Beschreibung:

Rare parure rituelle (Tib. Rus. Rgyan) Tibet / Népal, XVIème siècle Os, perles en coquillage, traces de pigments de couleurs. 60 x 60 cm. pour le tablier L.: 26 cm. pour la tiare. Souvent décrits comme “parures chamaniques”, ces tabliers et tiares tantriques sont portés par les moines bouddhistes lors des danses du “cham”, qui sont célébrées chaque année, dans l’enceinte des monastères, au Tibet. Ils mettent en scène les dieux et les héros du bouddhisme et seules certaines danses ésotériques, reprenant la chorégraphie des cosmogrammes de l’univers, font intervenir les divinités, représentées par les moines parés de ces attributs traditionnels. La tradition fait remonter ce type d’objet à Krsnacarya qui était un maître tantrique indien du VIIIème siècle, et qui l’aurait reçu d’une Dakini (un être céleste). Ce rarissime ensemble, magnifiquement conservé et homogène, excepté quelques rares plaquettes manquantes, est un des plus complets concernant l’iconographie relatives au bouddhisme tantrique tibétain connu à ce jour. Compte-tenu de l’ancienneté, le textile sur lequel il était fixé a disparu : il représentait vraisemblablement une tête de mahakala, entourée de têtes tranchées et de citipatis sur le pourtour, et de franges en partie basse, comme l’on peut le voir dans les exemplaires plus tardifs. Ce tablier se compose de trois parties : La partie supérieure comprenant sept plaquettes verticales, avec chakrasamvara en partie centrale entouré successivement de deux dakinis dansantes tenant le kapala et le danda dans le giron, de deux citiâtis parmi des rinceaux et de deux vajrapanis dans des plaques trapézoïdales aux extrémités. La plaque centrale qui représente chakrasamvara en yab-um, en union mystique avec sa parèdre ou complément féminin, foule aux pieds deux divinités courroucées. Il est couronné au-dessus par les cinq bouddhas de méditation, ou dyani-bouddhas au sommet se trouve garuda entouré de deux apsaras volantes et en partie basse un vajrapani entouré de deux dakinis dansantes. La qualité unique de cette plaquette s’exprime dans la précision des rinceaux, mais surtout par les quatorze personnages qui y sont représentés dans une miniaturisation d’un très grand raffinement. Au centre du tablier se trouve un ensemble rare de treize médaillons circulaires et perlés , dans lesquels évoluent des «apsaras» dansantes. En partie basse se trouvent sept Kirthimukhas, ou face de gloire, tenant entre leurs mains les joyaux représentés par les perlages du tablier. Les deux éléments extérieurs représentent des têtes de citipatis, crachant également les joyaux. Les doubles perlages sortant de la bouche des kirthimukhas se terminent par de fines clochettes de métal, qui sonnaient lors des danses masquées des moines. Le style des rinceaux qui est identique sur l’ensemble des plaquettes ainsi que la patine, confirment que cet ensemble est parfaitement homogène et réalisé dans le même atelier probablement Newar. Ensemble présenté et reproduit : -Musée Saint Antoine l’abbaye, Bijoux du monde, reflets d’éternité, 1996, reproduit ss num 44. -Musée départemental de l’abbaye de St Riquier, Démons et merveilles, Arts traditionnels de la Chine et du Tibet, 1995, préface Gilles Béguin reproduit ss num. 35. -L’art Newar de la vallée de Kathmandu, 1990, texte Gilles Béguin reproduit page 76. Pour des exemplaires similaires voir le tablier conservé au Musée des arts asiatiques de Vienne, de même époque. Voir : Dieux et démons de l’Himalaya : Catalogue exposition, grand palais, Paris, du 25 mars au 27 juin 1977, p.265, musée de Rotterdam. Pour une étude complète de ce type de tablier, voir la thèse de Jean Luc Estournel.