Beschreibung:

Autoportrait, circa Tirage albuminé d'époque 14,7 x 13,5 cm Gabriel LOPPÉ (1825-1913), «Peintre des neiges éternelles» «Nous sommes, devant ces tableaux, les témoins privilégiés d'une nature sereine aux délicates et merveilleuses couleurs, qui revêt des tons ombrés, des bleus profonds, des verts émeraude...». Clinton Dent, 1891. Fils d'un polytechnicien officier du Génie, Gabriel Loppé naît en 1825 à Montpellier. Après avoir accompagné ses parents au gré des mutations paternelles, il est envoyé en pension à Paris à l'âge de dix ans pour y poursuivre une scolarité stable au Lycée Henri IV. L'éloignement de sa famille lui est pénible et ses résultats scolaires ne sont pas satisfaisants. En 1842, gravement malade, il la rejoint à Embrun, dans les Hautes- Alpes, où son père exerce un commandement militaire. Au cours de ce voyage, il rencontre de jeunes artistes qui peignent dehors, sur le motif. Enthousiasmé, il prend alors la décision de devenir peintre de paysage. Les parents de Gabriel Loppé consentent en 1846 à inscrire leur fils à des cours de dessin à Genève. Il intègre ainsi l'atelier du célèbre François Diday fondateur de l'école suisse de paysage, au sein duquel il côtoie Alexandre Calame maître du paysage alpin. En 1851, il se marie à Annecy puis réside à Genève où il ouvre une galerie et commence à vivre de sa peinture. En 1849, il a découvert Chamonix et sa vallée. Fasciné par la beauté de la haute montagne, il s'y rend très souvent et y installe un atelier. La cité alpestre connaît à cette époque un essor considérable. Princes et bourgeois en quête d'aventure accourent de toute l'Europe pour partir à l'assaut des sommets. Les hôtels, souvent tenus par des guides comme l'hôtel Couttet, ne désemplissent pas. C'est l'âge d'or de l'alpinisme et la création des premiers clubs (Alpine Club de Londres, Club Alpin Français). Loppé se livre à ce sport avec passion. Il réalise une quarantaine d'ascensions du Mont Blanc et de nombreuses premières (Mont Mallet, Col des Hirondelles, etc.). Toutefois, il ne part jamais en montagne sans ses pinceaux. Au risque de contrarier ses compagnons de cordée, il s'arrête fréquemment et, assis dans la neige, dessine ou peint l'univers grandiose des roches et des glaces qui l'entoure. Ainsi, La cabane des Grands Mulets, le Glacier du géant, la Montagne de la Côte ou encore le Cervin, sont fixés sur toile ou carton. Il expose ses oeuvres à Londres, Paris, Genève et Zermatt où il ouvre une galerie. A l'inverse des maîtres Diday ou Calame, sa peinture n'est plus romantique mais réaliste et précise. Les frères Bisson le sollicitent pour «son oeil d'artiste» lorsqu'ils organisent la première expédition photographique au Mont Blanc en 1861. A la fin de sa vie, Loppé se prête lui aussi à l'expérience de la photographie. Il parvient à saisir, du balcon de son appartement du Trocadéro, un éclair foudroyant la Tour Eiffel, cliché aujourd'hui conservé au Musée d'Orsay. Il s'éteint en 1913 à Paris. Notre tableau est caractéristique de l'oeuvre de Loppé. L'artiste y représente des ascensionnistes sur le glacier (du Géant ou des Bossons ?). Cependant, le sujet principal n'est pas l'homme, qui est un prétexte, mais la nature pétrifiée. Loppé est résolument le peintre des séracs, des rimayes, des crevasses. Il est le peintre de la glace dont il traduit à merveille l'aspect translucide. La crevasse béante dont la profondeur est autant suggérée par l'alternance des tons que par la petite taille de la cordée, évoque le caractère grandiose, sublime, hostile et désertique des paysages de haute montagne, royaume de la solitude, des alpinistes, et de la poésie. A noter: Exposition Rétrospective: Gabriel Loppé artiste au sommet. Musée Alpin, Chamonix. Jusqu'au 17 mai 2014. Bibl.: M-N. BORGEAUD, Gabriel Loppé Peintre, Photographe et Alpiniste, Glénat-2002.