Puis il renouvelle ses félicitations, le 21 mars suivant, avec deux "tipoimes à la louange de Sally Mara pour amuser Quénon Gaucourt", sur une carte postale illustrée qu’il personnalise, envoyée sous une enveloppe à l’attention de Queneau chez Gallimard :"Que nos / vœux soient enfin comblés, facteur mon frère : aimons !Et porte à ce monsieur de chez Goncourt, Raymond / Queneau / Chez Gallimard (Gaston) et chez ce Sébastien Bottin, au 5, connu du Tout-Paris, 7ème [chiffre repassé au crayon],ce pli et tu seras reçu, Luc ou Bastien, / Par le sourire le plus tendre de Paris / Framboise ouverte sur trente-deux grains de riz / Car c’est là que mon cœur renaît, c’est là que j’aime !". Une véritable liberté de ton règne dans cette correspondance, que ce soit lorsque Vian partage la colère de Queneau contre la chanteuse Renée Lebas [interprète de La Croqueuse de Diamant, qui s’est permis de remplacer certaines des paroles de la chanson par un simple "la la la" : "J'ai partagé ton ire contre cette pute de Renée Lebas. Tu devrais l’engueuler. Un bon coup" ; lorsqu’il donne son avis sur Albert Camus : "Je lis L'Homme révolté de Camus. Il est branque. Ou bon pour remplacer Mauriac au Figaro. Ces gens-là ne sont pas relax. Sois-le. D’ailleurs tu l’es sensiblement, je croués, sur ce point crucial, le prouvent des blues signés Queneau", 9 janvier [1952], ou quand il traite de "vioque" Aimée Mortimer, présentatrice d’émissions de télévision et possible productrice d’une opérette à laquelle il travaille avec André Varel et Charly Bailly : "Je te glisse un mot entre deux couplets de cette opérette extra que je concocte avec varélébailly" (Mademoiselle Bonsoir, projet resté inabouti). Ou encore, après avoir donné des nouvelles de sa compagne Ursula et qu’il recommande comme remède à la bronchite "l’huile de fuck ".  Tout au long de leurs années d’amitié, il est forcément question de leurs réalisations respectives, dans le domaine littéraire, musical, ou théâtral.[Août 1950] : "Mon nopuscule sur le travail umain, lui, va bien ; je compte l'avoir terminé d'ici un an ou deux, à ce train-là ; mais on ne fait pas d'omelette sans passer au poulailler" (Traité de civisme, resté inachevé à la mort de Vian et publié en 1980 seulement)."Je travaille toujours à un roman [le futur Arrache-cœur] que je te passe dès mon retour à ce moment-là tu me diras s'il faut que je change de métier" (5 janvier 1951).En septembre 1952, Vian versifie allègrement pour suggérer à son "fratère" de profiter de ses vacances en attendant de travailler à son prochain "bouque" : "Il est bon que tu te reposes / Car tu as bien galimardé / Va déguster des glaces roses / Récure-bien ta glande à prose / Prépare la pour otre chose / Et te laisse pas emmardé ".Deux mois après la création de Mademoiselle Julie de Strindberg (dans une traduction de lui) : "J’ai oublié de tanbété la dernière fois que je t’ai vu - devais te rappeler mais fus submergé sous la subite nécessité d'adapter en 3 jours, du suédois et de la traduque angliche, Mlle Julie du père August – et j’ai succombé sous le nombre "(31 novembre 1952).En août 1953, il décrit le pavillon qu’il partage à Ouistreham avec Sylvia Montfort et le compagnon de celle-ci, le critique Jacques Lemarchant, pendant les représentations du Chevalier de Neige ou les Aventures de Lancelot au Festival dramatique de Normandie.Et revenu à Paris, alors qu’il retravaille au Goûter des généraux [pièce qui ne sera éditée et montée qu’à titre posthume], il parle de ses lectures autour des mathématiques : "le charmant ouvrage de Monsieur E. T. Bell que je me viens d'offrir ce midi et aussi ce que j'y lis, sûr. La Mathém., reine et servante des sciences, qu'il se nomme. T'as ty lu ? J'ai acheta aussi les ‘Célèbres problèmes mathématiques’ de Edouard Callandreau [...] et La Philosophie et mystique du nombre de Matila Ghyka. Bonne journée pour le libraire. Bell me charme le plus."La lettre datée "lundi combien ? 