Beschreibung:

Char, René -- Louis Aragon et Elsa Triolet "L'AFFAIRE ELSA". 8 AOÛT 1946-11 AOÛT 1946. Echange de lettres entre René Char, Elsa Triolet et Louis Aragon. Le ton monte au fil des lettres : 1. Aragon, Louis. Télégramme à René Char. [1946 ?, à l'adresse de la rue Victorien Sardou]. "Merci Livres reçus ce matin. Comptons sur ta présence congrès écrivains salle Pleyel demain matin samedi 10h et 15h Amicalement. Aragon". 2. Triolet, Elsa. Lettre autographe signée à René Char, Jeudi, 8 août [1946], 3 p. sur 2 feuillets in-4 avec enveloppe. Furieuse de ne pas avoir été prévenue de l'absence de Char alors qu'il devait lui montrer et lui raconter certaines choses de sa région pouvant servir au futur roman d'Elsa sur la résistance (peut-être Les Fantômes armés en 1947 ou L'Inspecteur des ruines en 1948). Char lui avait dédié Persécuteur persécuté en 1931 (voir lot 131). 3. Char, René. Double d'une lettre à Louis Aragon, recopiée par sa femme Georgette, datée Fontainebleau, vendredi matin, 9 août 1946, 3 p. sur 1 double feuillet in-4. Char explique les causes de son départ précipité de L'Isle sur Sorgue : "j'ai été sollicité pour réaliser dans des délais très limités un scénario de film, ce que j'ai accepté de faire, ce film devant avoir une assez efficace portée révolutionnaire". Au lendemain de la guerre, Char avait en effet esquissé les premières scènes d’un film sur l’occupation dont le contenu révèle tout de la France : les résistants et les collabos, les loyaux et les traitres... A la demande de la Société Ciné-reportages, il rédigea un argument d’une dizaine de feuillets intitulé "Cancer au pays natal" ; ce film ne verra jamais le jour. "A ce moment je t'ai écrit et fait déposer une lettre à votre domicile [...] je vais donc te répéter et transcrire les adresses de camarades qualifiés dans le Vaucluse pour fournir à Elsa des faits de Résistance dignes de son livre en préparation". Il lui donne alors des noms de personnes à rencontrer avec leurs adresses : Etienne Charpier, son fils Jacques, Bruno Charmasson, Marceau Saignon et Jules Ten... 4. Char, René. Billet qu'Elsa ne semble avoir jamais reçu, froissé. "Je recommande à notre amitié mes amis Elsa Triolet et Louis Aragon. Merci René Char, Alexandre" et la liste des quatre mêmes personnes. 5. Triolet, Elsa. Lettre à René Char, datée le vendredi [9 août 1946], 4 p. sur 2 feuillets in-4 avec enveloppe. Elle essaye de justifier son irritation et continue dans son énervement : "Je me demande ce que nous avons fait, Louis et moi, pour mériter un pareil manque d'égards". 6. Aragon, Louis. Réponse à René Char, une p. in-4 recto-verso avec enveloppe datée 10 VIII 46. Rédigée sous la forme de six points différents. Dans le point 3, Aragon évoque le Parti et un service que Char lui avait demandé un an plus tôt... et conclut dans le point 6 : "Je n'admets pas qu'on me fasse la leçon, j'admets encore moins qu'on prétende la faire à Elsa. Et le ton de ta lettre me prouve que s'il en est qui se perdent, ce n'est qu'à l'image des coups de pied au cul. Aragon". 7. Char, René. Réponse à Louis Aragon, Paris 11 août 1946 : "Mon cher offensé, je t'accuse réception de ta petite crise. Quant au coup de clairon final tu me permettras simplement de trouver déplacé et obscène le rapprochement fanfaron de mon cul et de ton pied [...]. Je te juge bêtement dangereux parce que pas encore adulte mais follement persécuté".