Beschreibung:

Histoires extraordinaires, suivies de la genèse d'un poème. Édition décorée de 22 compositions de Bernard Naudin gravées par Aubert, Germain et Perrichon. Paris, Éditions d'art Édouard Pelletan, R. Helleu, 1916. 2 volumes in-8 [202 x 150] de (4) ff., 382 pp., (1) f. ; (4) ff., le premier blanc, 360 pp., (2) ff., le dernier blanc : demi-veau crème, bordures verticales et dos teintés en noir, veinés en bleu, gris et or avec lignes lamées d'argent et liserés lamés d'argent, auteurs et titre en capitales au stylet, repassés en gris sur le premier plat, dos lisse, quintuple filets dorés en encadrement à l'intérieur, gardes peintes, tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés, sous étui-boîte en demichagrin bleu moderne (L.-D. Germain). Édition tirée à 785 exemplaires numérotés sur papier vergé (n° 396). Bel exemplaire. Quelques frottements sur les plats, minimes craquelures aux charnières. Exposition : Paris, Bibliothèque de l'Arsenal, 2017, n° 43. Dix-sept reliures de Louise-Denise Germain Figure volontiers secrète de la reliure de création, Louise-Denise Germain (1870-1936) a été active sur plus de trois décennies, de sa première exposition au Salon d'automne en 1903 à sa mort. Artiste décoratrice spécialisée dans le domaine du cuir, elle ne fut pas une praticienne patentée de la reliure : elle confiait l'exécution du corps d'ouvrage à Chambolle fils, Stroobants, Mercier ou Canape, son intervention artistique portant sur la préparation et le décor de la peau de recouvrement. Chez elle, la maturité est concomitante aux renouvellements de l'Art déco dont les figures de proue sont incarnées par Pierre Legrain et Rose Adler. D'emblée, on observe qu'elle se tenait en retrait, fidèle au vocabulaire qui lui est propre, indifférente à la surenchère décorative. Face à la multiplicité des possibles, Louise-Denise Germain a bâti une oeuvre d'autant plus singulière que sa production s'affirme par son style réfractaire à toute mode. “La mode passe, le style reste” : la formule un rien provocante d'Yves Saint Laurent semble pertinente pour rendre compte de ses créations annonciatrices des reliures contemporaines. Obstination et fidélité à une esthétique immédiatement reconnaissable. Fidélité à des matériaux d'apparence modeste ; ni maroquin, ni galuchat, elle retenait de simples peaux en veau. Fidélité à une gamme chromatique sobre, sinon sévère : nuances de brun, d'ocres et de noirs, tons sourds. Fidélité à une décoration brute qui pouvait alors déconcerter les bibliophiles. La présence insistante de la matérialité de la peau est comme renforcée par des incrustations sous forme d'agrafes, de précieux fils métalliques ou des lamés or et argent - selon des compositions géométriques aux formes elliptiques. Ce minimalisme teinté Arte Povera sera sa signature. La Corrézienne d'origine “montée à Paris” fit preuve de rigueur et de force. Anticonformiste, elle aura su s'imposer par une oeuvre cohérente. Mais la sobriété du décor recèle toujours une surprise dès lors qu'on examine les papiers de gardes de son invention, peints et aquarellés. Sa fille Nadine ayant épousé Sima, dont on sait qu'il collabora à la création des gardes peintes et non signées, l'usage était de les lui attribuer. Grâce aux travaux de Fabienne Le Bars, on sait désormais qu'elles furent d'abord exécutées par “Mademoiselle Germain” elle-même ; le peintre d'origine tchèque n'interviendra qu'après 1922, date du mariage. Pour ce qui est d'une postérité renouvelée, Jean Toulet n'y aura pas peu contribué, de même que Jean de Gonet. Le premier s'était déjà manifesté, en 1979, lors de l'exposition Joseph Sima, à la Bibliothèque nationale. Au catalogue, son étude des reliures de Louise-Denis Germain marque une date. Quant à Jean de Gonet, pour avoir pressenti, dès 1977, que la survie de sa pratique supposait sans doute un effacement du décor tout en libérant la structure, il ne pouvait qu'être séduit par l'audace et la justesse de la pionnière. Fabienne Le Bars a récemment o