29 ou 30 avril" [1953] annonce l’envoi de son contrat pour Jelly Roll [traduction inaboutie d’une biographie du jazzman Jerry Roll Morton], évoque son déménagement cité Véron, ou encore une interview à venir à propos de sa traduction de l’ouvrage sur le jazz de Dorothy Baker, Le Jeune Homme à la trompette. "Le moral est tapeupré bon et je turbine quand maîme. J'ai phini ma petite pièce. Je me remets au roman pour le mettre au point et tout va repartir."À propos de L’Écume des jours, paru en mars 1947 et considéré par Queneau comme "le plus poignant des romans d’amour contemporains", mais victime du scandale provoqué par la publication de J’irai cracher sur vos tombes : "La maison Gallimard m'a annoncé avec chagrin qu'elle allait procéder à la destruction de 1200 Ecumes, et ça fait six ans que des tas de gens ont jamais pu l'obtenir. Ça m'a fait rire." L’année 1954 s’ouvre sur des vœux de belle année que Vian rédige sur le faire-part de son mariage avec Ursula [Kübler] surnommée l’ours, faire-part illustré d’une photographie du couple, à Saint-Tropez, assis dans la fameuse Brasier Torpédo de Vian.Il est bien sûr également question, à plusieurs reprises, des activités du Collège de Pataphysique : "Oui, j'ai reçu la circulaire sain(si)monienne et j'en ai eu de la peine. Une suggestion : si Gallimard phynançait les Cahiers ? Ça serait-y pas merdveilleux ? Je suis sûr que Gaston abandonnerait volontiers une cinquantaine de millions par an - voire un migliard ! pour encourager un tel projet."Et à sa façon ironique, Vian rend hommage au poète André Frédérique (qui se suicide en avril 1957), en faisant allusion au roman de Queneau, On est toujours trop bon avec les femmes, publié en 1947 sous le pseudonyme de son héroïne Sally Mara : "Qu'as-tu pensé de la mort de Frédérique ? Tu sais qu'il se buta pour la raison d'une bougresse. On est toujours trop khon avec les fâmes (comme ça on voit mieux d'où vient le mot). Est-ce qu'il ne serait pas juste de publier ses œuvres complètes ? Pour une fois qu'on avait un pohaîte digne de ce nom." Les sujets les plus sérieux comme les plus légers sont donc abordés, Boris Vian faisant de chacune de ses lettres un petit trésor d’humour, même pour avouer sa fatigue ou son amertume. La drôlerie décalée dont il fait preuve se révèle également à travers le papier choisi (une des lettres est écrite sur "un spécimen du plus joli des papiers de ma collection, fort brillante" et ornée d’un petit chromo contrecollé) ou par les cartes postales qu’il envoie à son ami (par exemple lors de son tour de chant durant l’été 1955), et qu'il n'hésite pas à légender, qu'elles soient illustrées de compositions très kitsch ou éditées par le Collège de Pataphysique. L’ensemble des lettres est complété par plusieurs documents :- deux télégrammes, le premier donnant l’adresse de Pierre Alsina à New York (janvier 1950), le second annonçant son arrivée "avec jubilation" au Pays Basque [où Queneau séjourne en septembre 1953] ;- carte postale vierge éditée par le Collège de Pataphysique (photographie de Vian par Michel Cot) ;- lettre dactylographiée des productions Warner invitant Raymond Queneau à une projection de cinéma le 18 avril 1950 ;- liste autographe de 9 mots de vocabulaire concernant la tonnellerie, dont un en anglais avec définition, également en anglais ; - copie dactylographiée de la lettre versifiée de septembre 1952.
Pour d'autres lettres à Raymond Queneau, voir lot 18.

Auktionsarchiv: Los-Nr. 53
Auktion:
Datum:
26.06.2023 - 04.07.2023
Auktionshaus:
Sotheby's
34-35 New Bond St.
