Beschreibung:

CHRIST DU JUGEMENT DERNIER Bois de chêne, restes de polychromie H.: 51 cm Flandre- XVème siècle Manquent les deux mains et accidents à l'extrémité du nez La représentation pourrait être la lointaine héritière de l'art impérial romain: le Christ est représenté assis sur un trône, en position frontale, les pieds sur un socle qui peut figurer la terre. Les gestes sont probables malgré l'absence des mains: la droite bénissait, la gauche portait le globe symbole de la puissance divine. La majesté grave de cette figure est transposée au XVème siècle: le trône se mue en cathèdre, siège hiérarchique à haut dossier couronné d'une frise à fleurons. Jésus n'est pas roi, le manteau qui le vêt laisse apparaître le traitement réaliste d'un torse nu, maigre, portant le stigmate de la lance, dans la lignée des christs souffrants de la fin du Moyen âge. L'originalité de cette image est donc de croiser deux inspirations: celle, ancienne, du Christ byzantin héritier des ors impériaux, et celle du Christ fait Homme, qui rachète l'Humanité par son martyre, en prise avec les malheurs du temps. Le Christ de Pitié attendant son supplice est une création du XVème siècle: assis, dépouillé de ses vêtements, poignets et chevilles liés, Il médite, marqué par la souffrance. Le modèle iconographique, fixé dans la partie méridionale des Pays - Bas, se diffuse en Bourgogne et en Champagne, magistralement représenté par la statue en bois de chêne peint de l'Hôtel Dieu de Beaune, datant de 1470. Les oeuvres en bois sont rares: presque toutes appartiennent "aux domaines bourguignons". Le Christ est assis sur un rocher du Golgotha, "lieu du crâne", identifié avec la tombe d'Adam dont le sacrifice de Jésus rachète la faute. Il ne porte plus autour de la taille que le perizonium, son manteau d'infamie jeté sur le tertre qu'il entoure de ses plis. Sa tête est ceinte d'une énorme couronne d'épines (dont la taille diminue dans les représentations postérieures), une corde de chanvre, plusieurs fois enroulée et fixée par un gros noeud, relie poignets et chevilles et les entrave. Le visage allongé et émacié, nez droit, bouche entrouverte et barbe soignée, caractérise le modèle brabançon. Mais des singularités se dégagent. La forte ossature du buste aux muscles apparents et son léger mouvement de torsion par rapport à la position rectiligne des jambes maigres rappellent le Christ beaunois. Il est cependant plus proche du Christ de Varzy: inclinaison du visage, yeux baissés vers le crâne posé à ses pieds, et position des mains. La même expression distante, dans l'attitude et le regard, l'éloigne des Christs souffrants, Christ de méditation plus que Christ de douleur. Bourguignon, ce Christ de Pitié remarquable est proche à la fois de l'exceptionnel Christ de Beaune, et de celui de Varzy, raffiné et apparenté à l'art champenois. Ce qui place sa création entre 1470 et le début du XVIème siècle. Références: J.Boccador "Statuaire médiévale en France de 1400 à 1530"-Ed. Les clés du temps-1974-p.218 J. Baudouin "La sculpture flamboyante en Bourgogne et Franche Comté"-Ed. Créer-1993-p.63-64 Bibliographie: P. Quarré "Le Christ de pitié, Brabant- Bourgogne: autour de 1500", catalogue de l'exposition- Dijon- Musée des Beaux - Arts-1971 Catalogue exposition "France: 1500"- Paris Grand Palais-RMN- 2010