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Auktionsarchiv: Los-Nr. 57

Marcel DUCHAMP (Blainville, 1887- Neuilly-sur-Seine, 1968) L.t.s. à Pierre Belfond

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0 €
Zuschlagspreis:
n. a.
Auktionsarchiv: Los-Nr. 57

Marcel DUCHAMP (Blainville, 1887- Neuilly-sur-Seine, 1968) L.t.s. à Pierre Belfond

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Beschreibung:

Marcel DUCHAMP (Blainville, 1887- Neuilly-sur-Seine, 1968) L.t.s. à Pierre Belfond Certainement la dernière lettre de Marcel Duchamp 1 p. in-8, une page, datée du 29 septembre 1968, enveloppe conservée avec accusé de réception. Timbre du 1er octobre. Arrivée le 3 octobre. Avec l'axiome de Marcel Duchamp "C'est le regardeur qui fait le tableau" nous pouvons écrire que c'est le collectionneur, ici Pierre Belfond, qui fait l'œuvre. Une ultime lettre de Duchamp, à lui adressée, souligne que ce sera la dernière fois qu'il lui réclamera ce qui lui est dû. Duchamp l'homme est devant la mort, il veut cet argent, qui avait déjà été réglé, comme le reconnaîtra ultérieurement sa femme dans un courrier libérant totalement l'éditeur. Le cachet de la poste est du mardi 1er octobre 1968, la veille du décès de Marcel Duchamp Cette missive n'est pas révolutionnaire dans son contenu, mais par le jour de l'envoi, l'insistance sur le terme "dernière". Ce terme ne peut que donner à penser que le hasard, si important dans l'œuvre de Duchamp, opérait une dernière fois, comme un pied de nez au destin, à la mort même. Marcel Duchamp dans son œuvre posthume "Etant donnés, 1 la chute d'eau, 2 le gaz d'éclairage" maîtrise l'œuvre et sa création, tenant un cahier des charges rigoureux, précis. Réalisation qu'il ne peut qu'imaginer, conceptualiser mais qui n'existera que lui disparu, et qui ne sera rendue possible que par la vue des visiteurs. La lettre à Pierre Belfond sera, elle, en dehors du temps, hors de la volonté de son auteur. Lettre morte. Le mercredi 2 octobre est une fin de partie, fin de recevoir. Laissons Robert Lebel évoquer sa " dernière soirée avec Marcel Duchamp ", afin de mieux situer ce qui est certainement sa dernière lettre : " Le 1er octobre 1968, Teeny Duchamp nous ouvre la porte de l'atelier de Neuilly où nous sommes conviés à dîner. J'aperçois Marcel anormalement pâle sur son fauteuil et j'ai très fugacement la vision d'un de ces tableaux du XIXe siècle qui représentent les fins exemplaires des très grands sages ou des très grands artistes : Socrate, Caton ou Léonard de Vinci. Tout aussitôt cependant la vision se dissipe tant Marcel met d'entrain à nous accueillir et bien que j'aie intercepté une lueur d'inquiétude dans le regard de Teeny. […] Nous rejoignons Man Ray et Juliet, assis déjà près de Marcel, et nous échangeons les questions de rigueur sur nos santés respectives, Man Ray décrivant non sans humour l'état de la sienne et Teeny rappelant qu'à Cadaquès, cet été, Marcel a souffert d'un virus qu'il prononce "birous" à la catalane. Plus que jamais alerte à capter au vol le moindre appel de langage, il ne manque pas de faire observer que le mot prête à calembour. S'il se laisse malgré tout interroger, il se place mentalement à l'écart, dans ce temps intermédiaire où il est à la fois visible et hors d'atteinte. Contrairement à saint Sébastien, ce patron des artistes dont il a pris ironiquement la pose dans une photographie en 1942, il n'accepte pas d'être la cible douloureuse des flèches voluptueusement décochées par les "regardeurs" et ses réponses sont des traits renvoyés qui manquent délibérément le but. Je me heurte une fois de plus à ces problèmes affectifs que je soulève chacune de mes rencontres avec Marcel depuis un quart de siècle. De nouveau, je crois être parvenu à une conclusion que les évènements vont immanquablement démentir. Nous prenons congé mais, bien que minuit ait sonné déjà, Marcel tient à nous accompagner à l'ascenseur et il reste debout sur le palier, longuement, sans nous quitter du regard. Emu, je sens renaître mon incertitude, me serais-je mépris sur la volonté d'absence? Son rayonnement, qui est particulièrement intense ce soir, ne suffit-il pas à faire de lui l'homme le plus communicatif que je connaisse ? Au retour, Man Ray, qui marche avec difficulté, glisse et s'écroule au moment de monter en voiture. Nous courons le relever mais il est indemne et nous dit en s'esclaffant : "You thought I'd droppe