London, W1A 2AA
Großbritannien und Nordirland
+44 (0)20 7293 5000
+44 (0)20 7293 5989
Beschreibung:

Vian, BorisCorrespondance à Raymond Queneau.[Paris ou Saint-Tropez, 1945-1959]. 37 lettres, cartes postales ou billets autographes signées. Ensemble 56 pages de formats divers, dont une enveloppe et un fragment de papier kraft ; toutes sauf une, montées sur onglets en un volume in-4 (345 x 255). Demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré, étui. Étourdissante correspondance à celui qui fut à la fois un père spirituel et un véritable complice de l’activité protéiforme de Boris Vian.  Boris Vian et Raymond Queneau, malgré une différence d’âge de dix-sept ans, avaient tout pour se lier étroitement, à commencer par une admiration mutuelle pour leurs œuvres respectives. Tous deux furent des membres éminents du Collège de Pataphysique (Queneau à partir de 1950 et Vian en 1952), tous deux des piliers du Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre, tous deux amateurs de mathématiques, par formation ou par goût, tous deux amateurs de science-fiction, de romans policiers, de fantaisies littéraires, tout deux sachant masquer un moral parfois en berne sous toutes sortes de facéties et de jeux de mots.
Queneau, qui travailla aux éditions Gallimard comme lecteur, traducteur de l'anglais, membre du comité de lecture, secrétaire général, puis directeur de l'Encyclopédie de la Pléiade, fut pour son cadet un soutien constant au sein de la maison Gallimard, non seulement pour la publication de ses œuvres, mais aussi en lui confiant différents travaux de traduction dont il est question dans ces lettres. Par exemple, lorsqu’en 1950, Vian renvoie son contrat de traduction signé pour L'Homme au bras d'or [de Nelson Agren] en remerciant Queneau : "t'es un grand homme, grâce à toi mes petits enfants auront du PaIN […] L’homme au bras d’or a cessé de me faire peur ; au fond, c’est pas si tellement dur que ça en a l’air ». Et à propos de cette même traduction : "J'ai pas encore reçu l'algren (l'al mauvaise gren pousse vite) mais ça va venir à cause de la vérité entre parenthèses". Il annonce avoir quasi fini de traduire James Cain [Le Bluffeur, Gallimard, 1951] : "C'était plein d'une incroyable quantité de termes de bèse-bol et de foute-bol, ce qu'il est sportif ce cain-là, c'est terrible. Merci de tout ce que tu me dis. Mon moral revient très fort, parce que je me fais bien chier et que ça me permet de me rendre compte de ce que c’est que de se faire vraiment chier ". La première lettre de cet ensemble, au ton encore presque cérémonieux, évoque une version "retapée" de Vercoquin et le plancton que Vian va déposer chez Gallimard, ainsi que deux romans policiers de Dennis Wheatley que Queneau lui a prêtés [le 18 juillet 1945, Boris Vian signait son premier contrat d'auteur avec Gallimard pour Vercoquin]. Suit une carte de visite par laquelle Boris et Michelle invitent M. et Mme Queneau à une "séance pseudo-zazoue"  [une de ces surprises-parties que Vian organisait rue du Faubourg-Poissonnière, dans l’appartement des parents de sa première épouse, Michelle Léglise].Du ”Cher Monsieur" utilisé dans la première lettre, on passe à "Mon cher Raymond, puis à "Mon ptit Raymond", avant d'en venir à "M’sieur Keno", "Vieux frère", "Mon grand Rémon", "Mon petit bonhomme", "gros bonome", "Frère", "Maître", "Cher Baron", "Signor Che-no"...De la même façon, les salutations finales vont de l’expression de sentiments respectueux à des formules beaucoup plus familières : "ton pote" ou "Je t'embise" ou encore "Je vous en serre cinq douzaines, au tarif syndical". Très rapidement, c’est une profonde connivence intellectuelle qui s’installe entre les deux hommes, ainsi qu’un lien véritablement fraternel si ce n’est filial, le plus jeune encourageant parfois son aîné.De Saint-Tropez, en décembre 1949, Vian propose à Queneau de lui fait part de ses "cogitations infernales, comme ça, nous serons deux à les supporter".  