Beschreibung:

PETITE MALLE DE VOYAGE en cuir brodé, travail indo-portugais, XVIIe siècle. MATIÈRE : Âme en vannerie tressée recouvert d'un cuir épais (vache ?), toutes les arrêtes renforcées ou gansées du même cuir cousu. DIMENSIONS : Hauteur 28 cm, profondeur 28 cm, longueur 44 cm. FERRURE : Sur le couvercle, 5 pentures en fer découpées et gravées sont recourbées sur les bords, avec leurs extrémités en rosace ajourée sur des velours grenat : la penture médiane est articulée devant avec le moraillon de la serrure, celle-ci est appliquée sur la façade de la malette par une plaque quadrilobée et ajourée, doublée d'un velours grenat (manque la clef ). Les deux pentures latérales forment charnières sur la face arrière, des poignées de préhension sont fixées sur les faces latérales. DÉCOR : Selon l'habitude immémoriale en Orient du remplissage de tout l'espace disponible, les surfaces entre ces fers sont décorées de fines broderies de cordonnet torsadé qui traverse le cuir (lin ? soie ?) toutes les variétés de point sont pratiquées pour rendre la texture de chaque motif. Ces broderies sont organisées en 19 cartouches rectangulaires bordées à l'extérieur d'une frise de demi-disques rayonnants : 8 sont ornés d'entrelacs sans figure et 10 d'un quadrupède au milieu de ces entrelacs, toujours le même animal à longues oreilles et longue queue (chien?). Le panneau de façade comporte deux seigneurs identiques en vis à vis de part et d'autre de la serrure, dessinés avec le même poncif retourné. Celui-ci est vêtu d'un pourpoint à basques évasées, coiffé d'un chapeau empanaché, il se tient debout sur un entablement sous lequel se love un rongeur ; son attitude est fière, un bâton à la main, devant son animal qui fait le beau ; derrière lui, un cobra semble surgir d'un récipient posé à terre. La face arrière et le dessous de la petite malle ne sont pas décorés. L'intérieur présente un compartiment dans le sens de la longueur, lui même partagé en deux. Toutes les surfaces de l'intérieur sont gainées de la toile de lin d'origine, plutôt lâche, les arrêtes sont gansées de cuir. Comparaison: Avec des formats voisins, toujours une âme en vannerie, des ferrures très semblables voire identiques et souvent le même animal dans le décor brodé, ce type d'objet est parfaitement identifié, parfois attribué à des ateliers ibériques du continent ou des Amériques. Le corpus des pièces répertoriées est des plus restreints ; nous en avons retrouvé 4 : deux au musée de Cluny (1), une dans la collection Vuitton, ces trois pièces publiées par Clouzot (2), la quatrième dans un musée allemand (3). La mallette de la collection Vuitton est la plus ancienne des vingt pièces historiques qui ont fait l'objet de la donation Louis Vuitton en 1987 au Musée des Arts Décoratifs de Paris (inv.987.32). Dans l'exposition L'invitation au voyage, montée par ce musée la même année autour de cette donation, cette mallette porte le n°4 dans le catalogue, elle a été choisie pour illustrer la couverture parmi des malles réalisées par la maison Vuitton. Par rapport à la publication de Clouzot, une précision est apportée dans la notice succincte de 1987 : travail indo-portugais. Nous pouvons rapprocher en effet le décor de notre mallette aux colcha entièrement brodées de soie monochrome : horreur du vide, graphisme tout à la fois naïf pour les ornements mais élégant pour les figures. Quoi qu'il en soit, ce bagage pour transporter sans doute l'or et les pierres précieuses, qui allie légèreté, sécurité et raffinement, ne pouvait être destiné qu'aux plus importants personnages de leur époque. Le plus orné peut-être des rares exemplaires connus, il est arrivé jusqu'à nous sans dégradation ni restauration, juste d'infimes usures à la broderie, en dépit de trois à quatre cent ans et de combien de traversées sur les galions ou caravelles ! Ce type de coffret ne figure pas dans les accessoires du costume et du mobilier de Henri René D’Allemagne. 1 - en dépôt depuis 1943 dans un château de la Loire géré par le