Premium-Seiten ohne Registrierung:

Auktionsarchiv: Los-Nr. 80

Denis DIDEROT (1713-1784)

Schätzpreis
10.000 € - 12.000 €
ca. 12.526 $ - 15.031 $
Zuschlagspreis:
40.000 €
ca. 50.105 $
Auktionsarchiv: Los-Nr. 80

Denis DIDEROT (1713-1784)

Schätzpreis
10.000 € - 12.000 €
ca. 12.526 $ - 15.031 $
Zuschlagspreis:
40.000 €
ca. 50.105 $
Beschreibung:

L.A., [après le 26 juillet 1760], à Saint-Lambert, chez M. le comte d'Houdetot; 3 pages in-8, adresse (manque un coin sans perte de texte). Importante lettre sur le drame, suscitée par L'Écossaise de Voltaire, dont la représentation au Théâtre-Français, le 26 juillet 1760, donna lieu à de vifs incidents. Il faudra qu'il emprunte à la Bibliothèque du Roi «l'ouvrage de Loix» que réclame Saint-Lambert, à qui il demande «ce qu'il a de prêt sur les lettres L et M». Il a vu L'Écossaise: «J'etois singulièrement interressé a son succès. Je disois si elle ne reussit pas, on en conclura tout contre le genre que j'ai preché, et contre les deux drames que j'ai ecrits dans ce genre, et je crois que je disois bien. Mais si j'avois quelque chose à perdre à la chute de cette piece, je n'avois rien à gagner à son succès. J'étois bien sur qu'on n'imagineroit pas que si L'Ecossaise a plu, Le Père de famille ou Le Fils naturel pouroit bien plaire. Au reste, je scais à present à quoi m'en tenir là dessus. On pretend ici que nos acteurs la jouent à ravir; il m'a semblé à moi que c'etoit un chant dont ils ne scavoient pas encore la premiere note. Je ne scaurois pas rendre combien j'ai été touché d'entendre aplaudir des pieds et des mains à tout ce qu'il y a d'honnete dans L'Ecossaise. Au milieu de ces aplaudissements, je demandai à Monsieur Grimm qui etoit à coté de moi, s'il pensoit que parmi tout ce monde il y eut un seul malhonnete homme? J'aurois beaucoup mieux aimé avoir fait cette question à Jean-Jacques Rousseau Quelle difference des larmes que l'orateur chretien arrache dans un temple des yeux de son auditeur; et de celles qu'on verse dans un parterre. Les premieres sont froides et tristes. L'ame est chagrine et serrée. On est mecontent de soi. Les secondes sont chaudes et douces. On est enlevé, transporté, jeu de l'amour du bien, et l'ame etendue par un sentiment delicieux, mêlé de plaisir et de peine n'est jamais ni plus grande ni plus belle ni plus heureuse. L'enthousiasme est tel que je ne doute point que s'il se trouve alors un homme qui osat dire un mot deshonette, il ne fut mis en piece. Les autres ne soufriroient pas une injure si cruelle faite à l'humanité; et la vertu ou l'honneur de l'espece seroit vangé sur le champ. Il est décidé pour moi qu'il faut renoncer tout à fait à ce genre ou en bannir toute plaisanterie qui n'ait pas un caractere pondérant et severe. J'ai vu les meilleurs endroits, et le denouement meme sur le point de manquer leur effet par un bon mot qui venoit couper subitement l'impression reçue, vous arreter, et repousser l'ame en sens contraire. L'on ne demandoit pas mieux que de suivre; le bon mot entendu, on ne scavoit plus que devenir. On etoit dérouté. On ne pouvoit plus ni pleurer ni rire [...] Le poete qui se proposera d'etre pathetique et plaisant à la fois, ressemblera à un auteur qui auroit composé Phèdre, Alzire ou Iphigenie et qui se feroit accompagner d'un bouffon qui tourneroit en ridicule toute la piece à mesure qu'il la liroit. Bientôt l'on prendroit le boufon en deplaisance, quelque sublime qu'il fut dans son genre, et on le prieroit civilement de sortir ou de se taire. Rien de beau qui ne soit un. N'introduisons point les satyres lascifs et libertins dans les grottes secrettes de Diane et de ses chastes nimphes, et ne les faisons point danser autour des autels de Vesta»

Auktionsarchiv: Los-Nr. 80
Auktion:
Datum:
14.06.2012
Auktionshaus:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
75002 Paris
Frankreich
contact@ader-paris.fr
+33 (0)1 53407710
+33 (0)1 53407720
Beschreibung:

