Beschreibung:

Lettre autographe au baron de Gérando. S.l., 29 thermidor [an IX-17 août 1801]. 2 pp. in-12. Belle et longue lettre annonçant la parution de la seconde édition augmentée de son essai de la littérature (1801) et l'écriture de son roman Delphine. «je ne pouvois pas supporter... de ne pas vous retrouver à Paris cet hyver! Quand je veux reposer ma pensée sur cet avenir, j'ai besoin de me dire que votre amitié se joindra à celle de Matthieu [de Montmorency] pour tranquilliser mon imagination... Vous me dites que vous m'écrivez de longues lettres, et vous ne me mandez pas la millième partie des détails que je vous demanderois. C'est sur Mr de N[arbonne] surtout que je vous ferois des questions. comment est-il avec Tall[eyrand] [le général Louis de Narbonne-Lara, ancien amant de madame de Staël, et ami proche de Talleyrand]...? Que croyez-vous qu'il est pour moi, que vous a-t-il dit de mon ouvrage, &c.? mon coeur est toujours occupé de ses sentiments à mon égard. J'attends votre ouvrage; s'il n'est pas parti, attendez Eugène [homme de confiance de madame de Staël] qui retourne à Paris dans 8 jours avec Benj[amin Constant]; il me le fera parvenir tout de suite. quand au mien, J'en fait une 2de édition avec une préface et des nottes pour répondre aux faits allégués par Fontanes [Louis de Fontanes avait fait paraître deux sévères critiques dans le mercure de France sur De la Littérature], mais non à lui. Vous en serez content, à ce que je crois. Vous imaginez bien que je n'ai pas donné un instant d'attention aux pasquinades du Journal de Paris. Avez-vous lu les 4 nos de la Clef du cabinet sur mon ouvrage? Ils sont excellents. J'apprends l'Allemand, comme vous à Stutgard, et comme vous je fais un roman, mais d'imagination... pour Juger si un ouvrage fait du bruit, il faut être à Paris; mais pour savoir si sa réputation est fondée et sera durable, il faut regarder plus loin... La Suisse a eu un 18 brumaire avec les formes d'un 18 fructidor, mais si l'on nous donne un gouv. fédéral, le résultat sera très bon - j'ai lu votre lettre à mon père [le banquier et ancien ministre des Finances de Louis XVI Jacques Necker], et il vous en a aimé...» philosophe idéologue et tehnologue, Joseph-Marie de Gérando (1772-1842) participa à l'insurrection de Lyon contre la Convention Montagnarde, et dut s'exiler un temps, avant d'obtenir par Lucien Bonaparte une place au ministère de l'intérieur dont il fut six ans le secrétaire général. Il entra également au Conseil d'État, fut chargé de plusieurs missions administratives en Italie et en Espagne. Lié aux idéologues, et donc à madame de Staël, il s'intéressa de près aux questions linguistiques et ethnologiques, écrivit une synthèse de l'apport des Lumières sur le sujet (1800), une histoire comparée des systèmes de philosophie (1804), et consacra ses dernières années aux questions de bienfaisance et de philanthropie.