Beschreibung:

COMPOSITION, 1958 Huile sur papier et papier froissé Signé et daté en bas et à droite 59 x 71 cm - 231/4 x 28 in. L'authenticité de cette oeuvre nous a été aimablement confirmée par Madame Margit Rowell Provenance: - Galerie Paul Facchetti, Paris - Collection particulière, Paris GEORGES NOEL (1924-2010) Si Georges Noël avait été romantique, il aurait sans doute fait sienne cette exigence baudelairienne que chaque tableau soit, à l'image du monde, «une série de tableaux superposés», où toute nouvelle couche donne «au rêve plus de réalité» et le fait «monter d'un degré vers la perfection». Mais l'artiste, fidèle à ce principe en ce que ses oeuvres procèdent de superpositions, opère plutôt à rebours, creusant dans les croûtes durcies pour retrouver un chaos primitif. Déréaliser le rêve, donc, en fouillant, grattant, incisant dans son épaisseur, jusqu'à l'éfaufiler totalement: c'est le début des Palimpsestes, lesquels consistaient à retourner à la fibre du parchemin par destruction des couches superficielles. Entrelacs frénétiques, bourdonnements de tracés anarchiques, les premières oeuvres de Georges Noël sont comme une précipitation dans l'avant - avant l'espace, avant la durée, avant l'ordre et la lumière -, permise par une grande vitesse d'exécution. C'est alors que, presque chronologiquement, apparaît une possibilité d'ordonnancement. 1960 ouvre cette seconde période, au moment où l'artiste entre à la galerie Paul Facchetti (connu pour avoir introduit Pollock en France et exposé les hérauts de l'abstraction) et rejoint le mouvement informel, dont il vient d'organiser l'exposition à la Biennale de Paris. Dès sa deuxième exposition personnelle en 1961, il présente une série d'oeuvres à la physionomie toute nouvelle, dont le Palimpseste bleu égyptien (1961) est représentatif. Un espace s'y élabore et se structure, sans reposer pour autant sur aucune fondation. Tel le templum que l'augure trace dans le ciel, un cadre apparaît, plusieurs s'enchâssent parfois (Totem, 1962), posant une surface ouverte sur le vide, tandis que les entrelacs s'organisent, se fragmentent en signes et s'agencent en une partition secrète. Les titres sont éloquents: au Palimpseste tellurique, ou sismique, et au Magma originel, succèdent le Seuil de perception, la Porte magique ou, comme ici, les Zones de la mémoire. Après le chaos, des prémisses de civilisations immémoriales surgissent donc, comme l'apollinien suit le dionysiaque. L'harmonie et le rythme génèrent dès lors une forme d'écriture, aussi illisible que les traces en creux d'un texte effacé, mais témoignant d'une conscience qui se rationnalise peu à peu. Les oeuvres qui suivront (les Batailles navales, les Computers et les Pierres de Rosette) feront état de cette matrice naissante, ou oubliée, proches en cela de certaines toiles de Paul Klee La trame du monde restituée, et sa surface régénérée, il devenait alors possible pour Georges Noël de s'inscrire à nouveau dans la matière, c'est-à-dire de s'écrire dans le tableau. Si l'artiste a exploré aussi loin la génération du monde, il ne l'a en effet jamais envisagée indépendamment de celle de son propre espace mental. «Pour chercher notre identité, nous devons essayer de tout démonter pour tout reconstruire. C'est comme un puzzle.» Du palimpseste au puzzle, de l'entaille au collage, sa peinture n'a eu de cesse de faire naître la conscience à elle-même. Augustin Besnier