Et à plusieurs reprises, il l’enjoint et s’enjoint à travailler : "Tâche un peu moyen de faire avancer ton roman sinon tu vas avoir un peu des histoires compliquées quand je reviendra. Et constate que je suis sérieux : je t’écris court et pas en phonétique" (10.12.1950).Lorsque Queneau est élu à l'académie Goncourt, en mars 1951, Vian envoie une lettre de félicitations sarcastiques, signée Poincaré : "Auras-tu un beau posthume avec fouilles de chaîne ? T'assiéras-tu dans un auteuil à poussin doré ? Et devras-tu cadencer un machecourt de risection ? En massepains vernis, et sous le bras, un château-cloque à deux bornes ? Je t’embaume mes falsifications les plus plantureuses / ton vieil habit / Poincaré". Puis il renouvelle ses félicitations, le 21 mars suivant, avec deux "tipoimes à la louange de Sally Mara pour amuser Quénon Gaucourt", sur une carte postale illustrée qu’il personnalise, envoyée sous une enveloppe à l’attention de Queneau chez Gallimard :"Que nos / vœux soient enfin comblés, facteur mon frère : aimons !Et porte à ce monsieur de chez Goncourt, Raymond / Queneau / Chez Gallimard (Gaston) et chez ce Sébastien Bottin, au 5, connu du Tout-Paris, 7ème [chiffre repassé au crayon],ce pli et tu seras reçu, Luc ou Bastien, / Par le sourire le plus tendre de Paris / Framboise ouverte sur trente-deux grains de riz / Car c’est là que mon cœur renaît, c’est là que j’aime !". Une véritable liberté de ton règne dans cette correspondance, que ce soit lorsque Vian partage la colère de Queneau contre la chanteuse Renée Lebas [interprète de La Croqueuse de Diamant, qui s’est permis de remplacer certaines des paroles de la chanson par un simple "la la la" : "J'ai partagé ton ire contre cette pute de Renée Lebas. Tu devrais l’engueuler. Un bon coup" ; lorsqu’il donne son avis sur Albert Camus : "Je lis L'Homme révolté de Camus. Il est branque. Ou bon pour remplacer Mauriac au Figaro. Ces gens-là ne sont pas relax. Sois-le. D’ailleurs tu l’es sensiblement, je croués, sur ce point crucial, le prouvent des blues signés Queneau", 9 janvier [1952], ou quand il traite de "vioque" Aimée Mortimer, présentatrice d’émissions de télévision et possible productrice d’une opérette à laquelle il travaille avec André Varel et Charly Bailly : "Je te glisse un mot entre deux couplets de cette opérette extra que je concocte avec varélébailly" (Mademoiselle Bonsoir, projet resté inabouti). Ou encore, après avoir donné des nouvelles de sa compagne Ursula et qu’il recommande comme remède à la bronchite "l’huile de fuck ".  Tout au long de leurs années d’amitié, il est forcément question de leurs réalisations respectives, dans le domaine littéraire, musical, ou théâtral.[Août 1950] : "Mon nopuscule sur le travail umain, lui, va bien ; je compte l'avoir terminé d'ici un an ou deux, à ce train-là ; mais on ne fait pas d'omelette sans passer au poulailler" (Traité de civisme, resté inachevé à la mort de Vian et publié en 1980 seulement)."Je travaille toujours à un roman [le futur Arrache-cœur] que je te passe dès mon retour à ce moment-là tu me diras s'il faut que je change de métier" (5 janvier 1951).En septembre 1952, Vian versifie allègrement pour suggérer à son "fratère" de profiter de ses vacances en attendant de travailler à son prochain "bouque" : "Il est bon que tu te reposes / Car tu as bien galimardé / Va déguster des glaces roses / Récure-bien ta glande à prose / Prépare la pour otre chose / Et te laisse pas emmardé ".Deux mois après la création de Mademoiselle Julie de Strindberg (dans une traduction de lui) : "J’ai oublié de tanbété la dernière fois que je t’ai vu - devais te rappeler mais fus submergé sous la subite nécessité d'adapter en 3 jours, du suédois et de la traduque angliche, Mlle Julie du père August – et j’ai succombé sous le nombre "(31 novembre 1952).En août 1953, il décrit le pavillon qu’il partage à Ouistreham avec Sylvia Montfort et le compagnon de celle-ci, le critique Jacques Lemarchant, pendant les représentations du Chevalier de Neige ou les Aventures de Lancelot au Festival dramatique de Normandie.Et revenu à Paris, alors qu’il retravaille au Goûter des généraux [pièce qui ne sera éditée et montée qu’à titre posthume], il parle de ses lectures autour des mathématiques : "le charmant ouvrage de Monsieur E. T. Bell que je me viens d'offrir ce midi et aussi ce que j'y lis, sûr. La Mathém., reine et servante des sciences, qu'il se nomme. T'as ty lu ? J'ai acheta aussi les ‘Célèbres problèmes mathématiques’ de Edouard Callandreau [...] et La Philosophie et mystique du nombre de Matila Ghyka. Bonne journée pour le libraire. Bell me charme le plus."La lettre datée "lundi combien ? 