Beschreibung:

Les nymphéas (fragment) Huile sur toile 20,5 x 8 cm Provenance : Atelier de Claude Monet Michel et Blanche Hoschedé-Monet Monsieur et Madame Blin, jardiniers à Giverny et resté dans leur famille. « Ceux qui dissertent sur ma peinture concluent je suis arrivé au dernier degré d'abstraction .... » Comme il a souvent été mentionné, Monet lacéra un nombre important de toiles, Durand Ruel, ne pouvant maîtriser les mouvements d'humeur de l'artiste, suivi d'assez près la campagne de presse qui se déroula tant en Angleterre que aux Etats unis, où l'on disait que Monet avait détruit un important lot de toiles pour une valeur de 100 000 $ ou de 20 000 £. Ce fut une manière indirecte de faire comprendre aux amateurs que les tableaux d'un artiste aussi sévère envers lui-même sont tous de premier choix, et qu'ils ont intérêt à se hâter avant qu'il n'en reste plus ! Les visiteurs qui avaient eu la chance en mai et juin 1909 de voir à la Galerie Durand-Ruel les « quatre douzaines » de Paysages d'eau ne cessaient d'en parler, relayés en cela par la critique qui se lançait volontiers dans de magistrales explications de leurs ressentis. Partant des deux éléments constitutifs des nymphéas, l'eau et le ciel, le romancier Pierre Mille souligne l'importance des reflets du second dans la première, que d'autres ont également notée, mais qu'il interprète dans le sens de la troisième dimension - « cette vie multiple des reflets est dans la profondeur ...à ne voir que cette eau on en vient à croire que cette eau est ciel, et ces blancs de nymphéas des troupes de nuées planant dans l'air impondérable. Pour saisir ces portraits de l'eau solitaire et proprement illimitée et appréhender le microcosme de la nature il est indispensable de posséder, comme à l'époque ingénue de l'enfance un mode spécial de vision à la fois immense dans ses détails et restreint dans son cadre .... ». Les analogies avec la poésie et la musique de l'époque jaillissent de toutes part, mais ce sera Roger Marx, qui, en inversant le sens de la chronologie proposée dans le catalogue de l'exposition, afin de regarder les oeuvres en fonction de l'importance décroissante du décor terrestre pour arriver à sa complète disparition et à son remplacement total par la magie évocatrice du reflet, aborda le rapport de Monet avec l'art abstrait. Les sept fragments que nous présentons sont issus de ces destructions motivées par la fatigue des fins de journées ou par l'insatisfaction. Récupérées par sa belle fille ou par le jardinier qui ne les brula jamais contrairement à ce qu'il lui avait demandé, sont par leur cadrage et leurs formats l'illustration la plus frappante de la vision de la critique du début du siècle: Nous ne voyons pas le monde réel mais nous n'en saisissons que les apparences... CR