Beschreibung:

Livres et Manuscrits des XIX & XXe siècles (lot 99 à 171) CÉLINE, LOUIS-FERDINAND Lettre autographe à [Robert Le Vigan].[Klarskovgaard], 1 [octobre 1950]. LETTRE D’EXIL À L’ACTEUR LE VIGAN QUI, LIBÉRÉ SOUS CONDITION, S’EST RÉFUGIÉ EN ARGENTINE. 2 pages petit in-folio (340 x 210 mm). Signée "LF". "C’est autant de fers à Moscou qu’à Washington qu’à la Pampa." Il ne va pas se donner la peine de réfuter ce qu’a pu dire "cette crapulerie Rémi !" [l’acteur Maurice Rémy, lui aussi installé en Argentine] : "c’est trop con ! J’ai l’habitude – on me cite fort en avant caution de n’importe quelle saloperie diffamatoire ! Ça fait sonore ! Chierie tout ça !".Il se plaint de la "solitude glaciale absolue" qu’il doit supporter, alors que Le Vigan crève de chaud, et lui conseille de revenir en Espagne plutôt que de rester en Amérique latine : "Bien sûr c’est impossible là-bas ─ c’était couru d’avance pauvre nave. Et la Pampa sera pire. Pas schmouts agricoles ? Tu rêves ! Ils sont plus agricoles que des aryens à présent ! Tu en trouveras aux leviers des Trusts et tu seras vite repéré et scié. Le mieux c’est le retour en Espagne ─ à n’importe quel prix ─ t’es pas exportable ─ hors d’Europe ─ à Madrid ─ Tapiner l’Ambassade de France. […] Quelle politique ! là-bas où tu es c’est véritablement la lie extrême de sous-fumier d’émigration ! des véritables fous du mensonge ! des hyper-Sigmaringen ! avec la distance, tu penses ! ces délires ! Si tu retournes en Espagne, on resonnera des cloches sûres - Poulicani [André Pulicani] ─ Marteau ─ et le Zoulou chiott ! [leurs amis André Pulicani, Paul Marteau et Antonui Zulugoa […]". Il ajoute en post-scriptum : "Il est constant qu’après leur crime les assassins s’entr’assassinent, moi j’attends… quinquagénaire disert, ce dessert ! Toute l’émigration est composée de bourriques et de provocateurs – loi presque absolue". Après la fuite à Sigmarigen en compagnie de Céline, Robert Le Vigan fut condamné en 1946 à la dégradation nationale et à dix ans de travaux forcés pour faits de collaboration. Il profita de sa libération sous condition deux ans plus tard pour se réfugier d'abord en Espagne avant de gagner l'Amérique du Sud. Il ne devait jamais rentrer en France, craignant non seulement des représailles mais aussi une absence de rôles importants. Après avoir tourné quelques films en Argentine, il mourut dans la misère le 12 octobre 1972. LITERATURE:Lettres, Pléiade, p. 1353.