Beschreibung:

Très rare paire d'aiguières en forme de gourde en cristal finement taillé. Le col à pans coupé, les côtés à panse aplatie présentent sur une face un monogramme FA, sur l'autre un blason couronné. L'ensemble est souligné d'un dais à glands. Sur les côtés des masques de satyres à chutes festonnées. Belle monture de bronze ciselé doré. Le déversoir à tête d'aigle articulé rehaussé de cabochons d'agates et de pierres semi précieuses. Base à festons de feuilles d'acanthes. Venise, XVIIème siècle H: 44,5 - L: 19 cm Cette rarissime paire de vases, d'une forme si particulière, illustre l'un des domaines les plus représentatifs des arts décoratifs européens destiné exclusivement aux souverains, princes et grands collectionneurs du temps. En effet, à partir des XVe et XVIe siècles, probablement sous l'impulsion des princes de Médicis à Florence, nous voyons se développer un grand intérêt pour une nouvelle forme artistique caractérisée par l'association de matériaux rares: marbres, pierres dures, pierres précieuses ou semi-précieuses, cristal, verre, nacre...et de montures en or, vermeil, cuivre, bronze, argent, émail...le tout réalisé par les meilleurs artistes et artisans du temps et relevant souvent techniquement et esthétiquement du travail délicat et précis des maîtres orfèvres. De nos jours, des collections exceptionnelles et quasi intactes d'une catégorie bien précise de ce type d'objets d'art, les gemmes, sont parvenues jusqu'à nous, citons notamment la collection dont Philippe V hérita de son père Louis, Grand Dauphin de France et fils de Louis XIV, qui appartient aux collections du Musée du Prado à Madrid (voir Letizia Arbeteta Mira, El Tesoro del Delfin, Catalogo Razonado, 2001); ainsi que la collection de gemmes de la Couronne française conservée au Musée du Louvre (voir le catalogue de l'exposition Les Gemmes de la Couronne, Musée du Louvre, Département des objets d'art, RMN, 27 avril-23 juillet 2001). Les objets proposés furent réalisés dans ce contexte particulier. Leur composition s'inspire directement de la forme des gourdes ou flacons de pèlerin qui elle-même trouve son origine dans la gourde à eau en cuir que le pèlerin ou le voyageur du Moyen Age transportait avec lui pour étancher sa soif. La forme s'est progressivement développée pour aboutir aux exemples français réalisés en argent vers la fin du XVIe siècle (voir T. Schroder, The Gilbert Collection of Silver and Gold, Los Angeles, 1988, p.455). Particulièrement recherchées, ces gourdes en argent connurent un regain d'intérêt au milieu du XVIIe siècle; ainsi, certaines gravures mettent en scène de telles pièces, notamment une oeuvre de Martin Engelbrecht qui représente le grand buffet en argent de la Rittersaal du Berlin Schloss dans les premières années du XVIIIe siècle. Pour des objets de matériaux différents mais tous empruntant cette forme spécifique en gourde de pèlerin voir notamment: une gourde en majolique réalisée en 1581 par l'artisan français Antoine Sigalon qui appartient aux collections du Metropolitan Museum of Art à New York; une bouteille en nacre montée en argent doré conservée au Staatliche Kunstsammlungen de Dresde (illustrée dans le catalogue de l'exposition Princely Splendor, The Dresden Court 1580-1620, The Metropolitan Museum of Art, NY, octobre 2004-janvier 2005, p.217, catalogue n°101); ainsi qu'un flacon en argent, d'une paire, qui figure dans la collection des comtes Spencer à Althorp (reproduite dans D. Cooper, Trésors d'Art des Grandes Familles, 1965, p.214). Enfin, signalons quelques rares autres exemplaires connus, en verre ou en cristal, montés en cuivre ou bronze doré: particulièrement un premier modèle qui se trouvait anciennement dans la collection Seagram (vente Artcurial, Paris, le 15 mars 2005); une paire qui a été vendue chez Christie's, à New York, le 22 novembre 2011, lot 91; enfin, une seconde paire a été proposée aux enchères lors de la dispersion de la collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé (vente Christie's, Paris