Beschreibung:

Siège de traîneau en bois sculpté et peint à décor de rocailles et guirlandes de fleurs, coquille et feuillages polychromes sur fond jaune. XVIIIe siècle. Muni de roulettes. H.: 72 cm, L.: 145 cm P.: 86 cm. Provenance: Ancienne collection de Guy de Maupassant (1850- 1893), sa vente à l'hôtel Drouot salle 5, étude Coulon, les 20 et 21 décembre 1893. Les années 1880 voient la publication du premier roman de Guy de Maupassant (1850-1893), Une Vie (1883), elles sont également marquées par la naissance de sa fille Jeanne, à une époque où Maupassant souffre déjà considérablement du mal qui l'emportera en 1893. Agé d'une trentaine d'années, il emménage, entre plusieurs voyages en Algérie, sur la Côte d'Azur, en Sicile et à Rome, au 10 rue Montchanin (aujourd'hui rue Jacques Bingen) dans le 17e arrondissement de Paris, près du parc Monceau. C'est à cette époque qu'il fait l'acquisition de ce siège de traîneau qualifié à l'époque d'hollandais. Entrés à son service en novembre 1883, Jacques Tassart écrit dans ses Souvenirs, publiés en 1911: 9 avril [sic] - Mon maître, s'étant habillé pour aller faire des visites, me sonne pour me demander si j'avais l'intention de sortir l'après-midi: «C'est, me dit-il, parce que, hier [le 8 avril 1784], j'ai fait l'emplette d'un traîneau hollandais, je voudrais que vous soyez là pour le recevoir» Le lendemain, Monsieur me pria de l'aider à mesurer un coupon de soie bleue Louis XVI; il voulait voir s'il y en aurait assez pour recouvrir son traîneau. «Car, voyez-vous, me dit-il, ce jaune qui le recouvre est piteux. Garni de cette soie bleue, je crois qu'il sera très bien, sa forme est plutôt originale. Vous voyez ces grosses fleurs qui contournent le dossier ? Elles ne sont pas fines, mais les couleurs sont bien du temps et du genre hollandais. Envoyez donc un mot à Kakléter [en fait Calkleter], mon tapissier, pour le prier de venir faire ce petit travail... ou mieux je vais lui envoyer un petit bleu, cela le fera se presser» Ce récit particulièrement touchant illustre l'attention particulière que Maupassant portait à sa récente acquisition. Nous sommes en 1884 ou 1885 et le traîneau mentionné dès décembre 1885 dans l'article de Gabriel de Surtac (Gabriel Astruc), La Journée, 15 décembre 1885: chose curieuse, un grand traîneau hollandais en bois sculpté, capitonné de bleu-clair, et faisant l'office de chaise longue. Le dessin signé de Le Natur sur lequel il apparaît clairement illustrait le texte d'Astruc (ill.). Il est très intéressant de noter que le tissu bleu posé par le tapissier de Maupassant est toujours celui qui recouvre actuellement le siège. Un article du journaliste Adolphe Brisson, sous le pseudonyme de Sergines, décrit en 1886 l'appartement de Guy de Maupassant en mentionnant plus particulièrement son siège de traîneau (Les Annales politiques et littéraires, 13 juin 1886, sous la rubrique «Les Échos de Paris»):[…] Le petit hôtel de la rue Montchanin, qu'il habite avec son cousin, le peintre Louis Le Poittevin ne s'ouvre que pour les amis et c'est à ce titre que nous avons pu pénétrer dans l'intérieur du jeune maître et qu'il nous est permis d'initier le public à sa vie, à ses habitudes et à sa manière de travailler. M. Guy de Maupassant occupe le premier étage [sic] de la maison. Il a meublé son appartement avec un goût exquis, écartant impitoyablement le meuble banal et les bibelots de contrebande. La Normandie, son pays natal, qu'il a fouillée depuis dix ans, lui a fourni ses vieilles crédences, ses belles faïences de Rouen. De ses voyages il a rapporté des tapisseries superbes, de remarquables échantillons de porcelaines de Saxe et surtout un traîneau hollandais qui occupe le milieu de son cabinet de travail et qui fait un siège d'une merveilleuse originalité. Les traîneaux, comme les carrosses relèvent d'un savoir-faire particulier qui s'apparente historiquement aux arts du spectacle; au XVIIIe siècle à la Cour de France, ces voitures d'un type particulier relevaient d'ailleurs de l'in