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Auktionsarchiv: Los-Nr. 78

Stendhal, Henri Beyle ditLettre

Schätzpreis
2.200 € - 3.200 €
ca. 2.398 $ - 3.489 $
Zuschlagspreis:
2.794 €
ca. 3.046 $
Auktionsarchiv: Los-Nr. 78

Stendhal, Henri Beyle ditLettre

Schätzpreis
2.200 € - 3.200 €
ca. 2.398 $ - 3.489 $
Zuschlagspreis:
2.794 €
ca. 3.046 $
Beschreibung:

Stendhal, Henri Beyle ditLettre autographe signée à sa sœur, Pauline Périer-Lagrange.[Brunswick], ce 29 octobre 1808.
5 pages in-4 (250 x 203 mm). Signée "Dubois" ; adresse, cachet de cire rouge.
Admirable lettre dans laquelle le jeune Stendhal, qui n’est encore qu’Henri Beyle adjoint aux commissaires des guerres en poste à Brunswick, décrit sa passion pour la musique, l’Italie et les femmes. "Je veux t’écrire toute ma vie, et au-delà même comme Mme Necker".  Comparant les émotions que procurent les arts par rapport à celles de l’amour, il se confie, sans arranger ses pensées, à sa jeune sœur, et décrit l’émoi que lui a procuré un orgue jouant dans une rue voisine de la sienne, évoquant la première fois où la musique lui plut, lorsqu’il entendit El Matrimonio secreto [opéra bouffe de Domenico Cimarosa] à Novare quelques jours avant la bataille de Marengo.
"La musique me plut comme exprimant l’amour. Il me semble qu’aucune des femmes que j’ai eues ne m’a donné un moment aussi doux et aussi peu acheté, que celui que je dois à la phrase de musique que je viens d'entendre. Ce plaisir est venu sans que je m'y attendisse en aucune manière, il a rempli toute mon âme. Je t'ai conté une sensation semblable que j'eus une fois à Frascati lorsque A[dèle Rebuffel, une jeune cousine dont il s’était épris] s'appuya sur moi en regardant un feu d'artifice. Ce moment a été, ce me semble, le plus heureux de ma vie. Il faut que le plaisir ait été bien sublime puisque je m'en souviens encore quoique la passion qui me le faisait goûter soit entièrement éteinte. […] les arts qui commencent à nous plaire en peignant les jouissances des passions, et pour ainsi dire par réflexion, comme la lune s’éclaire, peuvent finir par nous donner des jouissances plus fortes que les passions. Je suis tous les jours étonné du peu de plaisir que me donnent les femmes allemandes, les françaises m'ennuient, je place mon bonheur de ce genre, en Italie. Si le hazard me donnait 40 mille liv. de rente, j'irais en Italie. Je présume qu'au bout d'un an ces belles romaines, ces spirituelles vénitiennes, seraient pour moi comme des Allemandes. Ces dernières ont la fraîcheur la plus parfaite, leurs couleurs sont de la santé visible, les autres ont la passion, mais la passion qu’on inspire et qu’on ne partage pas ennuie.Dans les arts, c'est tout autre chose, il peut chaque jour y avoir du nouveau. […]Je crois m'appercevoir que ce bonheur est plus fort que celui que donne les passions. Si cela se confirme, je serai bien près du bonheur que je me figurais jusqu'ici dans une passion quelconque, l'Ambition, l'amour, etc. donnant continuellement des moments comme celui de Frascati". Stendhal poursuit en parlant de la situation de sa sœur, mariée avec un excellent homme, et qu’il encourage à cultiver les plaisirs artistiques. "Si tu as le bonheur de ne pas être grosse de sitôt [phrase remplacée dans l’édition Martineau par "si rien ne t’arrête"], tu pourrais faire un tour à Turin et pousser jusqu’à Milan". Il lui suggère également de se procurer l’ouvrage de Sismondi, Histoire des républiques italiennes du moyen âge, et de se constituer une agréable collection de livres, puisqu’elle est assez riche pour cela."Une nouvelle raison pour vous mesdames de cultiver la sensibilité aux arts, c'est le changement total qui vous attend au milieu de votre carrière. Il faut être diablement bien à cheval pour n'être pas désarçonné, au moment où les hommes commencent à dire de vous, ho, c'est une femme raisonnable. Je parie que cette réflexion te paraîtra outrée, c’est que tu t’es fait une âme d’artiste, tu as suivi d’avance mon conseil". Il conclut sa lettre en évoquant son désir de se rendre en Espagne, d’y apprendre la langue, et de revenir ensuite en Italie, lorsqu’il aura 30 ans [il est alors âgé de 25 ans].

