Beschreibung:

MONNIER, Henry " Le Char de l'État navigue sur un volcan " Dessin original, signé et daté " Henry Monnier 71 " à l'encre en bas à droite, avec légende manuscrite " Le char de l'État navigue sur un volcan ", à l'encre en bas. Aquarelle, encre de Chine à la plume et au lavis, rehauts de gouache, traits préparatoires à la mine de plomb, 21, 5 x 14 cm, encadrement sous verre. Double autoportrait. Également intitulé " La lecture de la gazette ", ce dessin met en scène deux personnages d'antichambre, dans un des grands moments d'étalage de la suffisance prudhommesque, celui du commentaire de l'actualité. Henry Monnier connaissait bien l'ambiance des cercles du pouvoir, lui qui, dans sa jeunesse, avait occupé un petit emploi au ministère de la Justice. Une des grandes compositions satiriques de la maturité. Si Henry Monnier a débuté par des illustrations pour chansons et par des caricatures de mœurs, piquantes et spirituelles, il a produit à la fin de sa vie une série d'importantes aquarelles illustrant souvent les sentences de son Joseph Prudhomme mais dans une atmosphère dramatique - dont plusieurs doubles autoportraits similaires à celui-ci. Les leçons que Monnier avaient prises auprès de Gros et de Girodet trouvent ici leur pleine justification. Henry Monnier créateur de Joseph Prudhomme. Écrivain, comédien, caricaturiste, homme d'esprit (que Balzac représenta sous les traits de Bixiou dans Les Employés), Henry Monnier créa le personnage de monsieur Prudhomme en 1830, dans son recueil littéraire Scènes populaires. Au fil des œuvres, il donna une véritable épaisseur à cette caricature du bourgeois ridicule gonflé de son importance, dans Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme (pièce écrite avec Gustave Vaez, publiée en 1853) ou encore dans Les Mémoires de monsieur Joseph Prudhomme (1857). " Le Char de l'État... " : une des célébrissimes sentences de Joseph Prudhomme. La légende du présent dessin est en effet extraite de la pièce Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme, qu'Henry Monnier créa lui-même dans le rôle titre à l'Odéon le 23 novembre 1852. Dans la scène 3 de l'acte III, Monsieur Prudhomme, souhaitant se présenter aux élections, tente de dicter à son ami Decreux le texte d'un article afin de soutenir sa candidature : " - Prudhomme : Un intervale pour me recueillir. (Il se met en posture de méditation.) [...]. Ah ! Écrivez ! L'inspiration me vient. - Ducreux : Diable ! Il faut en profiter. - Prudhomme, dictant : "L'horizon se rembrunit." - Durceux : Bien ! - Prudhomme : Oui, je crois que le début est assez neuf. Est-ce écrit ? - Ducreux : Oui ! - Prudhomme, dictant : "Le char de l'État..." - Ducreux : Très bien ! - Prudhomme : "Navigue sur un volcan." - Ducreux : Bravo ! Ça n'est pas commun ça : un char qui navigue. - Prudhomme : Sur un volcan. (Il se promène en répétant ce qu'il vient de dicter, comme pour trouver la suite). Le char de l'État... Le char... le char... (À Ducreux) Je ne vais pas trop vite ? " On trouve un écho de cette métaphore audacieuse chez Flaubert, dans Madame Bovary (1857) : le conseiller de préfecture venu prononcer un discours aux comices agricoles, rend grâce au roi " qui dirige à la fois d'une main si ferme et si sage le char de l'État parmi les périls incessants d'une mer orageuse ". Provenance Collection Georges Bourgarel. Exposition - DESSINS D'ECRIVAINS FRANÇAIS DU XIXe SIECLE ". Paris, Maison de Balzac, 25 novembre 1983-26 février 1984. N° 141 du catalogue, avec reproduction en noir. Bibliographie - FAUCHEREAU (Serge). Peintures et dessins d'écrivains. Paris, Éditions Belfond, 1991. Reproduction p. 59. - VANHEULE (Marie-Anne-. Henri Monnier : l'homme et l'œuvre. Bruxelles, Université libre, 1953-1954. N° 235