Beschreibung:

12 L.A.S. à Raymond Queneau. 3 septembre 1941-1971. 14 p. in-16 ou in-8 d'une minuscule écriture, la plupart de Paris + 3 lettres signées (4 p. in-4), 18 août - 29 octobre 1941. Belle correspondance amicale et littéraire. Les premières lettres concernent l'association « Jeune France », dont Blanchot est alors directeur de l'édition littéraire dont il donne sa démission fin octobre 1941 après avoir reconnu que J.F. association artistique et littéraire n'était aucunement indépendante des pouvoirs politiques en place. Comme je vous avais demandé de collaborer aux cahiers et aux collections, voyant dans ces publications un intérêt que je croyais valable, je me sens tenu à vous dire pourquoi j'ai dû changer de sentiments. Si vous voulez parcourir les quelques lignes ci-jointes, vous discernerez les raisons qui m'ont fait un devoir de partir et la gravité avec laquelle elles se sont imposées à moi ! [Voir L.S. du 29 octobre 1941]. Je suis très ému par l'erreur que vous m'avez épargnée. Aminabad et Aminadab. Le texte de St Jean de la Croix dit exactement : « nul n'en était témoin, Aminadab n'en montrait pas davantage », et St Jean de la Croix ajoute dans son commentaire que dans l'Écriture Aminadab symbolise le démon ; mais je me souviens qu'un commentateur de St Jean de la Croix remarquait qu'Aminadab, c'est celui qui ne peut pas apparaître, le prince du noir (...) (Vézelay, 26 juin 1943). BATAILLE fait la cour aux fermières et semble s'en tirer brillamment. Il n'a peut-être pas une excellente apparence, mais enfin il dit qu'il va bien. Il travaille aussi beaucoup - j'imagine qu'il aura bientôt terminé un nouveau livre. Et quel calme dans ce pays mort ! Romain Rolland lui-même l'a quitté. Si cela ne vous ennuie pas, voudriez-vous me donner des nouvelles de vous et de la maison ? A quand votre baptême au départ ? Parle- t-on toujours du centenaire de Nietzsche ? Au sujet de droits d'auteur pour Faux Pas : Je vais vous ennuyer avec une histoire, manifestement tout à fait étrangères à vos fonctions mais comme, dans la maison aminadabienne de la rue Seb. B., j'ignore quelle personne elle intéresse, je m'adresse à vous qu'elle ne concerne certainement pas... Merci d'avoir pensé à moi, mais je crois que je ne désire pas parler à nouveau de ces écrivains, du moins en ce moment (...) Je réponds très en retard, mais j'étais obscur. Je pense, comme à un projet dont je voudrais me libérer, à un livre sur la littérature - qui pourrait s'intituler l'Espace littéraire. Reste toujours le texte que je vous avais remis, il y a déjà quelques années, pour « Histoire des Littératures » : est-ce que je peux en disposer finalement ? Je n'ai pas voulu vous dire, trop directement, tout à l'heure combien je me sentais en amitié avec vos livres (n'oubliant pas certes les « Sonnets »), et heureux aussi de les savoir aimés par beaucoup d'autres... André Neher a envoyé à Blanchot un manuscrit pensant qu'il exerce quelques fonctions aux éditions Gallimard. Je lui ai écrit pour le détromper sur mon rôle, mais pour lui dire que je ne manquerais pas de remettre son manuscrit au comité de lecture qui me semblerait le plus propre à en reconnaitre les mérites (...) II l'a donc adressé à Queneau, en se demandant dans quelle collection pourrait prendre place un livre consacré à la philosophie du Mahorel de Prague (...) Y réfléchissant, je me formulais ce souhait (tout désintéressé) : pourquoi les éditions Gallimard ne profiteraient-elles pas de cette occasion pour ouvrir une collection réservée à la pensée et à la littérature judaïque, l'une et l'autre en grande partie encore inconnues et comme par destination enfouies ? Le succès de la collection d'Albin Michel (malgré ses timidités et ses limites) montre que ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée, même du point de vue éditorial. Est que je puis vous dire que je pense beaucoup à vous ? Je sais par Louis-René DES FORÊTS et par Robert ANTELME combien les choses sont en ce moment difficiles pour vous. Le fait que j'