L.A., [après le 26 juillet 1760], à Saint-Lambert, chez M. le comte d'Houdetot; 3 pages in-8, adresse (manque un coin sans perte de texte). Importante lettre sur le drame, suscitée par L'Écossaise de Voltaire, dont la représentation au Théâtre-Français, le 26 juillet 1760, donna lieu à de vifs incidents. Il faudra qu'il emprunte à la Bibliothèque du Roi «l'ouvrage de Loix» que réclame Saint-Lambert, à qui il demande «ce qu'il a de prêt sur les lettres L et M». Il a vu L'Écossaise: «J'etois singulièrement interressé a son succès. Je disois si elle ne reussit pas, on en conclura tout contre le genre que j'ai preché, et contre les deux drames que j'ai ecrits dans ce genre, et je crois que je disois bien. Mais si j'avois quelque chose à perdre à la chute de cette piece, je n'avois rien à gagner à son succès. J'étois bien sur qu'on n'imagineroit pas que si L'Ecossaise a plu, Le Père de famille ou Le Fils naturel pouroit bien plaire. Au reste, je scais à present à quoi m'en tenir là dessus. On pretend ici que nos acteurs la jouent à ravir; il m'a semblé à moi que c'etoit un chant dont ils ne scavoient pas encore la premiere note. Je ne scaurois pas rendre combien j'ai été touché d'entendre aplaudir des pieds et des mains à tout ce qu'il y a d'honnete dans L'Ecossaise. Au milieu de ces aplaudissements, je demandai à Monsieur Grimm qui etoit à coté de moi, s'il pensoit que parmi tout ce monde il y eut un seul malhonnete homme? J'aurois beaucoup mieux aimé avoir fait cette question à Jean-Jacques Rousseau Quelle difference des larmes que l'orateur chretien arrache dans un temple des yeux de son auditeur; et de celles qu'on verse dans un parterre. Les premieres sont froides et tristes. L'ame est chagrine et serrée. On est mecontent de soi. Les secondes sont chaudes et douces. On est enlevé, transporté, jeu de l'amour du bien, et l'ame etendue par un sentiment delicieux, mêlé de plaisir et de peine n'est jamais ni plus grande ni plus belle ni plus heureuse. L'enthousiasme est tel que je ne doute point que s'il se trouve alors un homme qui osat dire un mot deshonette, il ne fut mis en piece. Les autres ne soufriroient pas une injure si cruelle faite à l'humanité; et la vertu ou l'honneur de l'espece seroit vangé sur le champ. Il est décidé pour moi qu'il faut renoncer tout à fait à ce genre ou en bannir toute plaisanterie qui n'ait pas un caractere pondérant et severe. J'ai vu les meilleurs endroits, et le denouement meme sur le point de manquer leur effet par un bon mot qui venoit couper subitement l'impression reçue, vous arreter, et repousser l'ame en sens contraire. L'on ne demandoit pas mieux que de suivre; le bon mot entendu, on ne scavoit plus que devenir. On etoit dérouté. On ne pouvoit plus ni pleurer ni rire [...] Le poete qui se proposera d'etre pathetique et plaisant à la fois, ressemblera à un auteur qui auroit composé Phèdre, Alzire ou Iphigenie et qui se feroit accompagner d'un bouffon qui tourneroit en ridicule toute la piece à mesure qu'il la liroit. Bientôt l'on prendroit le boufon en deplaisance, quelque sublime qu'il fut dans son genre, et on le prieroit civilement de sortir ou de se taire. Rien de beau qui ne soit un. N'introduisons point les satyres lascifs et libertins dans les grottes secrettes de Diane et de ses chastes nimphes, et ne les faisons point danser autour des autels de Vesta»

Auktionsarchiv: Los-Nr. 80
Auktion:
Datum:
14.06.2012
Auktionshaus:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
75002 Paris
Frankreich
contact@ader-paris.fr
+33 (0)1 53407710
+33 (0)1 53407720
LotSearch ausprobieren

Testen Sie LotSearch und seine Premium-Features 7 Tage - ohne Kosten!

  • Auktionssuche und Bieten
  • Preisdatenbank und Analysen
  • Individuelle automatische Suchaufträge
Jetzt einen Suchauftrag anlegen!

Lassen Sie sich automatisch über neue Objekte in kommenden Auktionen benachrichtigen.

Suchauftrag anlegen