Beschreibung:

Keith TYSON (né en 1969) TABLETOP TALES, 2001 Technique mixte, table en bois, arbre en plastique, maquette, polystiréne encre et peinture Pièce unique de la série "Contes au dessus de la table" Un certificat de l'artiste sera remis à l'acquéreur Hauteur : 99 Largeur : 135 Profondeur : 60 cm Provenance : Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris Collection Michèle et Thierry Colin, Reims Commentaire : En 2002, les Tabletop Tales de Keith Tyson contribuent à la victoire de leur auteur au prestigieux Turner Prize de 2002. Cette série est emblématique de la démarche de l'artiste, qui voit dans l'oeuvre d'art le lieu d'une rencontre entre son esprit et la réalité extérieure. Fasciné par les marques et les égratignures causées par le passage du temps sur des surfaces abandonnées, Tyson se laisse envahir par leur potentiel narratif : « Je commençais par démembrer l'objet et accrocher le dessus-de-table au mur, comme s'il se fut agi d'un tableau. Puis, calmement assis dans mon atelier, je commençais à « lire » les marques de la table et attendais qu'une forme ou qu'une histoire m'apparaisse. Sans idée ni plan préconçus, je me contentais de prêter attention à ce qui pouvait advenir. Parfois, je restais longtemps sans que rien ne se passe. Puis, soudainement, ma vision s'élargissait. Je prenais conscience de l'incroyable intrication d'événements et de temporalités disparates qu'il avait fallu pour nous amener, cette table et moi, à nous rencontrer en ce moment particulier. Souvent, alors, s'ouvraient à moi les portes d'une riche mythologie inscrite à la surface de cette table. » L'objet trouvé apparaît comme un support de rêverie. En lui s'incarne le principe du « hasard objectif » cher aux surréalistes, qui consiste dans la rencontre de la « nécessité extérieure » et de « l'inconscient humain ». Méditant sur ces tables, Tyson voit dans chacun de leurs accrocs, dans chacune de leurs taches, l'occasion de cartographier ses processus mentaux. Ainsi, pour cette pièce de 2001, on devine qu'un éclat dans le bois, qui évoque la forme d'un navire, a inspiré le poème « A drifting ship » inscrit par l'artiste dans le coin droit de la table : « Mon esprit est vide, des pensées le traversent mais je ne leur prête que peu d'attention. Je commence à imaginer que ces pensées et ces souvenirs se mettent eux aussi à flotter sur l'océan... ». Propice à la dérive imaginaire, la table se fait surface de projection : elle fournit à l'artiste des amorces de narration qui dessinent les contours d'autant de mondes possibles. Ici, ces fragments de pensées maritimes ont donné lieu à la mise en espace d'un micro-environnement en forme de paysage de bord de mer – palmier en plastique et parasol miniature, ombres projetées, plongeoir-précipice vaguement inquiétant. Cet univers énigmatique, « mélange d'écriture, de sculpture, de coïncidences, de physique, de poésie et de magie » selon son auteur, s'inscrit dans une certaine culture de l'assemblage qui emprunte aussi bien à l'humour dadaïste qu'aux propositions lo-fi des artistes californiens des années 60. Il fonctionne comme un embrayeur de fiction offert au spectateur, qui est invité à peupler à son tour ce terrain de jeu de ses propres rêveries intermittentes.