Manuscrit autographe de 5 chapitres du Roi du Sel. 30 pp. in-8, texte à l'encre noire et titres à l'encre rouge, quelques ratures, le tout dans une chemise de papier portant le titre manuscrit d'une autre main : « Cousin Zénon ». LE ROI DU SEL, UN RÉCIT DE L'ENFANCE AFFABULÉE. Paru de manière posthume en 1977, ce roman est la clef de voûte du cycle narratif que Joë Bousquet (1897-1950) consacra dans ses dernières années à ses souvenirs d'enfance : il y évoque le village maritime de La Palme dans l'Aude où il avait passé ses vacances chez ses grands-parents. ROMAN SURRÉALISTE CREVANT DE VISIONS ONIRIQUES LE VOILE DE LA RÉALITÉ, Le roi du sel procède d'une écriture alternant scènes réalistes et moments de pure poésie. LE « COUSIN ZÉNON ». Les présents chapitres, articulés autour des faits et propos du personnage de Zénon, cousin violent du narrateur, sont ceux qui portent les titres suivant : « Entrevue avec Zénon. Qu'est-ce qu'un cousin, qu'est-ce qu'un outil ? Des objets qui ne semblent toucher à rien, pas même à ce qu'ils sont » (p. 1). - « Le labyrinthe blanc et les trois laveuses. Confidences de Zénon, ou l'homme qui sait se rendre plus minuscule que le pou. L'homme crée en écoutant tout ce qui croît » (p. 9). - « Fête à Saint-Souris. Le théâtre Phâpecu. Le mal. Faire la nuit sur son âme pour élever un peu de jour jusqu'à ses yeux. Un danger menace le village » (p. 16). - « Effroi. Violences. Brebis blanche, brebis noire. Je suis approché de moi par ce que je vois sans l'entendre ; ne suis-je qu'éloignement ? » (p. 23). - « Le cheval qui ne venait de nulle part. Orage. L'assassinat à la chaufferette. Le midi noir nous a façonné des âmes qui font envie à l'enfer. » (p. 26). « ... (p. 10) Je revins à moi dans un flottant couloir de draps mis à sécher. Nous déambulions dans l'étendoir communal. Parfois, l'étoffe blanche soulevée par le vent, claquait tout près de mon visage. Dans une bouffée humide, une main m'effleurait invisiblement, tournant mon regard distrait vers une jeune fille en robe rouge qui disparaissait aussitôt, mais que la farandole des linceuls faisait reparaître en robe bleue dans un autre endroit de l'enclos. Des voix fraîches, jeunes, répondaient aux plaisanteries d'une vieille : "Je vous connais depuis longtemps, disait la vieille. Je vous prends l'une pour l'autre. Quand vous ne cacherez plus rien à vos amants, ils feront comme moi"... (p. 14) Le vent avait cessé quand nous sortîmes de l'enclos où le poids des cloisons blanches épaississait l'ombre. Derrière une femme aux cheveux morts qui gigotait sur une canne, une fillette tirait en s'éloignant un fil de chanvre qu'un coup de ciseaux trancha derrière elle. Aussitôt surgit de l'étendoir une leste enfant coiffée d'une câline qui ne laissait apercevoir que le feu de ses yeux. En me dépassant, elle examinait Zénon, mettant ses pas dans les miens comme si je n'avais pas existé. Il ne voyait pas les lavandières, il parlait : "... ÉCOUTE GROSSIR LES EAUX, ÉCOUTE LE FEU PRENDRE ET GRONDER, ET, SI TU PEUX, ÉCOUTE L'HERBE QUI CROÎT NUIT ET JOUR. IL Y A DES MOTS À DÉMÊLER DANS CE QUE LA TERRE MÛRIT". - "Et vous, les entendez-vous ?" - "IL FAUT UN PEU DORMIR POUR LES ENTENDRE. N'ATTENDS PAS QU'ILS T'ÉVEILLENT. ILS APPORTENT UNE RÉPONSE À L'ÂME QUI S'INTERROGE... » JOË BOUSQUET (1897-1950), blessé de guerre en 1918, passa toute sa vie d'écrivain grabataire : il vit dans cette blessure une introduction à un univers spirituel longtemps désiré, et reconquit la maîtrise de sa vie par l'acte poétique. Il laissa une oeuvre considérable - poèmes, romans, contes, essais, journaux intimes - en perpétuelle évolution, hantée par la quête obsessionnelle de soi, et d'une conception poétique nettement marquée par le surréalisme. Joë Bousquet fut l'ami d'Éluard, Estève, Alquié ou Paulhan, et attira également les visites de Gide ou Valéry.
