Beschreibung:

Manuscrit autographe intitulé « Nonoche ». 1 p. 1/2 in-folio à l'encre violette, nombreuses ratures et corrections. MANUSCRIT DE PREMIER JET, TRÈS TRAVAILLÉ. « NONOCHE AUX TROIS COULEURS », « LA CHATTE DE L'ENFANCE, CELLE QUI HANTE LE JARDIN DE SAINT-SAUVEUR » (La Maison de Claudine). Colette a écrit parmi les plus beaux textes de la littérature française sur les animaux, et en particulier sur les chats, qu'elle affectionnait tant. Elle a consacré plusieurs pages à la chatte Nonoche, qu'elle avait pu observer chez sa mère Sido durant son enfance à Saint-Sauveur-en- Puisaye. Cette chatte apparaît dans « Nonoche », publié en revues dans le Mercure de France en (1905) et dans Vers et prose (1908) puis intégré comme chapitre dans Les Vrilles de la vigne (1908) ; dans le chapitre « Nonoche » de La Paix chez les bêtes (1916) ou encore dans un passage de La Maison de Claudine (1922). « [Colette avait d'abord écrit : « Nonoche a fauté, l'évidence est là, sous la forme d'un petit ballon bien tendu », avant de le biffer pour le développer en :] NONOCHE A FAUTÉ. AVEC QUI ? ON NE SAIT PAS. ON A VU RÔDER AUTOUR DE LA MAISON LE BEAU MATOU NOIR DU VOISIN, DISTINGUÉ, SERPENTIN, L'OEIL FAUX ET LE FLANC PLAT. Mais on a trouvé aussi dans le cellier l'affreux chat dépenaillé, gigantesque, qui a une figure de chèvre et la queue coupée, alors... Nonoche a fauté, l'évidence est là. Elle est là, l'évidence, sous la forme d'un petit ballon bien tendu, qu'elle balance en marchant, avec une grâce d'ânesse chargée de paniers pleins. [Colette a biffé : « Elle porte son premier péché [« légèrement » biffé] d'une manière insouciante », puis a écrit et supprimé « Insouciante, »] Elle porte son premier péché sans ménagement, dans l'inconscience de ses douze mois turbulents, tout ensemble embarrassée et insouciante, comme une mineure engrossée. Elle a oublié [« l'orageuse nuit » biffé] la nuit pluvieuse et tiède, la nuit sans lune où son hurlement déchiré se perdit dans une rafale victorieuse de vent déjà printanier... À peine se souvient-elle d'une semaine étrange de fringales [« désordonnée » biffé] inapaisable, de sommeils profonds coupés de réveils nerveux... DEPUIS ELLE ÉTAIT REDEVENUE LA NONOCHE FOLLE, L'ACROBATE AUX JEUX PÉRILLEUX, LA BLANCHE CHASSERESSE DES HANNETONS ET DES SAUTERELLES... Le bull noir [Toby-chien], son compagnon d'enfance, retrouva sa rude et rusée partenaire, sa déloyale amie, tour à tour plus molle qu'une écharpe de soie, puis armée de mille griffes, crachant un souffle de feu, et disparaissant par magie, au plus fort de la lutte... Elle [« s'essoufl » biffé] se lassait un peu plus vite, pourtant, [« haletait » biffé] battait des narines, [« finissait plus » biffé] interrompait la partie sans motif pour s'étendre sur le flanc, l'oeil tout à coup lointain, indifférente aux aboiements, aux charges inoffensives du bull noir autour d'elle... Aujourd'hui Nonoche est singulière. SA FIGURE ENFANTINE ET BARIOLÉE DE CHATTE PORTUGAISE [Colette a biffé « d'enfant japonais »] - un rond noir sur l'oeil, deux taches orange au-dessus de la bouche - [elle a rayé « s'affine de plus en plus »] se tire, un souci constant oriente en tous sens ses oreilles, transparentes et roses comme deux coquillages sous son pelage ras et rare de chatte racée.