Beschreibung:

BOUCHARDON (E.). Études prises dans le bas peuple, ou Les Cris de Paris… À Paris, Chez Fessard – Chés Joullain, 1737-1746, 5 parties en un vol. in-4°, veau moucheté, dos à nerfs orné, tranches marbrées (reliure de l’époque). PREMIER TIRAGE de la plus célèbre série des Cris de Paris. Depuis le XIVe siècle, les manifestations bruyantes des commerçants ambulants ont inspiré peintres, écrivains et musiciens, constituant ainsi un précieux témoignage de la vie populaire parisienne de l’époque. Au fil des siècles, la production iconographique devint de plus en plus importante et diversifiée, tant par les techniques de reproduction employées, que par les éditeurs, les artistes et les graveurs concernés. Parmi eux, outre nombre d’anonymes, on retrouve des artistes renommés, tels Edme Bouchardon (1698-1762), François Boucher (1703-1770) ou Antoine Watteau (1684-1721), et des grands noms de la gravure comme Abraham Bosse (1604-1676), les Cochin, ou Augustin et Gabriel de Saint-Aubin L’édition des Cris de Paris atteignit son apogée dans la première moitié du XVIIIe siècle, ainsi qu’en témoigne la fréquente présence de ces « crieurs » dans les cabinets de collectionneurs et leur utilisation dans le décor des porcelaines et comme sujet de la petite statuaire. Cinq suites comportant chacune 12 planches dessinées par Bouchardon et gravées à l’eau-forte par le comte de Caylus Retouché par Fessard, cet ensemble iconographique s’adresse à un public lettré, les deux artistes ayant adapté les images du peuple aux exigences esthétiques et intellectuelles des élites. Chaque gravure met ici en scène un crieur isolé, accompagné des instruments qui désignent son corps de métier. Il se détache sur une « toile de fond » extrêmement dépouillée, constituée le plus souvent d’un paysage urbain réduit à quelques mètres d’un sol pavé ou de terre battue vite arrêté par un mur, sans jamais la moindre échappée perspective. Bouchardon, qui fut avant tout sculpteur, traite ses personnages en volume. Adoptant un style réaliste et naturaliste, il est celui qui a le mieux restitué la précarité de l’existence de ces commerçants et artisans en rendant sensible la dure réalité physique de chaque activité. En 1768, une nouvelle édition vit le jour chez Crepy, mais cette fois interprétée par le graveur J. Juillet. Superbe exemplaire d’un très beau tirage, en reliure de l’époque. Il présente la particularité que toutes ses planches sont signées à la pointe sèche par le comte de Caylus [C* S* ou C* Sculp]. Cette marque fut ensuite effacée lors des reprises au burin par Fessard. Cohen n’en cite aucun dans cette condition. Chaque planche du recueil porte au verso le timbre humide [ЭРМ 1928]. Cette marque fut apposée, entre 1928 et 1933, à l’occasion de la vente de nombreuses œuvres issues des collections des musées d’État russes – dont celui de l’Hermitage –, afin de financer, par l’entrée de devises étrangères, les travaux d’industrialisation du premier plan quinquennal soviétique. Dimensions : 325 x 243 mm. Provenance : cote de rangement ancienne, illisible, au verso du feuillet de garde ; timbre humide [ЭРМ 1928] du musée de l’Hermitage. Cohen, I, col. 179-180 ; Colas, I, n° 401 ; Vinet, n° 2235 (« Types curieux rendus avec bonheur ») ; Cicognara, I, n° 1601 ; Lipperheide, I, n° 1180 (édition Crepy de 1768) ; Mayor (A. H.), Prints and People : A Social History of Printed Pictures, Princeton U. P., 1981, n° 203 (« The lives set of cries of the 1700s ») ; Beall (K. F.), Cries and Itinerant Travels, Hambourg, Hauswedell, 1975, pp. 230-232 ; Milliot (V.), Les Cris de Paris, ou Le Peuple travesti, Sorbonne, 1995, passim ; Miroliubova (G.), « On the History of the 1928 Stamping of the Hermitage Collection of Prints », in Reports of the State Hermitage Museum, LXIX, Saint Petersburg, 2011, pp. 168-174.