Manuscrit autographe de 5 chapitres du Roi du Sel. 30 pp. in-8, texte à l'encre noire et titres à l'encre rouge, quelques ratures, le tout dans une chemise de papier portant le titre manuscrit d'une autre main : « Cousin Zénon ». LE ROI DU SEL, UN RÉCIT DE L'ENFANCE AFFABULÉE. Paru de manière posthume en 1977, ce roman est la clef de voûte du cycle narratif que Joë Bousquet (1897-1950) consacra dans ses dernières années à ses souvenirs d'enfance : il y évoque le village maritime de La Palme dans l'Aude où il avait passé ses vacances chez ses grands-parents. ROMAN SURRÉALISTE CREVANT DE VISIONS ONIRIQUES LE VOILE DE LA RÉALITÉ, Le roi du sel procède d'une écriture alternant scènes réalistes et moments de pure poésie. LE « COUSIN ZÉNON ». Les présents chapitres, articulés autour des faits et propos du personnage de Zénon, cousin violent du narrateur, sont ceux qui portent les titres suivant : « Entrevue avec Zénon. Qu'est-ce qu'un cousin, qu'est-ce qu'un outil ? Des objets qui ne semblent toucher à rien, pas même à ce qu'ils sont » (p. 1). - « Le labyrinthe blanc et les trois laveuses. Confidences de Zénon, ou l'homme qui sait se rendre plus minuscule que le pou. L'homme crée en écoutant tout ce qui croît » (p. 9). - « Fête à Saint-Souris. Le théâtre Phâpecu. Le mal. Faire la nuit sur son âme pour élever un peu de jour jusqu'à ses yeux. Un danger menace le village » (p. 16). - « Effroi. Violences. Brebis blanche, brebis noire. Je suis approché de moi par ce que je vois sans l'entendre ; ne suis-je qu'éloignement ? » (p. 23). - « Le cheval qui ne venait de nulle part. Orage. L'assassinat à la chaufferette. Le midi noir nous a façonné des âmes qui font envie à l'enfer. » (p. 26). « ... (p. 10) Je revins à moi dans un flottant couloir de draps mis à sécher. Nous déambulions dans l'étendoir communal. Parfois, l'étoffe blanche soulevée par le vent, claquait tout près de mon visage. Dans une bouffée humide, une main m'effleurait invisiblement, tournant mon regard distrait vers une jeune fille en robe rouge qui disparaissait aussitôt, mais que la farandole des linceuls faisait reparaître en robe bleue dans un autre endroit de l'enclos. Des voix fraîches, jeunes, répondaient aux plaisanteries d'une vieille : "Je vous connais depuis longtemps, disait la vieille. Je vous prends l'une pour l'autre. Quand vous ne cacherez plus rien à vos amants, ils feront comme moi"... (p. 14) Le vent avait cessé quand nous sortîmes de l'enclos où le poids des cloisons blanches épaississait l'ombre. Derrière une femme aux cheveux morts qui gigotait sur une canne, une fillette tirait en s'éloignant un fil de chanvre qu'un coup de ciseaux trancha derrière elle. Aussitôt surgit de l'étendoir une leste enfant coiffée d'une câline qui ne laissait apercevoir que le feu de ses yeux. En me dépassant, elle examinait Zénon, mettant ses pas dans les miens comme si je n'avais pas existé. Il ne voyait pas les lavandières, il parlait : "... ÉCOUTE GROSSIR LES EAUX, ÉCOUTE LE FEU PRENDRE ET GRONDER, ET, SI TU PEUX, ÉCOUTE L'HERBE QUI CROÎT NUIT ET JOUR. IL Y A DES MOTS À DÉMÊLER DANS CE QUE LA TERRE MÛRIT". - "Et vous, les entendez-vous ?" - "IL FAUT UN PEU DORMIR POUR LES ENTENDRE. N'ATTENDS PAS QU'ILS T'ÉVEILLENT. ILS APPORTENT UNE RÉPONSE À L'ÂME QUI S'INTERROGE... » JOË BOUSQUET (1897-1950), blessé de guerre en 1918, passa toute sa vie d'écrivain grabataire : il vit dans cette blessure une introduction à un univers spirituel longtemps désiré, et reconquit la maîtrise de sa vie par l'acte poétique. Il laissa une oeuvre considérable - poèmes, romans, contes, essais, journaux intimes - en perpétuelle évolution, hantée par la quête obsessionnelle de soi, et d'une conception poétique nettement marquée par le surréalisme. Joë Bousquet fut l'ami d'Éluard, Estève, Alquié ou Paulhan, et attira également les visites de Gide ou Valéry.
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