Beschreibung:

Importante statue anthropomorphe Nkonde à clous – Peuple BAKONGO / YOMBE – RDC ex-Zaïre – Datation présumée: Fin des années'30 / Début des années'40 – Bois lourd à très belle patine lisse et miel d'usage, verre, agglomérats rituels (autour de la cavité ventrale), clous et métaux divers, noix (deux colliers avec ficelle d'attache) - Dimension: H. 67 cm Provenance: Collection personnelle d'un amateur belge – Consultant-Expert - Bruxelles / Kinshasa. Selon le père François Neyt, brillant ethnologue mais aussi philosophe, archéologue, commissaire de nombreuses expositions et historien de l’art, les statues Nkonde, connues depuis le XVIIIème siècle, ont pour fonction, principalement judiciaire, de protéger les villages et les clans des mauvais esprits de la sorcellerie et même de les agresser si nécessaire et c'est, dans un rituel prescrit, que la victime plante un clou dans la statue afin d'obtenir un dédommagement. Mais ces statues sont également utilisées pour découvrir l'auteur d'un larcin et mettre en œuvre les sanctions. La présente statue monoxyle, qui, vu sa patine, a sans doute relativement peu servie, montre un imposant personnage asexué, lequel, comme la statue Vili / Yombe de Jacques Kerchache , est dans une attitude de protection, se tenant debout, la tête et le torse penchés vers l'avant, bien campé de ses deux vastes pieds en larges raquettes, aux chevilles desquelles sont sculptés deux bracelets ronds les entourant , posés chacun, comme la statue rapportée par R. Visser , sur un important socle de bois. Les épaules, énergiquement taillées en aplats francs et arrondis, offrent une stylistique étonnante car, partant du creux du cou, elles semblent s'envoler creusant singulièrement les omoplates et jetant en avant la tête volumineuse, coiffée d'un important chapeau en cône. Des épaules, les deux bras tombent, nettement détachés du corps et pliés aux coudes, vers l'abdomen où les mains, curieusement et finement sculptées, montrant, de façon singulière, trois des doigts posés vers l'avant et les deux autres placés vers l'arrière, sont posées de part et d'autres de l'abdomen , entourant la cavité ventrale. Celle-ci est à présent vidée de ses charges magiques mais l'on peut encore voir les agglomérats de matières rituelles. Sur cette pièce, seul l'ensemble du ventre, autour de la zone ombilicale où la cavité rectangulaire contenait les charges magiques, est parsemé de clous et de morceaux de métal, autant d'interpellation d'un monde invisible. La face ovoïde nous offre une beauté étrange, avec la bouche, bien dessinée, aux lèvres réalistes, imposantes et ourlées, les dents qui se montrent, sciées et la langue qui sort légèrement de la bouche, réminiscence d'un rituel où le patient se devait de lécher le clou avant de l'enfoncer dans la chair du corps et de l'esprit de la sculpture. Les yeux taillés en amande, fortement enfoncés dans l'orbite de l’œil, sont recouverts de verre et entourés de matières. Sous le verre on distingue nettement la pupille de l’œil. Notez enfin que le fessier est taillé avec énergie aux creux des fesses ce qui confère un aspect extrêmement contemporain à l’œuvre pourtant très ancienne. Litt.: Fleuve Congo, François Neyt, Quai Branly - Fond Mercator 2010 - Figure 154 - Art Bakongo – Les centres de style – Raoul Lehuard / Second volume 1989 - Pages 502, 505 - Fétiches et Objets Ancestraux d'Afrique, François Neyt et Hugues Dubois, Edité sous la dir. de l'Expert Didier Claes, 5 Continents, Sept. 2013, pages 44 à 47.