Beschreibung:

Proust, Marcel LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À MADAME ALPHONSE DAUDET. [JUIN 1898]. 4 p. in-8 (207 x 130 mm), à l’encre noire, signées "Marcel Proust". Proust la remercie pour l’envoi de son livre Journées de femme, Alinéas et la félicite pour son style. "Je l’ai lu avec enchantement et puis je l’ai lu et je m’arrête à chaque mot je voudrais savoir comment on fait pour trouver ces mots-là pour dire "des rues aboutissant aux vagues" au lieu de chemins donnant sur la mer […] et pour donner à tous ces portraits cette matière délicieuse qui a la fraicheur de votre voix et la clarté de votre regard […]. Ces pages-là que tous ceux qui aiment les lettres liront seront toujours inimitables. Ou plutôt si, j’espère que vous aurez un émule, votre exquis et génial Lucien à qui vous donnerez l’équivalence de vos secrets, la transposition de votre art. Et nous qui regardons voler l’hirondelle sans pouvoir nous élever au-dessus de terre, nous verrons la petite hirondelle, presque sans s’être essayée, suivre déjà sa mère". Il termine sa lettre en faisant allusion à la mort d’Alphonse Daudet survenue le 16 décembre 1897 : "Acceptez Madame mes respectueux hommages où se mêle la sympathie profonde pour le rayon de bonheur qui se lève sur votre peine". Proust fit la connaissance des Daudet à un dîner chez Mme Arthur Baignières en décembre 1894. Hahn l’introduira dans leur salon du faubourg Saint-Germain. Madame Alphonse Daudet, née Julia Allard, eut toujours beaucoup de sympathie pour Proust, "un garçon charmant d’une amabilité rare" confiera-t-elle à son fils Lucien. Avec celui-ci, toujours présent dans les lettres qu’il écrit à Mme Daudet, il partagera une amitié amoureuse entre 1895 et 1897, juste après celle qu’il vécut avec Reynaldo Hahn. Lucien sera, après Louis de Robert, le second à lire Swann avant sa publication. Le livre de Mme Daudet parut chez Fasquelle en 1898. Références : Kolb, Correspondance, II, n° 150.