29 ou 30 avril" [1953] annonce l’envoi de son contrat pour Jelly Roll [traduction inaboutie d’une biographie du jazzman Jerry Roll Morton], évoque son déménagement cité Véron, ou encore une interview à venir à propos de sa traduction de l’ouvrage sur le jazz de Dorothy Baker, Le Jeune Homme à la trompette. "Le moral est tapeupré bon et je turbine quand maîme. J'ai phini ma petite pièce. Je me remets au roman pour le mettre au point et tout va repartir."À propos de L’Écume des jours, paru en mars 1947 et considéré par Queneau comme "le plus poignant des romans d’amour contemporains", mais victime du scandale provoqué par la publication de J’irai cracher sur vos tombes : "La maison Gallimard m'a annoncé avec chagrin qu'elle allait procéder à la destruction de 1200 Ecumes, et ça fait six ans que des tas de gens ont jamais pu l'obtenir. Ça m'a fait rire." L’année 1954 s’ouvre sur des vœux de belle année que Vian rédige sur le faire-part de son mariage avec Ursula [Kübler] surnommée l’ours, faire-part illustré d’une photographie du couple, à Saint-Tropez, assis dans la fameuse Brasier Torpédo de Vian.Il est bien sûr également question, à plusieurs reprises, des activités du Collège de Pataphysique : "Oui, j'ai reçu la circulaire sain(si)monienne et j'en ai eu de la peine. Une suggestion : si Gallimard phynançait les Cahiers ? Ça serait-y pas merdveilleux ? Je suis sûr que Gaston abandonnerait volontiers une cinquantaine de millions par an - voire un migliard ! pour encourager un tel projet."Et à sa façon ironique, Vian rend hommage au poète André Frédérique (qui se suicide en avril 1957), en faisant allusion au roman de Queneau, On est toujours trop bon avec les femmes, publié en 1947 sous le pseudonyme de son héroïne Sally Mara : "Qu'as-tu pensé de la mort de Frédérique ? Tu sais qu'il se buta pour la raison d'une bougresse. On est toujours trop khon avec les fâmes (comme ça on voit mieux d'où vient le mot). Est-ce qu'il ne serait pas juste de publier ses œuvres complètes ? Pour une fois qu'on avait un pohaîte digne de ce nom." Les sujets les plus sérieux comme les plus légers sont donc abordés, Boris Vian faisant de chacune de ses lettres un petit trésor d’humour, même pour avouer sa fatigue ou son amertume. La drôlerie décalée dont il fait preuve se révèle également à travers le papier choisi (une des lettres est écrite sur "un spécimen du plus joli des papiers de ma collection, fort brillante" et ornée d’un petit chromo contrecollé) ou par les cartes postales qu’il envoie à son ami (par exemple lors de son tour de chant durant l’été 1955), et qu'il n'hésite pas à légender, qu'elles soient illustrées de compositions très kitsch ou éditées par le Collège de Pataphysique. L’ensemble des lettres est complété par plusieurs documents :- deux télégrammes, le premier donnant l’adresse de Pierre Alsina à New York (janvier 1950), le second annonçant son arrivée "avec jubilation" au Pays Basque [où Queneau séjourne en septembre 1953] ;- carte postale vierge éditée par le Collège de Pataphysique (photographie de Vian par Michel Cot) ;- lettre dactylographiée des productions Warner invitant Raymond Queneau à une projection de cinéma le 18 avril 1950 ;- liste autographe de 9 mots de vocabulaire concernant la tonnellerie, dont un en anglais avec définition, également en anglais ; - copie dactylographiée de la lettre versifiée de septembre 1952.
Pour d'autres lettres à Raymond Queneau, voir lot 18.

Auktionsarchiv: Los-Nr. 53
Auktion:
Datum:
26.06.2023 - 04.07.2023
Auktionshaus:
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34-35 New Bond St.
London, W1A 2AA
Großbritannien und Nordirland
+44 (0)20 7293 5000
+44 (0)20 7293 5989
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