Auktionsarchiv: Los-Nr. 78
Auktion:
Datum:
26.06.2023 - 04.07.2023
Auktionshaus:
Sotheby's
34-35 New Bond St.
London, W1A 2AA
Großbritannien und Nordirland
+44 (0)20 7293 5000
+44 (0)20 7293 5989
Beschreibung:

Stendhal, Henri Beyle ditLettre autographe signée à sa sœur, Pauline Périer-Lagrange.[Brunswick], ce 29 octobre 1808.
5 pages in-4 (250 x 203 mm). Signée "Dubois" ; adresse, cachet de cire rouge.
Admirable lettre dans laquelle le jeune Stendhal, qui n’est encore qu’Henri Beyle adjoint aux commissaires des guerres en poste à Brunswick, décrit sa passion pour la musique, l’Italie et les femmes. "Je veux t’écrire toute ma vie, et au-delà même comme Mme Necker".  Comparant les émotions que procurent les arts par rapport à celles de l’amour, il se confie, sans arranger ses pensées, à sa jeune sœur, et décrit l’émoi que lui a procuré un orgue jouant dans une rue voisine de la sienne, évoquant la première fois où la musique lui plut, lorsqu’il entendit El Matrimonio secreto [opéra bouffe de Domenico Cimarosa] à Novare quelques jours avant la bataille de Marengo.
"La musique me plut comme exprimant l’amour. Il me semble qu’aucune des femmes que j’ai eues ne m’a donné un moment aussi doux et aussi peu acheté, que celui que je dois à la phrase de musique que je viens d'entendre. Ce plaisir est venu sans que je m'y attendisse en aucune manière, il a rempli toute mon âme. Je t'ai conté une sensation semblable que j'eus une fois à Frascati lorsque A[dèle Rebuffel, une jeune cousine dont il s’était épris] s'appuya sur moi en regardant un feu d'artifice. Ce moment a été, ce me semble, le plus heureux de ma vie. Il faut que le plaisir ait été bien sublime puisque je m'en souviens encore quoique la passion qui me le faisait goûter soit entièrement éteinte. […] les arts qui commencent à nous plaire en peignant les jouissances des passions, et pour ainsi dire par réflexion, comme la lune s’éclaire, peuvent finir par nous donner des jouissances plus fortes que les passions. Je suis tous les jours étonné du peu de plaisir que me donnent les femmes allemandes, les françaises m'ennuient, je place mon bonheur de ce genre, en Italie. Si le hazard me donnait 40 mille liv. de rente, j'irais en Italie. Je présume qu'au bout d'un an ces belles romaines, ces spirituelles vénitiennes, seraient pour moi comme des Allemandes. Ces dernières ont la fraîcheur la plus parfaite, leurs couleurs sont de la santé visible, les autres ont la passion, mais la passion qu’on inspire et qu’on ne partage pas ennuie.Dans les arts, c'est tout autre chose, il peut chaque jour y avoir du nouveau. […]Je crois m'appercevoir que ce bonheur est plus fort que celui que donne les passions. Si cela se confirme, je serai bien près du bonheur que je me figurais jusqu'ici dans une passion quelconque, l'Ambition, l'amour, etc. donnant continuellement des moments comme celui de Frascati". Stendhal poursuit en parlant de la situation de sa sœur, mariée avec un excellent homme, et qu’il encourage à cultiver les plaisirs artistiques. "Si tu as le bonheur de ne pas être grosse de sitôt [phrase remplacée dans l’édition Martineau par "si rien ne t’arrête"], tu pourrais faire un tour à Turin et pousser jusqu’à Milan". Il lui suggère également de se procurer l’ouvrage de Sismondi, Histoire des républiques italiennes du moyen âge, et de se constituer une agréable collection de livres, puisqu’elle est assez riche pour cela."Une nouvelle raison pour vous mesdames de cultiver la sensibilité aux arts, c'est le changement total qui vous attend au milieu de votre carrière. Il faut être diablement bien à cheval pour n'être pas désarçonné, au moment où les hommes commencent à dire de vous, ho, c'est une femme raisonnable. Je parie que cette réflexion te paraîtra outrée, c’est que tu t’es fait une âme d’artiste, tu as suivi d’avance mon conseil". Il conclut sa lettre en évoquant son désir de se rendre en Espagne, d’y apprendre la langue, et de revenir ensuite en Italie, lorsqu’il aura 30 ans [il est alors âgé de 25 ans].

Auktionsarchiv: Los-Nr. 78
Auktion:
Datum:
26.06.2023 - 04.07.2023
Auktionshaus:
Sotheby's
34-35 New Bond St.
London, W1A 2AA
Großbritannien und Nordirland
+44 (0)20 7293 5000
+44 (0)20 7293 5989
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