Auktionsarchiv: Los-Nr. 57
Auktion:
Datum:
26.03.2013
Auktionshaus:
Artcurial
7, rond-point des Champs-Élysées
75008 Paris
Frankreich
contact@artcurial.com
+33 (0)1 42992020
Beschreibung:

Marcel DUCHAMP (Blainville, 1887- Neuilly-sur-Seine, 1968) L.t.s. à Pierre Belfond Certainement la dernière lettre de Marcel Duchamp 1 p. in-8, une page, datée du 29 septembre 1968, enveloppe conservée avec accusé de réception. Timbre du 1er octobre. Arrivée le 3 octobre. Avec l'axiome de Marcel Duchamp "C'est le regardeur qui fait le tableau" nous pouvons écrire que c'est le collectionneur, ici Pierre Belfond, qui fait l'œuvre. Une ultime lettre de Duchamp, à lui adressée, souligne que ce sera la dernière fois qu'il lui réclamera ce qui lui est dû. Duchamp l'homme est devant la mort, il veut cet argent, qui avait déjà été réglé, comme le reconnaîtra ultérieurement sa femme dans un courrier libérant totalement l'éditeur. Le cachet de la poste est du mardi 1er octobre 1968, la veille du décès de Marcel Duchamp Cette missive n'est pas révolutionnaire dans son contenu, mais par le jour de l'envoi, l'insistance sur le terme "dernière". Ce terme ne peut que donner à penser que le hasard, si important dans l'œuvre de Duchamp, opérait une dernière fois, comme un pied de nez au destin, à la mort même. Marcel Duchamp dans son œuvre posthume "Etant donnés, 1 la chute d'eau, 2 le gaz d'éclairage" maîtrise l'œuvre et sa création, tenant un cahier des charges rigoureux, précis. Réalisation qu'il ne peut qu'imaginer, conceptualiser mais qui n'existera que lui disparu, et qui ne sera rendue possible que par la vue des visiteurs. La lettre à Pierre Belfond sera, elle, en dehors du temps, hors de la volonté de son auteur. Lettre morte. Le mercredi 2 octobre est une fin de partie, fin de recevoir. Laissons Robert Lebel évoquer sa " dernière soirée avec Marcel Duchamp ", afin de mieux situer ce qui est certainement sa dernière lettre : " Le 1er octobre 1968, Teeny Duchamp nous ouvre la porte de l'atelier de Neuilly où nous sommes conviés à dîner. J'aperçois Marcel anormalement pâle sur son fauteuil et j'ai très fugacement la vision d'un de ces tableaux du XIXe siècle qui représentent les fins exemplaires des très grands sages ou des très grands artistes : Socrate, Caton ou Léonard de Vinci. Tout aussitôt cependant la vision se dissipe tant Marcel met d'entrain à nous accueillir et bien que j'aie intercepté une lueur d'inquiétude dans le regard de Teeny. […] Nous rejoignons Man Ray et Juliet, assis déjà près de Marcel, et nous échangeons les questions de rigueur sur nos santés respectives, Man Ray décrivant non sans humour l'état de la sienne et Teeny rappelant qu'à Cadaquès, cet été, Marcel a souffert d'un virus qu'il prononce "birous" à la catalane. Plus que jamais alerte à capter au vol le moindre appel de langage, il ne manque pas de faire observer que le mot prête à calembour. S'il se laisse malgré tout interroger, il se place mentalement à l'écart, dans ce temps intermédiaire où il est à la fois visible et hors d'atteinte. Contrairement à saint Sébastien, ce patron des artistes dont il a pris ironiquement la pose dans une photographie en 1942, il n'accepte pas d'être la cible douloureuse des flèches voluptueusement décochées par les "regardeurs" et ses réponses sont des traits renvoyés qui manquent délibérément le but. Je me heurte une fois de plus à ces problèmes affectifs que je soulève chacune de mes rencontres avec Marcel depuis un quart de siècle. De nouveau, je crois être parvenu à une conclusion que les évènements vont immanquablement démentir. Nous prenons congé mais, bien que minuit ait sonné déjà, Marcel tient à nous accompagner à l'ascenseur et il reste debout sur le palier, longuement, sans nous quitter du regard. Emu, je sens renaître mon incertitude, me serais-je mépris sur la volonté d'absence? Son rayonnement, qui est particulièrement intense ce soir, ne suffit-il pas à faire de lui l'homme le plus communicatif que je connaisse ? Au retour, Man Ray, qui marche avec difficulté, glisse et s'écroule au moment de monter en voiture. Nous courons le relever mais il est indemne et nous dit en s'esclaffant : "You thought I'd droppe

Auktionsarchiv: Los-Nr. 57
Auktion:
Datum:
26.03.2013
Auktionshaus:
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75008 Paris
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