Beschreibung:

Proust, Marcel LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À HORACE DE LANDAU. CE JEUDI [24 MAI 1894]. 4 p. in-8 (180 x 115 mm), à l’encre noire, signées "Marcel Proust". Très belle lettre sur le bonheur à celui qui lui inspira le personnage de Nissim Bernard. "J’ai pensé si souvent à vous depuis que je ne vous ai pas vu que j’aurais pu vous écrire tous les jours. Ne tremblez pas rétrospectivement ! Vous trouverez peut être mon souhait de bonheur un peu vague. Mais c’est le caractère des souhaits prudents. On me fait faire des dissertations pour prouver qu’il y a un bonheur. Comme je suis bon élève et bon fils je les fais, comme je suis mauvais philosophe, je les fais mal. Mais surtout je n’y crois pas. Je crois que chacun a son bonheur à soi – quand il l’a. Et un souhait qui appellerait sur quelqu’un le bonheur dont il pourrait ne pas vouloir serait un souhait bien imprudent. Je ne sais pas au juste ce que vous désirez, aussi je fais des vœux très vagues. Mais je n’ai guères d’inquiétude sur leur réalisation. Vous avez le bonheur en vous : c’est la plus sure manière de l’avoir si ce n’est pas la seule." Enfin, il espère le revoir à Trouville, et pouvoir se "retremper un peu dans les flots roux gris de votre barbe, bleus vifs de vos yeux et bleu pâle de votre cravate." Réputé auprès des bibliophiles pour sa très belle bibliothèque, Horace de Landau avait pour nièce favorite Madame Hugo Finaly, à laquelle il offrit la villa des Frémonts à Trouville où Proust séjournera en 1892. Représentant la banque Rothschild à Turin, Landau y fit fortune. La villa Landau-Finaly de Florence passe pour être une des plus belles de la ville. Son neveu Hugo Finaly puis son petit neveu Horace Finaly firent de brillantes carrières comme banquiers. Horace de Landau inspira à Proust Nissim Bernard auquel il donna les mêmes traits que ceux qu’il énumère à la fin de sa lettre. Références : Kolb, Correspondance, I, n° 157, reprise partiellement dans J.-Y. Tadié, Marcel Proust biographie, I, p. 171.